ROQUEMONT DE BRISON, CLAUDE, amiral de la flotte de la Compagnie des Cent-Associés en 1628.
Roquemont, qui demeurait à Paris, était parmi les six personnes à qui Richelieu confia le soin de mettre sur pied la Compagnie des Cent-Associés, et, le 29 avril 1627, immédiatement après le cardinal, il en signait l’acte d’établissement. La guerre éclata bientôt entre la France et l’Angleterre, mais le roi obligea quand même la compagnie à faire un envoi de colons en 1628. Les Cent-Associés équipèrent quatre navires (l’Estourneau, la Magdeleine, la Suzanne et un autre) dont le commandement général fut confié à Roquemont. Environ 400 personnes y prirent place, dont un grand nombre de colons, « fleur de la jeunesse de Normandie ». L’un des navires était commandé par Claude de Saint-Étienne de La Tour, qui apportait des provisions pour l’Acadie.
La flotte partit de Dieppe le 28 avril 1628, suivie d’un navire de provisions qu’avait frété le jésuite Philibert Noyrot et de barques de pêche qui naviguaient sous sa protection. Échappant dès le départ à deux navires de La Rochelle (cette ville était alors en guerre contre le roi), la flotte arriva, au bout de cinq ou six semaines, au Grand Banc puis à l’île Anticosti, où l’on planta une croix. À Gaspé, Roquemont apprit la présence de navires anglais dans le Saint-Laurent : il déchargea « nombre de farines » pour alléger ses bateaux en cas de lutte ; il envoya Thierry Desdames prévenir Champlain de son arrivée et, au lieu de se tenir en sûreté dans quelque port, il tenta de remonter le fleuve à la faveur des brumes.
A la hauteur de Tadoussac, la flotte anglaise, dirigée par les frères Kirke, se porta à l’attaque le 18 juillet ; le combat dura une quinzaine d’heures, au cours desquelles, paraît-il, il fut tiré « douze cens volées de canon » ; puis, Roquemont, à court de munitions, dut capituler. Les Français n’avaient perdu que deux hommes et Roquemont avait été blessé à une jambe. Les Anglais confisquèrent les navires et les cargaisons ; les Kirke gardèrent prisonniers Roquemont, La Ralde, les capitaines, les missionnaires jésuites et récollets et « les principaux François » pour attester en Angleterre la capture de la flotte et dans l’espoir d’une rançon ; on relâcha bientôt les récollets et quelques Français qui allaient avant leur capture s’établir au Canada. Le reste des passagers eut l’autorisation de rentrer en France sur un navire que leur laissèrent les Kirke.
Le navire de Noyrot avait pu s’échapper avant la bataille et retourner en France. Le premier envoi de la Compagnie des Cent-Associés se trouvait anéanti. Roquemont ne se perdait pas seul, écrit Champlain, « mais il laissoit tout le pays en ruyne, & près de cent hommes, femmes & enfants mourir de faim, qui seroient contraints d’abandonner le fort & l’habitation au premier ennemy, comme l’experience l’a fait voir ». Roquemont aurait dû, selon Champlain, recourir davantage à la ruse pour assurer d’abord la sécurité de la colonie, se montrer plus prudent que brave ; mais « le trop de courage fit hasarder le combat ». Roquemont ne se vît confier aucun autre commandement par la Compagnie des Cent-Associés dont les documents, depuis, restent muets à son sujet.
AN, Col., C11A, 1, ff.107–114 ; E, 95, doc, 5, f.96.— BN, MSS, Fr. 16 738, f. 147r.— Champlain, Œuvres (Biggar), V : 287–296.— Du Creux, History (Conacher), I : 34, 39, 41–43, 47.— Édits ord. I : 6, 11, 18–20.— Sagard, Histoire du Canada (Tross), IV : 852.— Dionne, Champlain, II : 187–193, 336.
Marcel Trudel, « ROQUEMONT DE BRISON, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roquemont_de_brison_claude_1F.html.
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Auteur de l'article: | Marcel Trudel |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |