SERGEANT, HENRY, successeur, en 1683, de John Nixon au poste de gouverneur des établissements de la Hudsons Bay Company dans la baie James ; il assuma ce poste durant trois ans ; circa 1683–1689.

Il semble que Sergeant ait été nommé gouverneur sur la recommandation personnelle de Jacques, duc d’York, gouverneur de la Hudsons Bay Company du mois de janvier 1683 au mois de février 1685. Sergeant s’embarqua pour l’île Charlton sur le Diligence (capitaine : Nehemiah Walker) avec John French, le premier pasteur à être envoyé à la baie d’Hudson par la compagnie, ainsi que trois femmes : son épouse, la compagne de celle-ci, Mme Maurice, et une servante ; elles devaient être les premières Blanches à hiverner à la baie James. La traversée fut marquée par la capture du vaisseau interlope Expectation (capitaine : Richard LucAs) et les écarts de conduite du capitaine Walker.

Bien qu’il eût reçu l’ordre de s’établir à Albany (Sainte-Anne), Sergeant passa l’hiver de 1683–1684 à Moose (Saint-Louis). On rapporte qu’il se montra despote et irascible dans ses rapports avec les Indiens comme avec ses hommes. La compagnie le blâma sévèrement de n’avoir pas relevé le taux d’échange, d’avoir présenté des réquisitions exorbitantes et d’avoir laissé s’amoindrir le volume des affaires. Le comité de Londres décida, en 1685, de nommer Bridgar en remplacement de Sergeant : on le fit savoir à Sergeant cette même année. Il ne reçut cependant jamais cette lettre, le Happy Return ayant sombré durant la traversée. Même si elle était parvenue à destination, la lettre serait arrivée trop tard : en effet, le 8 juillet 1686 (vieux style), le chevalier de Troyes, après s’être emparé des postes des rivières Moose et Rupert, arriva à Albany et somma Sergeant de se rendre. Celui-ci refusa, mais organisa la défense de façon si décousue que les Français purent monter une batterie presque sans opposition. Le fort fut bombardé le 15 et le 16 juillet ; le 16, Sergeant remettait cérémonieusement le fort aux Français, qui lui accordèrent les honneurs militaires. On blâma Sergeant d’avoir perdu ces postes en se laissant surprendre par cette attaque malgré les avertissements répétés qui lui venaient d’Angleterre et bien qu’il eût été prévenu par Zacharie Jolliet qu’une attaque des Français était imminente. Mais Sergeant avait probablement écarté comme impossible l’éventualité d’une attaque venue de terre, qui ne se serait pas produite si les hommes du fort de la rivière Moose avaient été sur leurs gardes, et il avait jugé qu’il n’y avait rien à craindre avant la reprise de la navigation.

Sergeant et plusieurs des prisonniers furent conduits, à bord du Colleton, déjà, surchargé, à Port Nelson, où ils devaient passer l’hiver ; les autres prisonniers furent envoyés à Québec par voie de terre. En 1687, la compagnie donna au gouverneur de Port Nelson, George Geyer, l’ordre exprès de renvoyer en Angleterre « M. Sergeant et le lot de femmes lui appartenant. »

De retour en Angleterre, il voulut faire retomber sur ses hommes la responsabilité de la perte d’Albany en les accusant de lâcheté et d’insoumission ; ceux-ci l’accusèrent en retour d’apathie et de manque d’intérêt. De Troyes, observateur désintéressé, attribua le succès des Français au relâchement général de la défensive anglaise. La Hudsons Bay Company assigna Sergeant en £20 000 de dommages et intérêts devant la cour du banc du roi, en s’efforçant de démontrer qu’il avait perdu son fort ou par négligence ou par lâcheté. Sergeant fut défendu par l’avocat Thomas Sergeant. Le procès traîna d’ajournement en arbitrage jusqu’en 1689. La compagnie abandonna alors la poursuite et fit remettre son traitement à Sergeant.

G. E. Thorman

HBRS, IX (Rich) ; XI, XX (Rich and Johnson) ; XXI (Rich).— Chevalier de Troyes, Journal (Caron).— Documents relating to Hudson Bay, (Tyrrell) (on remarquera que le compte rendu du siège d’Albany, rédigé par Oldmixon, fausse un peu les faits).

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G. E. Thorman, « SERGEANT, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sergeant_henry_1F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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