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SANDERSON, JAMES FRANCIS, interprète, homme d’affaires, éleveur et auteur, né le 23 mars 1848 à Athabasca Landing (Athabasca, Alberta), fils de James Sanderson et d’Elizabeth Anderson ; le 16 septembre 1872, il épousa Maria McKay, de la colonie de la Rivière-Rouge, Manitoba, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 8 décembre 1902 à Medicine Hat (Alberta).
La vie de James Sanderson coïncida avec une période fertile en événements : les débuts de la mise en valeur de l’Ouest canadien. Sa famille fut longtemps associée à la Hudson’s Bay Company. Son père travailla pour elle près de dix ans, à partir de York Factory (Manitoba), comme rameur d’avant et barreur. Sa mère était la fille d’un trafiquant sang-mêlé, John Anderson. James père mourut jeune et Elizabeth épousa William Sunderland, qui appartenait lui aussi à une famille très liée à la compagnie. Avec ses enfants, elle-même et William s’établirent à Portage-la-Prairie (Manitoba). C’est là que le jeune James fréquenta l’école, de manière sporadique. Sa formation fut donc rudimentaire, mais à la fin des années 1860, il eut plusieurs fois l’occasion de faire, avec sa famille, des expéditions de chasse au bison dans la prairie, expérience qui s’avéra utile par la suite.
En février 1870, tous les habitants du territoire d’Assiniboia étaient au courant de l’insurrection des Métis de la colonie de la Rivière-Rouge. Ce mois-là, Sanderson, son frère aîné, George William, et d’autres jeunes gens du district de Portage-la-Prairie se joignirent au groupe de miliciens qui, sous le commandement de Charles Arkoll Boulton*, se mit en route pour libérer les hommes que les partisans de Louis Riel* avaient incarcérés à Upper Fort Garry (Winnipeg). Capturé et emprisonné dans le fort avec Thomas Scott* et d’autres, Sanderson passa un mois dans cet endroit surpeuplé, froid, où l’on avait à peine de quoi manger.
Sanderson épousa Maria McKay en 1872. Elle était la fille d’Edward McKay, trafiquant indépendant et patriarche d’une nombreuse famille de sang-mêlé. La même année, le clan des McKay s’installa dans les monts Cypress, sans pour autant abandonner la chasse au bison. Sanderson parcourait la prairie avec les membres du clan et apprenait beaucoup de son beau-père. En 1875, un détachement de la Police à cheval du Nord-Ouest, sous le commandement de l’inspecteur James Morrow Walsh, établit un poste, le fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan), près des quartiers des McKay. Sanderson devint éclaireur, fournisseur de viande et de foin, et interprète (il parlait le français et le cri) pour la police. En 1877, il ramena un petit troupeau de bétail du Montana. Il avait besoin de ces bêtes pour approvisionner la police en viande car le nombre de bisons déclinait rapidement.
En 1882, les McKay et les Sanderson s’installèrent à Medicine Hat, où le chemin de fer canadien du Pacifique allait arriver sous peu. Sanderson continua d’assister la police à titre d’interprète et d’agent de liaison auprès des autochtones pour le compte du détachement de Medicine Hat. Quand les équipes de construction du chemin de fer arrivèrent sur les lieux, en juin 1883, il conclut des marchés de transporteur et d’entrepreneur. Il choisit, près du village, une terre où il pourrait faire paître son bétail et faire courir ses chevaux, et devint bientôt un ardent promoteur de courses.
Voyant les possibilités qui s’offraient à lui, Sanderson se transforma vite en homme d’affaires. Il exploitait un troupeau de taureaux pour les éleveurs de la région : chaque printemps et chaque automne, il recueillait des centaines de taureaux dans les ranchs du district et les rassemblait dans son pâturage. Il ne chassait plus les bisons mais amassait leurs os blanchis, qui servaient de fertilisant dans l’est du pays. À la fin des années 1880, il embauchait des équipes de jeunes Métis qui parcouraient la prairie pour en recueillir. À l’époque, cette activité rapportait bien : il réalisa un bénéfice net de 1 100 $ dans la seule saison de 1887. (L’année précédente, affirmait-il, il avait tué le dernier bison sauvage du district.) Il exerçait aussi beaucoup d’autres occupations. Il devint le représentant de la mine de charbon de la région en 1889 et approvisionna en glace la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique à compter de 1892. En 1894, à titre d’inspecteur des loups du district, il devait, semble-t-il, tenir un relevé de la population de loups et patrouiller le district pour dissuader ceux qui les chassaient contre récompense d’utiliser des appâts empoisonnés. Dans les années 1890, il construisit et exploita une grande écurie de louage dans le village. Il offrait toujours des services de transport par charrette et faisait de la construction routière. Aussi vivait-il confortablement.
Sanderson consacrait ses rares moments de loisir à un petit éventail de causes. Il fréquentait l’église anglicane. En 1893, il collabora à la fondation de la société d’agriculture et en fut président. De 1896 à 1898, il présida l’association locale des éleveurs de bétail. Promoteur de travaux d’irrigation dans le district, il dirigea en 1894 la ligue formée dans ce but.
Sanderson était un bel homme robuste dont les traits révélaient l’ascendance autochtone. La collectivité le respectait en raison de ses compétences et de son énergie, et voyait en lui l’un des derniers grands hommes du front pionnier. Considéré comme une autorité en matière de cultures autochtones, il rédigea en 1894 une série d’articles intitulée « Indian tales of the Canadian prairies ». Ces textes, généralement fondés sur des événements survenus entre 1850 et 1870, racontaient les exploits légendaires de vaillants guerriers et parlaient aussi de batailles mémorables entre Cris et Pieds-Noirs. Comme les environs de Medicine Hat avaient toujours été très fréquentés par les Amérindiens, les articles contenaient de nombreuses allusions à ces lieux, et la série, publiée dans le Medicine Hat News, était très prisée des colons de l’endroit. Sensible au sort des autochtones, Sanderson se porta à leur défense. Ainsi, en 1896, il fit circuler dans le district de Medicine Hat une pétition en faveur d’un groupe de Cris qui erraient entre Medicine Hat et Maple Creek (Saskatchewan). Il entendait convaincre les autorités du dominion de donner une réserve à ces malheureux, et il y parvint.
James Francis Sanderson représente bien le sang-mêlé des Prairies qui réussit à s’adapter à une économie agricole. Bon nombre de ses compatriotes sang-mêlé, ou qui avaient épousé des femmes autochtones ou sang-mêlé, demeurèrent des personnages marginaux dans la société des Territoires du Nord-Ouest à la fin du xixe siècle. Sanderson, lui, s’attira le respect à la fois parce qu’il avait un sens aigu des affaires, était un citoyen solide et restait un symbole prestigieux d’une époque romantique révolue. Cependant, comme il ne chercha pas à remplir de fonctions officielles, il ne sut jamais jusqu’à quel point son milieu était prêt à l’accepter.
Le livre de James Francis Sanderson, « Indian tales of the Canadian prairies », imprimé initialement dans le Medicine Hat News (Medicine Hat, Alberta) en mars et avril 1894, a été publié à nouveau avec des illustrations de W. B. Fraser dans Alberta Hist. Rev. (Calgary), 13 (1965), no 3 : 7–24. Une autobiographie de son frère, probablement rédigée vers 1934, est conservée sous forme de texte dactylographié aux PAM, MG 9, A107, et a été publiée sous le titre de « The « Memories » of George William Sanderson, 1846–1936 », I. M. Spry, édit., Canadian Ethnic Studies (Calgary), 17 (1985), no 2 : 115–134.
Medicine Hat Museum and Art Gallery, Arch., Biog. file, J. F. Sanderson ; M.69.125.25 (Margaret Ireland coll., J. F. Sanderson death notice) ; M.86.21.1 (L. M. Modien, « The McKay family : people of the Little Bearskin » (document de recherche préparé pour le Fort Walsh National Hist. Park, Saskatchewan, 1986), F9 ; photographies de J. F. Sanderson.— PAM, MG 12, BI, no 164 (rapport d’Edward McKay, 21 mai 1873).— Medicine Hat News, 22 mars, 15 nov. 1894, 27 févr., 26 mars 1896.— Medicine Hat Times, 24 oct. 1889, 21 janv, 1892.— W. H. McKay, « Early days of Medicine Hat », Canadian Cattlemen (Calgary), 12 (1949–1950) : 28–29, 32–33 ; 13 (1950), no 3 : 48–49, 52–53 ; 14 (1951), no 7 : 16–17, 20–21, 29 ; « The story of Edward McKay », Canadian Cattlemen, 10 (1947–1948) : 76–77, 100–105.— J. W. Morrow, Early history of the Medicine Hat country ([Medicine Hat], 1923 ; réimpr., 1964).— Morton, Manitoba (1957).
L. J. Roy Wilson, « SANDERSON, JAMES FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sanderson_james_francis_13F.html.
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Auteur de l'article: | L. J. Roy Wilson |
Titre de l'article: | SANDERSON, JAMES FRANCIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |