ROY, THOMAS, arpenteur, ingénieur, auteur et géologue ; décédé le 28 juillet 1842 à Toronto.

Il est probable que Thomas Roy naquit non loin de la Miramichi, dans le nord du Nouveau-Brunswick, et que ses parents étaient des colons écossais. Un rapport rédigé en 1810 par un nommé Thomas Roy, inspecteur des forêts à St Peters (Bathurst, Nouveau-Brunswick) ; présente une écriture et un style qui ressemblent étonnamment à ceux des rapports établis par le sujet de la présente biographie.

Arrivé à Toronto en juillet 1834, Roy se trouva bientôt du travail en qualité d’inspecteur du port. En septembre, les promoteurs du premier chemin de fer du Haut-Canada, le Simcoe and Ontario, l’embauchèrent à titre d’arpenteur. Il fit des levés sur la plus grande partie du trajet entre Holland Landing et Toronto, mais en raison de difficultés financières on retarda la construction et en mars 1836 il démissionna. Dans des lettres adressées par la suite au député de Toronto William Henry Draper* et au conseil municipal, il critiqua l’adoption d’un nouveau tracé, qui allait jusqu’au lac Huron en contournant le lac Simcoe et une bonne partie de l’arrière-pays situé au nord de Toronto.

En mars 1835, Roy avait postulé un emploi d’ingénieur municipal dont les fonctions consistaient à rendre compte de l’état du port en collaboration avec un ingénieur nommé par le lieutenant-gouverneur. Comme on avait retenu sa candidature, il exécuta sa tâche avec le capitaine Richard Henry Bonnycastle, probablement l’ingénieur nommé par le gouvernement, et un certain « M. Call » (peut-être James Cull). Par la suite, la municipalité l’affecta à des travaux de pavage, de drainage et de délimitation des voies publiques. Dans sa notice nécrologique, l’Examiner de Toronto disait qu’il avait « conçu et exécuté les divers travaux publics auxquels la ville devait sa prospérité ».

Roy publia à Toronto en 1841 un ouvrage tout à fait remarquable, Remarks on the principles and practice of road-making, as applicable to Canada, qui contient des indications sur ses travaux de voirie et d’égout et atteste ses solides connaissances techniques. Nombre de ses observations, notamment sur le drainage, sont encore utiles aujourd’hui. Comme d’autres ingénieurs, il s’élevait contre la coûteuse décision de reconstruire la rue Yonge en ligne droite. En outre, il était au fait des problèmes que causait la construction des routes à chaussée de madriers, alors très en vogue au Canada, et espérait que cette « manie [...] puisse être enrayée avant de produire trop de dégâts ». Il proposait même qu’on exige un niveau minimum d’instruction de ceux qu’on chargeait de concevoir et de construire les routes. Comme Bonnycastle, Cull et d’autres, il soutenait que les chaussées de macadam se révéleraient plus économiques que celles de planches ; en 1842, il estima le coût du macadamisage d’une partie de la rue Bay, à Toronto. Mais, à l’instar de Cull aussi, il oubliait que la province n’avait pas encore les moyens de s’offrir un réseau macadamisé.

Parallèlement à son travail d’ingénieur, Roy faisait des études d’avant-garde en géologie. Apparemment, c’est à l’occasion de ses levés ferroviaires qu’il avait découvert au nord de Toronto la série d’arêtes qui, à l’époque préhistorique, avaient bordé les divers plans d’eau antérieurs au lac Ontario. Il prononça des conférences sur ces formations géologiques devant le Mechanics’ Institute de Toronto et rédigea un exposé sur le sujet pour la Geological Society of London. Lu en son nom par Charles Lyell, géologue britannique réputé, son exposé fut discuté au cours des réunions que tint la société le 22 mars et le 5 avril 1837. Selon le résumé qu’on en publia, il décrivait les stades successifs de la formation des Grands Lacs et indiquait, par des calculs, à quel rythme et de quelle manière leurs eaux avaient baissé jusqu’au niveau actuel. L’étude perspicace de Roy a inspiré d’autres géologues canadiens, dont Arthur Philemon Coleman*.

Roy correspondait non seulement avec Lyell, mais aussi avec James Hall, de la Geological Survey de New York. On a conservé certaines des lettres qu’il lui adressa de 1838 à 1842. Elles montrent qu’il était bien au fait de la géologie de l’Amérique du Nord britannique et des régions américaines adjacentes ; en outre, elles révèlent qu’il connaissait l’Angleterre pour y avoir voyagé. Une carte géologique qu’il avait lui-même tracée présentait une vue en coupe du territoire compris entre le « bassin houiller de la Pennsylvanie et les roches granitiques [situées] au delà du lac Simcoe, en passant par le district de Niagara et le district de Home ». Cette carte acquit une certaine renommée du vivant de Roy ; elle était connue de Lyell et de William Edmond Logan*, qui la vit dans une bibliothèque parlementaire. Apparemment, elle fut détruite dans l’un des incendies qui ravagèrent les premiers édifices du Parlement du Canada.

Lorsque Lyell vint pour la première fois en Amérique du Nord, c’est Thomas Roy qui organisa son bref séjour au Canada. Au printemps de 1842, il l’accueillit aux chutes du Niagara et lui fit ensuite voir les arêtes du nord de Toronto. Lyell le remercia de son aide dans Travels in North America [...] ais le premier à lui rendre l’hommage qu’il méritait fut Bonnycastle, dans Canada and the Canadians, in 1846 : « [Roy] a reçu peu d’estime et encore moins de compréhension de la part des grands personnages de Toronto [allusion certaine à Logan et à ses collègues], et nul ne lui a rendu tant soit peu justice, sauf M. Lyell qui, n’ayant aucun intérêt dans les colonies, n’a pas craint de le faire. » Roy mourut le 28 juillet 1842 ; on sait qu’il était marié mais non s’il avait des enfants.

Robert F. Legget

L’article de Thomas Roy intitulé « On the ancient state of the North American continent » a paru dans Geological Soc. of London, Proc., 2 (18331838) : 537–538.

AO, RG 1, A-I-6 : 17241–17244.— CTA, RG 1, B, 1835, 1837, 1841–1842.— R. H. Bonnycastle, Canada and the Canadians, in 1846 (2 vol., Londres, 1846), 1 : 186187.— Charles Lyell, Travels in North America, in the years 1841–42 ; with geological observations on the United States, Canada, and Nova Scotia (2 vol., New York, 1845), 2 : 85.— British Colonist, 10 août 1842.Examiner (Toronto), 17 août 1842.— Toronto directory, 1837.— F. H. Armstrong, « Toronto’s first railway venture, 18341838 », OH, 58 (1966) : 21–41.— A. P. Coleman, « The Iroquois Beach », Canadian Institute, Trans. (Toronto), sér. 4, 6 (1898–1899) : 29–44.— M. S. Cross, « The stormy history of the York roads, 1833–1865 », OH, 54 (1962) : 1–24.— [G. R. Gilbert], [« Old shore lines in the Ontario basin »], Canadian Institute, Proc. (Toronto), sér. 3, 6 (1887–1888) : 2–4.— R. F. Legget, « An early treatise on road making ; Thomas Roy – an unsung hero of early Canadian engineering », Canadian Consulting Engineer (Don Mills [Toronto]), 15 (1973), no 11 : 36, 38 ; «Thomas Roy : an early builder of Toronto », no 12 : 48–49 ; « Railway survey conflicts cause « mystery » engineer to resign », 21 (1979), no 2 : 44–47.

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Robert F. Legget, « ROY, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roy_thomas_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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