SALUSBURY (Salisbury), JOHN, membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, né à Bach-y-Craig, Galles du Nord, le 1er septembre 1707, fils de Thomas et de Lucy Salusbury, décédé à Offley Place dans l’Hertfordshire, Angleterre, le 18 décembre 1762.

John Salusbury était issu d’une éminente famille galloise. Il fit ses études à Whitchurch School, probablement dans le pays de Galles, et à Trinity Hall, Cambridge, où il obtint sa maîtrise ès arts en 1728. Par la suite, pendant de nombreuses années, il semble avoir vécu dans l’insouciance en Angleterre. Un peu avant 1737, on le retrouve au pays de Galles où il est devenu capitaine de milice, probablement grâce à l’influence de son cousin, sir Robert Cotton. En février 1739 il épousa Hester, la sœur de sir Robert, et bien qu’elle apportât une petite fortune au mariage, Salusbury, en raison d’une mauvaise administration des finances familiales, fut incapable de se tenir à l’abri des dettes. Finalement, sous la protection du comte de Halifax, alors président du Board of Trade, il essaya de rétablir ses finances en tentant l’aventure aux colonies. Il arriva à Chibouctou (Halifax, N.-É.) le 21 juin 1749, faisant partie de la suite du gouverneur Edward Cornwallis* et, le 14 juillet, fut assermenté comme membre du nouveau Conseil de la Nouvelle-Écosse en même temps que Paul Mascarene, Edward How, John Gorham et d’autres. En tant que greffier et receveur des rentes, au salaire quotidien de 20 shillings, il devait assurer le partage des terres à Halifax et dans les environs et surveiller la distribution de celles-ci aux colons.

Cependant, Salusbury n’avait, depuis son arrivée, montré aucun intérêt pour le développement éventuel de l’établissement. Venu en Nouvelle-Écosse pour des raisons personnelles, il envisageait, dès les débuts, de retourner en Angleterre. Le mode de vie des colons eut tôt fait d’ennuyer et de rendre malheureux cet homme issu d’un milieu mondain et aisé, qui ne possédait aucune des qualités du pionnier. La perspective d’être longtemps séparé de sa femme et de sa fille Hester (qui allait devenir Mme Thrale, amie et correspondante de Samuel Johnson) qu’il voulait retrouver à tout prix, attristait également Salusbury. Il vivait dans la crainte constante des Indiens et des Français qui menaçaient l’établissement en sa première année d’existence. Le 5 avril 1750, il se joignit à une expédition dirigée par Charles Lawrence qui partit pour Chignectou à la recherche de troupes françaises. Cependant, mécontent à l’excès, Salusbury incita finalement sa femme et ses amis demeurés en Angleterre d’obtenir de lord Halifax son retour au pays. Comme la réponse pouvait lui parvenir d’un moment à l’autre, il refusa de prendre part à la seconde expédition de Chignectou en août. Mais il ne reçut aucune nouvelle.

Pour mettre le comble à son désespoir, Salusbury en était venu à éprouver du ressentiment face à sa position dans la colonie, puisque des modifications apportées à la nature de son travail avaient diminué son statut. Il ne cachait pas sa méfiance à l’égard de certains de ses associés, se querellait avec d’autres, notamment le secrétaire, Hugh Davidson, qu’il accusait d’utiliser son poste pour réaliser des bénéfices personnels. Ses instances auprès du gouverneur Cornwallis furent récompensées le 6 mai 1751 lorsqu’on lui annonça qu’il porterait les premières dépêches de l’année en Angleterre. Cependant, son départ, plusieurs fois retardé, ne fut autorisé que le 10 août.

En Angleterre, Salusbury trouva ses affaires dans le même état. C’est pourquoi, encouragé par lord Halifax, il s’embarqua de nouveau pour la Nouvelle-Écosse où il arriva le 26 juillet 1752. Il s’y trouvait un nouveau gouverneur, Peregrine Thomas Hopson, que Salusbury prit en aversion, le décrivant dans son journal comme « un pauvre grand personnage [qui] n’avait que l’apparence de ce qu’il aurait dû être ». Salusbury souligna l’influence grandissante dans la colonie des marchands, dirigés par Joshua Mauger*, « un fier et misérable escroc, fauteur de troubles, [qui] se souciait peu du sort de [la colonie] ». Il mentionna également les critiques ouvertes des marchands concernant la partialité des juges, notamment de Charles Morris*, et signala que « les affaires du gouvernement ne sauraient se maintenir si on devait constamment céder aux caprices » des marchands.

Ses fonctions de greffier furent transférées au secrétaire. En avril 1753, Salusbury déclara qu’il était « exclu du Cabinet » et que les autorités tentaient de le forcer à abandonner son poste. On lui permit finalement de regagner l’Angleterre à l’été de 1753 ; ses années d’absence n’avaient pas amélioré l’état de ses affaires : il dut compter sur les dons de son frère Thomas pour assurer la sécurité de ses dernières années.

Ronald Rompkey

Corpus Christi Church (Bach-y-Craig, North Wales), Records.— John Rylands Library (Manchester, Angl.), Eng. mss, 530–532, 615.— PANS, RG 3, Minutes of Nova Scotia Council, 1749–1753.— Gentleman’s Magazine, 1762, 601.— Thraliana : the diary of Mrs Hester Lynch Thrale (later Mrs Piozzi) 1776–1809, K. C. Balderston, édit. (2e éd., 2 vol., Oxford, Angl., 1951).— Alumni Cantabrigienses : a biographical list of all known students, graduates, and holders of office at the University of Cambridge, from the earliest times to 1900, John et J. A. Venn, comp. (2 parties, 10 vol., Cambridge, Angl., 1922–1954), partie i, IV : 7.— J. L. Clifford, Hester Lynch Piozzi (Mrs Thrale) (Oxford, Angl., 1941).— J. G. Adshead, Hon. John Salusbury, 1707–62, Coll. of the N.SHist. Soc. XXIX (1951) : 1–21.— T. B. Akins, The first council, Coll. of the N.SHist. Soc., II (1881) : 17–30.

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Ronald Rompkey, « SALUSBURY (Salisbury), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/salusbury_john_3F.html.

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Année de la publication:    1974
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