ROUPE, JEAN-BAPTISTE, prêtre catholique, administrateur scolaire, missionnaire et sulpicien, né le 9 janvier 1782 à Montréal, fils de Samuel Roupe et de Marie-Joseph Clocher ; décédé le 4 septembre 1854 dans la même ville.
Jean-Baptiste Roupe descendait d’une famille protestante originaire de Linsbourg, en Suisse. Son père arriva en Nouvelle-France en 1757 et se convertit au catholicisme à Québec l’année suivante. Né dans la demeure familiale, rue du Saint-Sacrement, près de la maison des sulpiciens, le jeune Jean-Baptiste fréquenta l’école primaire tenue par ceux-ci, puis fit ses études classiques de 1794 à 1802 au collège Saint-Raphaël (devenu en 1806 le petit séminaire de Montréal). Il remporta certains succès en latin, se fit remarquer surtout par son application au travail et manifesta dès lors le désir d’entrer chez les sulpiciens, désir qui ne se réalisa que quelques années plus tard. Au cours de ses dernières années au collège, il occupait le poste de régent et reçut la tonsure le 23 septembre 1800 des mains de Mgr Pierre Denaut*, évêque de Québec. Après un bref séjour au grand séminaire de Québec où il entreprit ses études théologiques, il reçut le sous-diaconat dans cette ville le 30 octobre 1803, son père lui ayant constitué une rente de 150 garantie par la moitié de la propriété où il était né.
Mgr Denaut, voulant fonder un nouveau séminaire à Nicolet, désigna son protégé Roupe comme premier directeur des élèves de l’institution qui ouvrit ses portes en janvier 1804 sous la direction de l’abbé Alexis-Basile Durocher, curé de l’endroit. La tâche de Roupe ne fut pas une sinécure. Il dut exercer à la fois les fonctions de directeur, de préfet des études, d’économe, de professeur et de régent, ainsi que celles de vicaire de la paroisse. Lorsqu’il eut complété sa formation théologique, Mgr Denaut l’ordonna prêtre à Longueuil le 27 janvier 1805. Après la mort de Mgr Denaut, en 1806, Mgr Joseph-Octave Plessis*, nouvel évêque de Québec, l’aida de ses deniers à faire face aux obligations matérielles du séminaire. Mais voyant que la santé de Roupe se détériorait, Mgr Plessis l’envoya en août 1807 comme vicaire dans la paroisse Sainte-Anne, à Varennes.
Un mois plus tard, Mgr Plessis chargea Roupe de la mission indienne de Saint-Régis en remplacement de Roderic MacDonell, qui venait de mourir. À son arrivée le 31 octobre, Roupe se mit à l’étude de la langue des Agniers et ne tarda pas à la maîtriser. Sa paroisse couvrait un vaste territoire s’étendant du village des Cèdres jusqu’à Kingston, dans le Haut-Canada. Son ministère auprès des Iroquois s’avéra aride et difficile parce que les mœurs de ces derniers ne correspondaient pas à ses enseignements. De plus, Mgr Plessis lui demanda de s’occuper de la formation de jeunes clercs. Il prépara en 1812 et 1813 Joseph Marcoux à la prêtrise et lui enseigna la langue des Agniers ; ce dernier succéda par la suite à Roupe à la cure de la mission de Saint-Régis. Lors de la guerre de 1812, il prêcha à ses ouailles l’obéissance aux autorités britanniques. Les Américains prirent d’assaut la mission dans la nuit du 23 octobre de la même année. Fait prisonnier, Roupe fut relâché peu après. Il continua à desservir la mission jusqu’en juin 1813.
Roupe obtint alors du gouverneur du Bas-Canada, sir George Prevost*, par l’intermédiaire de Mgr Plessis, la permission de se joindre au séminaire de Saint-Sulpice, à Montréal, pour aller remplacer Michel Leclerc*, décédé le mois précédent, à la mission de Lac-des-Deux-Montagnes (Oka), dans la seigneurie de la Petite-Nation. Il y œuvra comme missionnaire jusqu’en 1829. Dès son arrivée, il se voua à l’évangélisation des Iroquois et insuffla une vigueur nouvelle à la Confrérie de la Sainte-Famille de l’endroit. Le 26 octobre 1814, il reçut son agrégation au grand séminaire de Montréal. Après septembre 1815, il fit deux fois par année des visites pastorales aux fidèles disséminés dans les missions environnantes de la rivière des Outaouais. Il fonda la paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours (à Montebello) en 1821 et inaugura plusieurs autres lieux de culte le long de la rivière, dans les futurs villages de Buckingham, d’Aylmer et à l’île des Allumettes. Roupe souleva à cette époque une vive controverse publique avec sa théorie des mariages « mixtes » entre Blancs et Indiens. Il s’opposait fortement à de telles unions, mais ses confrères ne partageaient pas ses vues. En 1826, un cas de mariage mixte se présenta, et le gouverneur du Bas-Canada, lord Dalhousie [Ramsay*], se rendit à la mission pour entendre les raisons qui motivaient le refus de Roupe de célébrer ce mariage.
Rappelé au petit séminaire de Montréal le 25 septembre 1829, Roupe commença un nouveau ministère au cours duquel il s’occupa d’œuvres de toutes sortes. Il anima, entre autres, la Congrégation des hommes de Ville-Marie jusqu’en 1833. À partir de 1834, il exerça les fonctions d’aumônier de la Confrérie de la Sainte-Famille de la paroisse Notre-Dame de Montréal ; il occupa aussi la charge d’aumônier de l’Hôtel-Dieu et du St Patrick’s Hospital, tant auprès des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph que de leurs malades de langue française. Cette année-là, le supérieur du séminaire, Joseph-Vincent Quiblier, proposa la candidature de Roupe pour succéder à Mgr Jean-Jacques Lartigue*, qui était alors malade, comme évêque de Telmesse ; cette dignité revint cependant trois ans plus tard à Mgr Ignace Bourget*, après que Mgr Lartigue fut devenu évêque de Montréal. Roupe continuait de remplir ses charges qu’il cumula jusqu’en 1854. En outre, il agit comme vicaire de la paroisse de Montréal de 1851 jusqu’à sa mort. Il y comptait un nombre considérable de pénitents et ses sermons étaient fort appréciés. Tombé malade au début d’août 1854, il mourut, semble-t-il, d’une forme de choléra le 4 septembre suivant. Il fut inhumé sous la cathédrale Notre-Dame au cours d’une cérémonie présidée par Mgr Bourget.
Comme plusieurs de ses confrères du grand séminaire de Montréal, Jean-Baptiste Roupe s’est distingué par sa disposition à accepter toutes les charges que ses supérieurs lui confièrent. Il remplit des tâches obscures mais nécessaires dans des missions relativement peu peuplées. Il n’hésita pas cependant par la suite à assumer une foule de responsabilités dans un milieu en croissance comme l’était alors la paroisse de Montréal.
AAQ, 515 CD, 1, nos 18–44.— ANQ-M, CE1-51, 10 janv. 1782, 6 sept. 1854.— Arch. des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph (Montréal), Annales, 2.— ASQ, C 38.— ASSM, 8 ; 21 ; 24, Dossier 2 ; 36 ; 49.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 480–481.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 : 173, 228 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1927–1928 : 257, 294 ; 1932–1933 : 17.— Louise Dechêne, « Inventaire des documents relatifs à l’histoire du Canada conservés dans les archives de la Compagnie de Saint-Sulpice à Paris », ANQ Rapport, 1969 : 206.— Alexis De Barbezieux, Histoire de la province ecclésiastique d’Ottawa et de la colonisation dans la vallée de l’Ottawa (4 vol., Ottawa, 1897), 1 : 140–144.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 : 284–285.— Michel Chamberland, Histoire de Montebello, 1815–1928 (Montréal, 1929), 106–128.— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet, 2 : 14, 21.— Claude Lessard, le Séminaire de Nicolet, 1803–1969 (Trois-Rivières, Québec, 1980), 38.— Gérard Malchelosse, la Famille Roupe (Montréal, 1918), 3–6.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967), 194.— Le Nord de l’Outaouais (Ottawa, 1938), 151, 153.— Pouliot, Mgr Bourget et son temps, 1 : 125–126.— J.-A. Cuoq, « Anotc kekon », SRC Mémoires, 1re sér., 11 (1893), sect. i : 137–179.— [Antoine Mercier], « Notice sur Messire Jean-Baptiste Roupe », l’Écho du cabinet de lecture paroissial (Montréal), 9 (1867) : 535–544.
J.-Bruno Harel, « ROUPE, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roupe_jean_baptiste_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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