ROBERTSON, JAMES, ministre presbytérien, né le 24 avril 1839 à Dull, Écosse, un des huit enfants de James Robertson et de Christina MacCallum ; le 23 septembre 1869, il épousa dans le canton de Blandford, Ontario, Mary Ann Cowing, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 4 janvier 1902 à Toronto.
James Robertson fréquenta l’école paroissiale de Dull, puis en 1855, il immigra dans le Haut-Canada avec sa famille, qui s’établit près de Woodstock. Deux ans plus tard, à l’âge de 18 ans, il commença une brève carrière d’enseignant, marquée par deux événements qui détermineraient le cours et la qualité de sa vie : il décida de devenir ministre de l’Église presbytérienne et tomba amoureux de Mary Ann Cowing. En 1863, il passa l’examen d’entrée de la University of Toronto ; il fréquenta le University Collrge durant trois ans, entra dans le corps universitaire du 2nd Battalion des Queen’s Own Rifles et alla se battre contre les féniens à Ridgeway en 1866 [V. Alfred Booker*]. Pendant les deux années suivantes, Robertson étudia au Princeton Theological Seminary, à Princeton, dans le New Jersey, puis passa un an au Union Theological Seminary de New York. Pendant son séjour à New York, il s’occupa des œuvres missionnaires de la ville avec tant de succès qu’on lui demanda de rester. Malgré les offres alléchantes qu’il reçut, il revint au Canada et épousa Mary Ann Cowing, qu’il courtisait depuis dix ans. Ordonné le 18 novembre 1869, il fut installé comme pasteur à Norwich, en Ontario.
Robertson était très sensible aux besoins du vaste territoire missionnaire du Nord-Ouest et, en 1874, il commença un fructueux pastorat de sept ans auprès de la congrégation Knox établie depuis peu à Winnipeg. Sous sa houlette, la communauté prospéra. En outre, Robertson travailla infatigablement à aider les nouveaux colons. Il apporta son soutien au collège de Manitoba [V. John Mark King*] et fit partie de son conseil d’administration de 1875 à 1901 ; il y donna pendant un certain temps des cours de philosophie morale et de théologie, et prit une part active à la fondation de l’université de Manitoba en 1877 [V. Alexander Morris*]. Toutefois, rien n’accaparait davantage son énergie et son imagination que les missions intérieures. En 1881, quand l’Église décida de créer le poste de surintendant des missions dans le Nord-Ouest, elle y nomma Robertson, qui entra en fonction le 26 juillet. Robertson avait trouvé l’œuvre de sa vie.
Robertson devait s’occuper d’un territoire immense, qui s’étendait du Lakehead, en Ontario, jusqu’à Edmonton ; ce territoire comprendrait plus tard la Colombie-Britannique et le Yukon. À la réunion de l’assemblée générale de l’Église presbytérienne au Canada en 1882, Robertson présenta le premier de ses remarquables rapports. Faisant le bilan de sa première tournée de la région, qu’il avait commencée en août et poursuivie jusqu’au 12 décembre 1881, il raconta : « J’ai parcouru, en boghei, un total de 2 000 milles, prêché en 96 occasions et prononcé environ 400 allocutions. » Son rapport contenait une description détaillée des huit districts de son territoire ; il y parlait des ressources, de l’état du peuplement, de l’économie, de la situation des congrégations et des ministres ou du fait qu’on en manquait, ainsi que des perspectives d’avenir et des problèmes de chaque communauté. Captivé par l’Ouest, il nourrissait pour son avenir de grands espoirs.
Pendant cette première tournée, Robertson avait très bien compris les besoins de l’Église dans l’Ouest et il avait conçu un plan pour y répondre. Il fallait trouver des ressources financières pour aider les colons, qui survivaient déjà à grand-peine, à construire des églises et des presbytères. De cette façon seulement la cause presbytérienne pourrait-elle gagner « visibilité et permanence », selon la formule qui deviendrait le slogan de ses campagnes de financement. Il fonda donc le Church and Manse Building Fund of Manitoba and the North-West, qui s’avérerait un puissant instrument d’expansion de l’Église. En 1887, il déclara à l’assemblée générale que « pendant les huit années précédant l’existence de ce fonds, seulement 15 églises et presbytères [avaient] été construits, soit pas tout à fait 2 par an, alors que depuis la création du fonds, la moyenne [était] de près de 21 par an ».
Plus encore que d’argent, cette région de pionniers avait besoin de pasteurs. Le ministre efficace, Robertson le résumait ainsi : [il] doit mériter le respect en tant qu’homme et en tant que chrétien. Auprès [des gens] la fonction et la confession auront peu d’emprise ; mais le caractère personnel et l’éloquence en chaire, beaucoup [...] Les nombreux déplacements exigent des hommes jeunes et d’une grande endurance physique. » Les hommes qu’il supervisait devaient être intelligents – Robertson n’était nullement anti – intellectuel – et avoir l’esprit pratique. Dans une lettre à sa femme, il expliquait qu’il était fort déçu d’un missionnaire « tout frais sorti de Glasgow », à qui il avait fait des remontrances, lui disant qu’il aurait « de loin préféré qu’[il] connaisse moins le latin et mieux le cheval, car sans une certaine connaissance des chevaux, un homme était inutile ». Pour recruter des pasteurs, il travailla en étroite collaboration avec son ami le directeur du Manitoba College, John Mark King, mais il s’adressa aussi à d’autres collèges théologiques du Canada ainsi qu’à celui de Princeton et au Union Theological Seminary. Quand il avait trouvé ses pasteurs, il les guidait, les réprimandait, les encourageait et les appuyait ; eux, en retour, l’aimaient, car personne n’était attaché à eux autant que lui et ne connaissait aussi bien les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillaient.
Pour obtenir l’aide financière et les leaders dont il avait besoin, Robertson dut aussi faire comprendre à l’ensemble de l’Église l’importance de l’Ouest et, dans ce but, il se fit missionnaire dans l’Est. Ses constants voyages, ses campagnes de financement, ses rapports, ses discours et les articles qu’il lui arriva d’écrire devenaient autant de moyens d’instruire l’ensemble des fidèles sur l’Ouest, ses promesses et ses revendications. Robertson était un homme d’envergure, qui occupait une grande place dans l’Église, et on le reconnut : en 1888, le collège presbytérien de Montréal lui décerna un doctorat honorifique en théologie, et en 1895, il fut élu modérateur de l’assemblée générale.
À sa mort, le Globe de Toronto rappela ce qu’il avait déjà dit de Robertson : « Aucun homme ne connaît mieux que lui le Nord-Ouest canadien, ses ressources, son développement, ses conditions et ses besoins sociaux, moraux et religieux. » Le comité des missions intérieures expliqua que l’efficacité de Robertson tenait au fait qu’il avait « gagné le respect et la confiance de toutes les classes de la population. Il était connu et vénéré partout, chez les cultivateurs et les éleveurs de bétail comme chez les mineurs, dans les grandes villes comme dans les villages. » À une autre occasion, le comité illustra par une comparaison frappante l’apport de Robertson à la rapide expansion du presbytérianisme dans l’Ouest. Il souligna que du seul consistoire regroupant 4 congrégations et 18 missions qui existait à l’époque où Robertson était devenu surintendant, on était passé à 18 consistoires, regroupant 141 congrégations et 226 missions assurant des services en 1 120 endroits. « Ces résultats remarquables », poursuivait-il, étaient en grande partie attribuables aux « qualités de chef de Robertson, qui [avait gouverné] comme un homme d’État, et à [son] inlassable labeur ».
Malgré le diabète dont il souffrait, James Robertson poursuivit son prodigieux travail jusqu’à sa mort, qui survint à Toronto, à l’âge de 62 ans. Il était néanmoins un homme de l’Ouest, et il fut inhumé au cimetière de Kildonan, à Winnipeg.
AO, RG 80-5, no 1869-002156.— EUC, Manitoba and Northwestern Ontario Conference Arch. (Winnipeg), Biog. file, James Robertson ; Presbyterian Church in Canada, Manitoba Presbytery, minutes, 1875–1884 : Synod of Manitoba and North-West Territories, Home Mission Committee, minute-book, 1884–1902 ; records, 1884–1902.— GRO-E, Dull, reg. of births and baptisms, 24 avril 1839.— Univ. of Manitoba Libraries, Dept. of Arch. and Special Coll. (Winnipeg), mss 56C (W. Gordon [Ralph Connor] papers).— Globe, 6 janv. 1902 : 10.— EPC, Acts and proc., 1882–1902.— C. W. Gordon [Ralph Connor], The life of James Robertson, D.D. (Toronto, 1908) ; Postscript to adventure : the autobiography of Ralph Connor (New York, 1938 ; nouv. éd., introd. de Clara Thomas, Toronto, 1975).— Catherine Macdonald, « James Robertson and Presbyterian Church extension in Manitoba and the north west, 1866–1902 », Prairie spirit : perspectives on the heritage of the United Church of Canada in the west, D. L. Butcher et al., édit. (Winnipeg, 1985), 85–99.— J. S. Moir, Enduring witness : a history of the Presbyterian Church in Canada ([Hamilton, Ontario, 1974 ?]).
Gordon Harland, « ROBERTSON, JAMES (1839-1902) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_james_1839_1902_13F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon Harland |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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