SHAW, EMILY ELIZABETH (Beavan), institutrice et auteure, probablement née à Belfast (Irlande du Nord), fille de Samuel Shaw ; circa 18381845.

Capitaine au long cours, le père d’Emily Elizabeth Shaw faisait souvent la navette entre Belfast et Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, à bord de son brick, l’Amaryllis. Emily débarqua au Nouveau-Brunswick vers 1836, pour demeurer selon toutes probabilités chez des parents ; elle figure dans les registres scolaires à titre d’élève, puis d’institutrice. Le 19 juin 1838, elle épousa Frederick William Cadwallader Beavan, qu’on présentait cette année-là, dans le New-Brunswick almanack, comme chirurgien de la milice du comté de Queens et qui figure aussi à titre d’instituteur dans les registres scolaires. Après le mariage, le couple vécut à English Settlement, près de Long Creek, dans le comté de Queens.

Durant son séjour, Mme Beavan publia six contes et quatre poèmes dans l’Amaranth, qui parut à Saint-Jean de 1841 à 1843, sous la direction de Robert Shives*, et fut la première revue du Nouveau-Brunswick à consacrer l’essentiel de ses pages à des productions littéraires. Ses textes, cependant, sont médiocres. En poésie, Mme Beavan était une disciple enthousiaste de Felicia Dorothea Hemans ; quant à ses contes, ils oscillent entre le sensationnalisme de John Richardson*, auteur de Wacousta [...] (1832), et la sentimentalité fleurie de son idole, le professeur John Wilson (le « Christopher North » du Blackwood’s Edinburgh Magazine). En 1843, les Beavan quittèrent le Nouveau-Brunswick pour l’Irlande, et en 1845 la maison George Routledge de Londres publia l’unique œuvre de Mme Beavan qui lui valut de passer à l’histoire, Sketches and tales illustrative of life in the backwoods of New Brunswick, North America, gleaned from actual observation and experience during a residence of seven years in that interesting colony.

Conçu comme un guide à l’intention des futurs colons, Sketches and tales dépeint les conditions de vie et l’atmosphère qui régnaient dans les premiers établissements du Nouveau-Brunswick ; il le fait beaucoup mieux d’ailleurs que deux livres du même genre, pourtant plus acclamés, écrits sur la Nouvelle-Écosse et le Haut-Canada : The old judge (1849) de Thomas Chandler Haliburton* et Roughing it in the bush [...] (1852) de Susanna Moodie [Strickland*]. Non seulement le livre de Mme Beavan est-il plus ordonné et plus objectif, mais il brosse un tableau beaucoup plus complet de la vie coloniale. Elle y traite de multiples sujets : l’éducation et la religion ; les méthodes d’agriculture et d’exploitation forestière ainsi que leur raison d’être ; l’importance du commerce du bois ; les conséquences de la réglementation du droit d’auteur en Amérique du Nord britannique ; l’effet de l’isolement sur les habitudes linguistiques et du climat sur le teint des femmes.

L’ouvrage ne manque pas non plus d’imagination. Emily Elizabeth Beavan sait présenter les faits dans un cadre inventif ; elle décrit la nature, tout comme les efforts déployés par les hommes et les femmes pour la vaincre ou l’apprivoiser, avec un enthousiasme qui a dû gagner les lecteurs de l’époque. Les passages les moins réussis sont ceux où l’auteure s’efforce de faire du style : ses envolées sont parfois alourdies par une syntaxe déficiente, et ses contes et portraits ne sont que de pâles imitations d’autres morceaux du même genre (à l’exception de son compte rendu alerte du grand incendie de la Miramichi, en 1825, écrit dans un excellent idiome). En dépit de ses faiblesses, Sketches and tales demeure l’exposé le plus instructif et le plus vivant que l’on ait sur la vie au Nouveau-Brunswick pendant la première moitié du xixe siècle. Non seulement est-il d’une lecture délicieuse, mais il est extrêmement utile à quiconque étudie l’histoire, l’éducation, l’agriculture, la religion et la sociologie.

Fred Cogswell

L’ouvrage de Mme Beavan, Sketches and tales [...], a été réimprimé à St Stephen, N.-B., en 1980.

UNBL, Marjorie Jardine Thompson, biog. notes on Mrs Beavan, 29 avril 1975.— Early marriage records of New Brunswick : Saint John City and County from the British conquest to 1839, B. Wood-Holt, édit. (Saint-Jean, 1986).— N.-B. almanack, 1838.— Jonas Howe, « The Amaranth », Acadiensis (Saint-Jean), 2 (1902) : 198–206.

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Fred Cogswell, « SHAW, EMILY ELIZABETH (Beavan) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/shaw_emily_elizabeth_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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