ROSS, SALLY (Sarah), Indienne de la tribu des Okanagans, née vers 1798 dans la région du fleuve Columbia, fille d’un chef okanagan ; vers 1812, elle épousa Alexander Ross*, probablement selon les rites indiens, et elle fut baptisée le 24 décembre 1828 et unie à Ross « avec bans et consentement mutuel » à l’église anglicane Upper Church (qui devint plus tard l’église St John), dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), et ils eurent au moins 12 enfants ; décédée le 26 février 1884 à Winnipeg.
Sally Ross naquit dans une paisible tribu de pêcheurs et de chasseurs okanagans. Sa vie simple fut grandement transformée par suite de l’arrivée de trois compagnies de commerce des fourrures et de leur impact sur la région. Sally rencontra probablement son futur mari, Alexander Ross, peu après l’arrivée de ce dernier dans la région du fleuve Columbia en 1811, comme commis au service de la Pacific Fur Company au fort Okanagan (Washington). Deux ans plus tard, la compagnie fut achetée par la North West Company, qui à son tour fusionna avec la Hudson’s Bay Company en 1821. Ross travailla successivement pour chacune de ces entreprises jusqu’en 1825, année où le gouverneur George Simpson* l’envoya à la Rivière-Rouge ; il faisait partie d’un groupe de plusieurs commis « qui coûtaient cher et avaient de grandes familles ». Ross partit avec son fils aîné, Sally devant les rejoindre avec les quatre autres enfants. Elle quitta Spokane House (près de Spokane, Washington) avec le convoi de la Hudson’s Bay Company, le 19 septembre 1825, et remonta le Columbia en passant par Boat Encampment (Colombie-Britannique) jusqu’à Jasper House (Alberta) où elle passa l’hiver avec ses enfants. Elle partit en mai avec le convoi de trappeurs qui s’en allait vers l’est, chevauchant lorsque c’était possible avec un enfant derrière elle, un autre sur le devant de sa selle et les deux autres sur un autre cheval. Elle arriva à la colonie de la Rivière-Rouge à l’été de 1826, année d’une inondation désastreuse, et passa l’hiver avec ses quatre enfants à Pembina (Dakota du Nord), où Alexander Ross avait des intérêts commerciaux. L’année suivante, elle retourna à la colonie de la Rivière-Rouge, où elle allait demeurer 57 ans.
Alexander Ross fut tour à tour marchand, gros fermier, et, en 1836, il agissait comme conseiller et shérif d’Assiniboia. Les époux demeuraient à la Rivière-Rouge dans une maison blanche à deux étages, en pierre recouverte de crépi, appelée Colony Gardens, et connue pour son hospitalité ; « toujours pleine de visiteurs », celle-ci, qui était située sur le bord de la rivière Rouge, constituait un point d’attraction dans la colonie. Selon Robert Clouston, de passage dans la colonie en 1843, Sally se montrait rarement en public, sauf à l’église ; elle demeurait toutefois un personnage central dans sa maison toujours débordante d’activité et était connue à la fin de sa vie par toute la communauté de la Rivière-Rouge sous le nom de « Granny Ross ».
Dans sa grande « trilogie du monde sauvage » regroupant des histoires sur l’Ouest, publiée entre 1849 et 1856, Alexander Ross souligna sa dépendance comme commerçant de pelleteries vis-à-vis de son épouse indienne, la « tendresse qui les unissait », la protection assurée par la « vigilance » de Sally et l’agrément que « son sourire » apportait dans sa vie. Il décrivit de manière encore plus personnelle sa peine et son inquiétude lorsqu’il dut quitter sa famille pour se rendre à la Rivière-Rouge en 1825. Il se peut que Sally, elle-même illettrée, ait fourni la plupart des informations détaillées sur la vie tribale indienne contenues dans les deux premiers livres de son mari. Lorsque Alexander Ross mourut au mois d’octobre 1856, il laissait la majeure partie de ses biens à sa femme et lui confiait également la garde de ses jeunes enfants. Bien que Sally n’eût « point été à la fine pointe de l’étiquette », son affection et sa tendre sollicitude à l’égard de ses enfants ne se démentirent pas, et ceux-ci demeurèrent attachés à leur mère indienne. James* devint avocat, instituteur, journaliste et, en 1869–1870, un des associés de Louis Riel ; Henrietta épousa John Black, éminent ministre presbytérien du Manitoba. Seul l’une des enfants, Mary, survécut à sa mère ; elle épousa le révérend George Flett.
Sally Ross apporta avec elle une part importante de sa culture indienne à la Rivière-Rouge, où son esprit de famille s’accordait bien avec celui des Écossais. Comme beaucoup d’autres femmes indiennes (qui viennent à peine de faire l’objet d’études par des historiens), Sally faisait le lien entre la vie tribale indienne, les sang-mêlé et les nouvelles communautés de commerçants blancs. Chrétienne dévouée, au centre d’une famille intelligente et pleine de vie, elle fut l’une des femmes qui contribuèrent à façonner la société manitobaine.
PABC, Add. mss 345.— PAM, HBCA, A.36/11 : ff.214–215, testament d’Alexander Ross, 25 juin 1856 ; E.5/1–11 ; MG 2, C14 ; MG 7, B7.— J. W. Bond, Minnesota and its resources to which are appended camp-fire sketches or notes of a trip from St. Paul to Pembina and Selkirk settlement on the Red River of the north (New York, 1853).— Canadian North-West (Oliver).— Documents relating to the North West Company, W. S. Wallace, édit. (Toronto, 1934).— A. [E. S.] Martin, The Hudson’s Bay Company’s land tenures and the occupation of Assiniboia by Lord Selkirk’s settlers, with a list of grantees under the Earl and the company (Londres, 1898).— Alexander Ross, Adventures of the first settlers on the Oregon or Columbia River : being a narrative of the expedition fitted out by John Jacob Astor, to establish the « Pacific Fur Company » ; with an account of some Indian tribes on the coast of the Pacific (Londres, 1849 ; réimpr., Ann Arbor, Mich., 1966) ; The fur hunters of the far west ; a narrative of adventures in the Oregon and Rocky Mountains (2 vol., Londres, 1855) ; « Letters of a pioneer », George Bryce, édit., HSSM Trans., 63 (1903).— Manitoba Daily Free Press, 1872–1874, 27 févr. 1884.— Nor’Wester, 1859–1869, spécialement 25 juin 1862.— W. J. Healy, Women of Red River : being a book written from the recollections of women surviving from the Red River era (Winnipeg, 1923).— A. Ross, Red River Settlement.— Sylvia Van Kirk, « Women in between » : Indian women in fur trade society in western Canada », SHC Communications hist., 1977 : 30–46.
Laurenda Daniells, « ROSS, SALLY (Sarah) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_sally_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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