RYAN, ANNE GREGG (Savigny), auteure, née probablement dans les années 1830 en Angleterre, fille de James Shepard Ryan et de Jane Elizabeth Lopdell ; après 1871, elle épousa Hugh Paine Savigny ; décédée le 10 juillet 1901 à Toronto.

Annie Gregg Savigny (le nom dont elle signait ses publications) était reconnue par ses contemporains comme l’un des écrivains les plus prolifiques de Toronto, et pourtant, sa vie personnelle demeure étonnamment obscure. Les détails sur sa naissance, son immigration, son mariage, ses enfants (si elle en eut) et les premiers endroits où elle habita restent à découvrir. De récentes recherches ont permis de trouver le nom de ses parents, mais ont aussi révélé le manque de fiabilité des documents en main. Deux d’entre eux, son certificat de décès et le registre faisant état de son inhumation indiquent qu’elle est née à Toronto, ce qui est inexact ; de plus, le premier de ces documents mentionne qu’elle est décédée à l’âge de 65 ans et l’autre, à l’âge de 75 ans, alors qu’elle n’avait peut-être que 53 ans.

La rareté des renseignements précis dont on dispose sur Annie Gregg Savigny témoigne de l’obscurité dans laquelle la tradition historique a cantonné les femmes. Il subsiste beaucoup plus d’éléments biographiques sur son mari, l’arpenteur Hugh Paine Savigny (1821–1881), bien qu’elle ait été plus connue que lui. De 1866 à 1880, Savigny figure parmi les résidents de Toronto, mais rien n’indique la présence d’une épouse (Annie semble avoir été sa deuxième femme, la première ayant été une certaine Henrietta Simpson, qu’il épousa en 1862). Dans le recensement de 1881, on trouve le nom de Hugh Savigny, 60 ans, né en Écosse, et celui d’Annie, 32 ans, née en Angleterre, tous deux domiciliés à Port Perry, en Ontario. Le nom de Savigny réapparaît dans les annuaires de Toronto en 1886 : Annie, devenue veuve, habitait alors rue Bloor-Ouest. À compter de 1888, elle vécut rue Isabella. Même si, à sa mort, elle ne laissa qu’une modeste succession – évaluée à moins de 1 800 $ – elle ne semble pas avoir écrit surtout par besoin financier. La nature de la plupart de ses livres laisse croire que son but premier était l’édification morale.

De tous les romans d’Annie Gregg Savigny, c’est le premier, A heart-song of to-day (disturbed by fire from the « unruly member ») ; a novel, publié à Toronto par George Maclean Rose* en 1886, qui paraît le plus susceptible d’avoir été rédigé avec un souci de rentabilité. Ce roman, qui se passe à Londres, raconte les intrigues amoureuses et financières d’une classe sociale qui n’a pas de meilleurs moyens de se distraire que ceux-là. La préface, écrite à la main par l’auteure dans l’exemplaire que possède la University of Western Ontario, révèle que Mme Savigny visait un but de nature sociale ; « l’« indiscipline » engendrée par la vieille association « envie-haine-malice » (ainsi que par la jalousie), prévient-elle, est plus à craindre que la dynamite sous quelque forme que ce soit ». Son livre suivant, A romance of Toronto, publié dans cette ville en 1888 par William Briggs*, s’enracine dans la ville qu’elle connaissait le mieux. Aujourd’hui, son intérêt réside davantage dans ses références locales et sa célébration du Toronto de la fin du xixe siècle que dans sa double intrigue, grossière et peu vraisemblable : d’un côté, une femme prise au piège par une promesse de mariage non voulue, de l’autre côté une famille dénuée de scrupules qui tente de priver une personne naïve de son héritage.

Toronto est également le cadre de deux livres pour la jeunesse qu’Annie Gregg Savigny écrivit à la demande de la Toronto Humane Society et dans lesquels elle montre des animaux victimes de mauvais traitements et des « cruautés barbares auxquelles ils sont soumis en raison de l’infidélité de l’homme à son devoir ». Lion, the mastiff ; from life, publié en 1895, encore une fois par Briggs, connut au moins deux réimpressions, soit en 1897 et en 1900, et dut plaire aux mêmes lecteurs que Beautiful Joe ; an autobiography, grand succès de librairie publié à Philadelphie en 1893 par Margaret Marshall Saunders*, la plus célèbre des premiers romanciers canadiens à défendre les droits des animaux. Comme Margaret Saunders, Annie Gregg Savigny fait parler ses animaux directement à leurs jeunes protecteurs éventuels et conseille aux enfants de se joindre à un organisme de protection appelé Band of Mercy. Elle reprend ce message dans Dick Niven and his horse Nobby, paru à Toronto en 1898, dont le sous-titre, lantern slide lecture teaching kindness to animals (conférence avec projections visant à enseigner la bonté envers les animaux) annonce le but didactique.

Vers la fin de sa vie, Annie Gregg Savigny collabora aussi à plusieurs périodiques locaux. Une source affirme qu’elle « écrivit beaucoup sur l’astronomie pour la Toronto Astral Society ». On sait maintenant qu’il s’agissait plutôt de l’Astronomical and Physical Society of Toronto ; la publication de cette société, Transactions, mentionne son grand intérêt pour la science. Parmi les nombreux exposés de Mme Savigny, on trouve des articles sur la planète Mars rédigés en 1897, et des commentaires sur le système planétaire découlant d’observations faites au Lowell Observatory de Flagstaff, en Arizona, en 1899 et 1900. Le testament d’Annie Gregg Savigny confirme les valeurs sociales qu’elle défendait dans ses écrits : parmi ses principaux bénéficiaires, on trouve la Toronto Humane Society, la Lord’s Day Alliance, le Toronto General Hospital et le fondateur de la Children’s Aid Society, John Joseph Kelso*.

Carole Gerson et Julian Smith

En plus des ouvrages mentionnés dans le texte, Anne Gregg Ryan Savigny est l’auteure de : « An allegory on gossip », Lake Magazine (Toronto), 1 (1892) : 245–247 ; et de Three wedding rings (Toronto, 1892). A romance of Toronto (founded on fact) : a novel a été réimprimé (Toronto et Buffalo, N.Y., 1973).

AO, RG 8, I-6-B, 63 : 98 ; RG 22, Sér. 305, n° 14843 ; RG 80-8, n° 1901-002927.— Globe, 12 juill. 1901 : 10.— Toronto Daily Star, 12 juill. 1901 : 2.— Assoc. of Ontario Land Surveyors, Annual report (Toronto), 1935 : 117–118.— A bibliography of Canadian fiction (English), L. E. Homing et L. J. Burpee, compil. (Toronto, 1904), 55.— J. A. Smith, « The scientific work of « Annie Gregg Ryan-Savigny » (mémoire préparé pour l’Institute for the History and Philosophy of Science and Technology, Univ. of Toronto, 1992).

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Carole Gerson et Julian Smith, « RYAN, ANNE GREGG (Savigny) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ryan_anne_gregg_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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