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SAGUIMA (Saguina, Sakima, Saquima et peut-être Saquin), chef outaouais ; circa 1707–1744 ; ce nom étant un mot outaouais qui signifie sorcier guérisseur, il n’est pas possible d’affirmer que les mentions qui en sont faites dans les documents se rapportent toutes à la même personne.

Saguima, chef outaouais de Michillimakinac que les Français considéraient comme un fidèle allié, participa à des conseils tenus à Montréal et à Québec en 1707. Lui-même et Koutaoiliboe* firent rapport au gouverneur, Philippe de Rigaud* de Vaudreuil, sur des événements survenus à Détroit et à Michillimakinac et s’attribuèrent une grande part du mérite de la reddition de Le Pesant*, chef outaouais impliqué dans le meurtre de deux Français. À la même occasion, Saguima s’excusa auprès de Vaudreuil d’avoir failli à sa promesse d’amener des esclaves pour que les Français en fassent présent aux Iroquois.

En 1712, Saguima était fixé à Détroit, et il fut une figure dominante au cours des premiers stades de la guerre des Renards qui agita l’Ouest jusqu’en 1737. Apparemment ce furent les provocations insolentes d’un groupe de Mascoutens chassant près de son village qui amenèrent Saguima à envisager leur extermination. En avril 1712 avec Makisabi, chef potéouatami, il prit la direction d’un parti d’une centaine de guerriers qui allèrent attaquer les Mascoutens près de la rivière Saint-Joseph ; à l’issue d’un combat de trois jours, ils massacrèrent 200 des survivants. Le reste de la bande des Mascoutens s’enfuit à Détroit.

Aussitôt que les Renards de Détroit apprirent le massacre de leurs alliés mascoutens, ils se préparèrent à attaquer les Français qu’ils tenaient responsables indirectement de la tuerie. Saguima et Makisabi, à la tête de 600 guerriers – des Outaouais, Potéouatamis, Illinois, Osages, Sauks et Folles Avoines – ,arrivèrent alors à Détroit à la poursuite des Mascoutens en fuite. Une profonde rancune des autres tribus à l’endroit des Renards et des Mascoutens expliquerait probablement pourquoi Saguima réussit, en si peu de temps, à mobiliser une troupe aussi considérable et pourquoi des Mississagues, des Sauteux et des Hurons ne tardèrent pas à se joindre à eux.

La garnison de Détroit, sous le commandement de Jacques-Charles Renaud* Dubuisson, s’allia à la coalition des tribus dont Saguima avait pris la tête pour se lancer à l’attaque du village fortifié des Renards ; ils l’assiégèrent pendant 19 jours. Avant l’assaut, la femme de Saguima et deux autres femmes de son village avaient été capturées par les Renards mais, grâce à une ruse, les alliés réussirent à les délivrer. Un grand nombre de Renards et de Mascoutens moururent de faim, de soif ou de maladie, et le chef des Renards, Pemoussa*, proposa à plusieurs reprises des clauses de capitulation mais les alliés repoussèrent les offres. En fin de compte, à la faveur de la nuit, les Indiens assiégés s’enfuirent du fort mais leurs ennemis se lancèrent à leur poursuite et, les ayant cernés, les massacrèrent. Dubuisson estima à un millier le nombre des victimes, hommes, femmes et enfants.

À la suite du combat, Saguima abandonna son village et retourna à Michillimakinac. Joseph-Jacques Marest*, missionnaire jésuite de l’endroit, accueillit favorablement la présence de Saguima car il croyait que la crainte inspirée par ce dernier aux Renards et aux Mascoutens les empêcherait d’attaquer l’établissement.

De l’avis de Marest, Saguima plus que quiconque avait de l’influence sur les Outaouais mais, comme c’était le cas pour la plupart des chefs algiques, son ascendant n’était pas illimité. Ainsi, en 1712, lorsqu’il demanda aux Français de lui faire parvenir deux couvertures rouges et un justaucorps, il spécifia que les présents ne devaient lui être apportés par aucun de ses gens : ces derniers les déroberaient.

On retrouve dans des documents datant de 1744 des références à un « Saquin » qui était hautement respecté par les Indiens, mais il semble peu probable qu’il s’agisse du même personnage.

Donald B. Smith

AN, Col., C11A, 33, ff.71–76, 85–90, 160–178 ; 35, f.222 ; 81, ff.38–42.— Cadillac papers, Michigan Pioneer Coll., XXXIII (1903) : 320, 335, 347, 350, 354, 362, 365–367, 384–386, 537–557.— Charlevoix, Histoire de la N.-F. (1744), IV : 95–102.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1947–1948, 162–166.— French regime in Wis., 1634–1727 (Thwaites), 267–282, 288–290.— Y. F. Zoltvany, New France and the west, 1701–1713, CHR, XLVI (1965) : 301–322.

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Donald B. Smith, « SAGUIMA (Saguina, Sakima, Saquima, Saquin) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saguima_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024