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ROQUE, JACQUES-GUILLAUME, sulpicien, administrateur scolaire et vicaire général, né le 24 janvier 1761 à Belmont, France, fils de Guillaume Roque et de Catherine Durand ; décédé le 3 mai 1840 à Montréal et inhumé deux jours plus tard dans la crypte de l’église Notre-Dame.
Jacques-Guillaume Roque entra en 1777 au séminaire de Saint-Charles à Toulouse, où il fit toutes ses études théologiques. Il obtint par la suite un doctorat en droit canon de l’université de cette ville. Ordonné prêtre le 24 septembre 1785, il demanda son agrégation à la Compagnie de Saint-Sulpice. Après son année de solitude (noviciat) à Paris, on l’envoya au séminaire d’Angers pour y enseigner la théologie et il devint directeur de l’établissement en 1789. Il était déjà connu comme un homme de « grand mérite, respecté et aimé de tous ». Deux ans plus tard, il refusa de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé. Emprisonné le 17 juin 1792, il fut condamné à la déportation en Guyanne française ; il réussit cependant à s’échapper et à se rendre en Espagne le 12 septembre. L’évêque d’Orense l’accueillit alors avec bienveillance et le chargea d’enseigner la théologie aux clercs du diocèse.
En 1796, Roque décida de se rendre au Bas-Canada. Dès son arrivée au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, le 24 octobre, on l’appela à remplir des fonctions pastorales dans la paroisse Notre-Dame et on le nomma aussi directeur des religieuses de l’Hôtel-Dieu. Il devint vicaire général en 1806 ; il le demeurera jusqu’à son décès. En octobre 1806, il remplaça son confrère Jean-Baptiste-Jacques Chicoisneau* à la direction du petit séminaire de Montréal, entièrement reconstruit à la suite de l’incendie survenu trois ans plus tôt. Il conservera ce poste jusqu’en 1828. On lui doit la rédaction de plusieurs coutumiers et règlements pour l’établissement. Il participa en outre, avec ses collègues Antoine-Jacques Houdet* et Claude Rivière, à l’élaboration de deux grammaires, l’une française et l’autre latine.
Le 21 janvier 1821, Roque assista l’archevêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, à l’occasion de la consécration épiscopale du sulpicien Jean-Jacques Lartigue, nommé évêque auxiliaire du district de Montréal. Cette nomination donna lieu à un grave conflit qui opposa Lartigue à ses anciens confrères de Saint-Sulpice. Roque adopta alors une attitude neutre et prudente, car il tenait Lartigue en grande estime. Il l’avait dirigé autrefois dans ses études théologiques et lui avait toujours prodigué des conseils judicieux. Toutefois, à la demande de son supérieur, Jean-Henry-Auguste Roux*, il rédigea ses commentaires sur le mémoire du sulpicien canadien Jean-Charles Bédard*, qui s’était prononcé contre les mesures qu’avait adoptées le séminaire pour faire échec à l’établissement de Lartigue.
En octobre 1828, Roque devint aumônier des religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. Deux ans plus tard, l’archevêque de Québec, Mgr Bernard-Claude Panet*, lui demanda de remplir temporairement les fonctions de Roux, accablé par la maladie et les infirmités. La célébration du jubilé sacerdotal de Roque le 24 septembre 1835 devait sceller la réconciliation amorcée au printemps entre Lartigue et le séminaire. Les 8 000 fidèles qui prenaient place dans l’église Notre-Dame furent vivement émus par le geste de Roque qui, au cours de la messe célébrée en présence d’une centaine de prêtres, vint « se jeter aux genoux de l’évêque pour renouveler les vœux de sa prêtrise ». C’était véritablement, selon le père Léon Pouliot, « l’union des esprits et des cœurs depuis longtemps perdue, toujours attendue, enfin retrouvée ». Joseph-Vincent Quiblier*, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, le confirmait : « Aucun de nous n’avait rien vu de plus grand, ni de plus attendrissant. Tout le monde sans exception a été ravi d’admiration et de Joie [...] Le pape apprendra avec plaisir la tournure de cette affaire [...] Je ne regrette aucun des petits sacrifices que m’a coûté ce rapprochement. L’on dit que l’évêque de Telmesse et le supérieur du Séminaire ne font plus qu’un. »
Jacques-Guillaume Roque mourut le 3 mai 1840. La veille de son décès, Mgr Lartigue lui avait rendu visite et avait recommandé « sa personne et son diocèse » à ses prières. Après sa mort, ses anciens élèves décidèrent de porter le deuil pendant un mois. Tous reconnaissaient sa grande sainteté et plusieurs, dont Lartigue, cherchèrent à s’approprier un morceau de sa soutane ou une mèche de cheveux. Le 2 février 1856, un jeune Montréalais déclara qu’une relique de ses cheveux l’avait guéri miraculeusement.
ACAM, 465.101 ; 901.025 ; 901.137.— AD, Aveyron (Rodez), État civil, Belmont, 25 janv. 1761.— ANQ-M, CE1-51, 5 mai 1840.— Arch. du séminaire de Saint-Sulpice (Paris), Circulaires des supérieurs, 1, Garnier Mollevault, 14 juin 1840 ; Fonds canadien, dossiers 73, 98–99, 111–114.— ASSM, 1 bis, tiroir 4 ; 11, tiroir 47 ; 13, tiroir 50 ; 24, B ; 27, tiroirs 93, 96 ; 49, tiroir 169.— Mélanges religieux, 7 mai 1841.— Allaire, Dictionnaire.— F.-M. Bibaud, Dict. hist. ; le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— [J.-]H. Gauthier, Sulpitiana ([2e éd.], Montréal, 1926).— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 : 120–121.— Chaussé, Jean-Jacques Lartigue.— Dionne, les Ecclésiastiques et les Royalistes français.
Gilles Chaussé, « ROQUE, JACQUES-GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roque_jacques_guillaume_7F.html.
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Auteur de l'article: | Gilles Chaussé |
Titre de l'article: | ROQUE, JACQUES-GUILLAUME |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |