Ross, Katherine (Queen), socialiste et féministe, née le 14 février 1885 à Black Isle, Écosse, fille de William Ross ; le 25 juin 1908, elle épousa à Winnipeg John Queen*, et ils eurent trois filles et deux fils ; décédée le 10 septembre 1934 dans cette ville.

Peu après la naissance de Katherine Ross, ses parents partirent vivre à Inverness, en Écosse, où elle grandit. À la fin de l’adolescence, elle s’installa à Glasgow, où elle s’engagea dans le mouvement ouvrier, auquel elle resterait liée toute sa vie. Après s’être jointe aux cercles ouvriers et socialistes de la ville, elle rencontra son futur mari, John Queen, qui était tonnelier.

Il existe peu d’information sur les premières années de leur relation. John Queen se rendit au Canada en 1906. Apparemment impressionné par l’abondance de travail à Winnipeg, il décida de s’y établir ; il trouva un emploi de tonnelier pour la Prairie City Oil Company. En 1907, à l’âge de 22 ans, Katherine le suivit dans l’Ouest du Canada et le couple se maria l’année suivante. Elle devint rapidement une figure influente du Parti social-démocrate du Canada, lequel épousait un socialisme modéré et axé sur la réforme. Son mari serait élu conseiller aux élections municipales de 1916 sous l’égide de ce parti. Tandis que ce dernier s’engageait dans l’arène politique (il deviendrait député provincial et maire), Mme Queen entreprit également de s’imposer dans sa ville adoptive. Au cours de la Première Guerre mondiale, elle se joignit à la section de Winnipeg de la Women’s Labor League, dirigée par Helen Armstrong [Jury*], et milita pour la création d’une loi sur un salaire minimum pour les femmes. À l’instar d’autres Winnipegois progressistes, dont Mme Armstrong, Frederick John Dixon et Francis Marion Beynon*, elle s’opposait à la conscription. Elle partageait sans équivoque leur dédain général pour le militarisme ; de plus, elle avait vécu des deuils importants à cause de la guerre. Comme elle le raconta en août 1917 à une assemblée de femmes pour appuyer la conscription, après que trois de ses frères eurent été tués au front et quun quatrième eut commencé son service militaire, « les hommes qui cré[aient] la guerre », c’est-à-dire la plupart des hommes politiques, industriels et autres hommes d’affaires, « n’avaient pas souffert ».

Mme Queen avait conclu que les inégalités sociales étaient la source de la misère vécue par de nombreux ouvriers. Ainsi, le Winnipeg Free Press la décrirait comme une personne « fermement convaincue de la nécessité de la coopération communautaire » et ayant participé « avec acharnement à la lutte » afin de concrétiser cette aspiration après la guerre. Elle devint l’une des principales organisatrices et la présidente de la Labour Women of Greater Winnipeg. Selon la journaliste Lillian Gibbons, l’un des objectifs de ce groupe était de « recueillir des fonds pour les dépenses électorales et aider les hommes [qui étaient candidats pour des partis socialistes et ouvriers] au moment des élections ». Même si Mme Queen participait à l’organisation d’activités de financement telles que des bazars, des thés, des tournois de whist, la vente de macarons et d’obligations, elle était une femme déterminée qui ne se contentait pas d’être au service des hommes. À titre de présidente de la Labour Women of Greater Winnipeg, elle préconisa l’ouverture de cliniques de régulation des naissances ; de plus, elle milita pour la création d’un programme provincial d’assurance médicale pour des établissements de santé administrés par le gouvernement, ainsi que pour « l’égalité [en matière] d’accès à l’emploi et de reconnaissance au travail pour les hommes et les femmes ».

Apparemment, pour Mme Queen, les convictions socialistes n’étaient pas incompatibles avec l’eugénique. La restructuration sociale et économique était importante, mais, pour arriver à des changements positifs, il fallait également s’assurer que certains individus ne se reproduisent pas. Ainsi, la Labour Women of Greater Winnipeg réclamait des lois qui obligeraient les hommes et les femmes à passer des examens médicaux et à obtenir un certificat attestant leur bonne santé avant de pouvoir se marier et avoir des enfants. Pour faire en sorte que les personnes dotées de caractéristiques indésirables ne les transmettent pas aux générations futures, l’organisme, sous la présidence de Mme Queen, recommandait la stérilisation forcée des gens déclarés inaptes.

Quand Mme Queen ne se consacrait pas à la Labour Women of Greater Winnipeg, elle prenait part à la fondation de groupes de jeunes ayant comme objectif d’aider les participants à exprimer leurs préoccupations. Elle enseigna aussi dans une école du dimanche pour la classe ouvrière à Brooklands (Winnipeg), du lendemain de la grève générale de Winnipeg [V. Mike Sokolowiski*], en juin 1919, jusqu’à la fin des années 1920 ou au début des années 1930. Elle contribua à la mise sur pied d’une équipe de bénévoles pour aider les femmes pauvres, en particulier les veuves, à obtenir les allocations maternelles auxquelles elles avaient droit. Durant les premières années de la grande dépression, Mme Queen et des militants de partout dans les Prairies s’efforcèrent de créer un mouvement politique pour « les gens ordinaires ». Ce fut dans ce but qu’en 1932 elle représenta le West End de Winnipeg pour l’Independent Labor Party à un congrès réunissant à Calgary des partis agricoles, ouvriers et socialistes. Ce changement d’allégeance politique découlait sans aucun doute de celui de son mari, qui était devenu chef du parti en 1923. Comme d’autres délégués, elle exigeait « la socialisation de la vie économique dans le pays ».

L’ampleur et la diversité des efforts fournis par Katherine Queen pour promouvoir la justice sociale au début du xxe siècle sont impressionnantes, d’autant plus qu’elle souffrait d’une affection cardiaque qui l’incommodait de temps à autre. Le 10 septembre 1934, elle eut un grave malaise et tomba dans un escalier. Elle fut conduite à l’hôpital, où elle mourut d’une insuffisance cardiaque. Selon ses souhaits, on plaça un drapeau rouge sur son cercueil.

Kurt Korneski

Manitoba, Legislative Library (Winnipeg), Biog. scrapbooks, B9 : 201 ; Ministère du Tourisme, de la Culture, du Patrimoine, du Sport et de la Protection du consommateur, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1934-036124.— Univ. of Manitoba Libraries, Dept. of Arch. and Special Coll. (Winnipeg), mss 24, Personality file, John Queen.— Ville de Winnipeg, Dir. des arch. et des doc. publics, Vert. files, John Queen.— Lillian Gibbons, « Mrs. Queen finds labor her dominating interest », Winnipeg Tribune, 15 oct. 1932.— Winnipeg Free Press, 11 sept. 1934.— Winnipeg Tribune, 10 sept. 1934.— J. M. Bumsted, Dictionary of Manitoba biography (Winnipeg, 1999).— « Katherine Queen », dans Brookside Cemetery : a celebration of life (2 vol. parus, Winnipeg, 2003–    ), 2 : 69.— Linda Kealey, Enlisting women for the cause : women, labour, and the left in Canada, 1890–1920 (Toronto, 1998).— [George Siamandas], « John Queen, Winnipeg’s forgotten mayor », dans Brookside Cemetery : a celebration of life, 1 : 71–72.

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Kurt Korneski, « ROSS, KATHERINE (Queen) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_katherine_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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