ROBERTSON, JAMES, imprimeur, éditeur de journaux et fonctionnaire, né en 1747 à Stonehaven, Écosse ; décédé le. 24 avril 1816 à Édimbourg.
De son propre témoignage, James Robertson immigra en Amérique du Nord en 1766 ; il y fut rejoint, deux ans plus tard, par son frère Alexander. Pendant un certain temps, après son arrivée, James travailla comme journalier dans l’imprimerie Mein and Fleming, à Boston ; mais, en 1768, il était à New York, où, le 8 mai 1769, il entreprenait avec Alexander la publication du New-York Chronicle. Les deux frères avaient apparemment appris le métier d’imprimeur avec leur père. Un imprimeur concurrent, James Parker, les désignant comme « deux Écossais gâcheurs de papier », condamnait carrément leur travail, mais admettait que, « grâce à beaucoup d’impudence [de leur part] et au parti pris nationaliste de tous les Écossais pour eux », ils avaient rapidement accru le nombre de leurs abonnés. Le journal cessa néanmoins de paraître l’année suivante.
Les Robertson allèrent ensuite s’installer à Albany, dans la colonie de New York, où, favorisés par sir William Johnson*, ils lancèrent l’Albany Gazette, dont le premier numéro parut le 25 novembre 1771 et qui connut une existence éphémère. Deux ans plus tard, tout en conservant leur imprimerie d’Albany, ils formèrent une société avec John Trumbull pour la publication du Norwich Packet, à Norwich, dans le Connecticut. Bien que cette entreprise rapportât « de très beaux profits », ils durent l’abandonner en 1776, « ne pouvant la poursuivre sans la mettre au service de la cause révolutionnaire ». Se concentrant sur leur imprimerie d’Albany, les deux frères publièrent beaucoup d’écrits loyalistes. James affirma plus tard qu’ils avaient été les seuls imprimeurs d’Amérique à appuyer ouvertement la couronne dans une région où il n’y avait pas de troupes britanniques pour les protéger. Leur activité les rendit « odieux aux Américains ». En 1776, James dut s’enfuir à New York tandis qu’Alexander, qui était boiteux, fut jeté en prison avec leur journalier William Lewis* et ne fut échangé qu’en décembre 1777.
À New York, James commença la publication d’un nouveau journal, la Royal American Gazette, qu’il transmit à Alexander quand celui-ci fut libéré, parce qu’il ne croyait pas que cette entreprise pût les faire vivre tous deux. James publia par la suite la Royal Pennsylvania Gazette (Philadelphie) pendant quelques mois, en 1778, et la Royal South-Carolina Gazette (Charleston), de 1780 à 1782. Réunis à New York à la fin de l’occupation britannique de Charleston, les deux frères continuèrent de publier la Royal American Gazette jusqu’en 1783. Ils se joignirent alors à l’exode vers la Nouvelle-Écosse, s’établirent à Shelburne et y relancèrent leur journal. De mars à juillet 1784 au moins, James séjourna en Angleterre, sollicitant de la commission chargée d’examiner les réclamations des Loyalistes une compensation pour les pertes que son frère et lui avaient subies pendant la guerre. Ils estimaient avoir perdu des biens d’une valeur de £650 ; quant au chiffre d’affaires annuel de leur entreprise d’Albany, ils l’établirent à £350. On leur accorda finalement £350.
Après la mort de son frère, en 1784, James Robertson poursuivit pendant deux ans au moins, à Shelburne, la publication de la Royal American Gazette. En 1787, sur l’invitation d’Edmund Fanning, lieutenant-gouverneur de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), il transporta sa presse à Charlottetown. Le 15 septembre, il y publia le premier numéro de la Royal American Gazette, and Weekly Intelligencer of the Island of Saint John, le plus ancien journal de la colonie. Avant l’arrivée de Robertson, il n’y avait pas d’imprimerie dans l’île, si bien que les documents de la chambre d’Assemblée et les lois de la législature n’avaient jamais été publiés. En 1788, non seulement Robertson avait-il fait paraître le Journal of the House of Assembly pour cette année-là, mais il avait aussi commencé l’impression de l’ensemble des lois votées dans la colonie, révisées par le procureur général Phillips Callbeck* et le solliciteur général Joseph Aplin. En plus de s’occuper de son imprimerie, Robertson fut pendant un certain temps maître de poste adjoint et shérif ; il avait aussi pris part aux affaires de Shelburne, où il avait été juge de paix.
En 1788, la chambre d’Assemblée et le Conseil de l’île Saint-Jean, avec l’appui de Fanning, adressèrent une pétition à lord Dorchester [Guy Carleton], dans laquelle ils démontraient le besoin d’une imprimerie dans la colonie et insistaient sur l’incapacité où se trouvait Robertson de subsister « des seuls émoluments et revenus d’icelle ». « Sans une aide gouvernementale quelconque, concluaient-ils, la tentative doit être abandonnée, nos ressources financières publiques étant trop minces et trop insuffisantes pour permettre à la province de payer un salaire ou une rémunération. » Le gouvernement britannique était disposé à donner à Robertson une commission d’imprimeur du roi, mais il hésitait à établir un précédent en attachant un salaire à cette nomination. Incapable apparemment de vivre de ses travaux, Robertson se rendit à Québec en 1789, laissant à son journalier William Alexander Rind le soin de son imprimerie et la poursuite de la publication des lois. Or, en mars 1790, Robertson était en Angleterre, expliquant à la commission chargée d’examiner les réclamations des Loyalistes que le dédommagement qu’on lui avait précédemment versé était insuffisant, la somme ayant apparemment été consacrée à rembourser ses dettes et celles de son frère. Faisant remarquer qu’aucun salaire n’avait été offert pour le poste d’imprimeur du roi à l’île Saint-Jean, il soutint qu’« il ne servirait à rien [audit] pétitionnaire d’accepter cette nomination, d’autant que les conditions de cette colonie naissante ne [lui] permett[aient] pas de maintenir une presse ». Il sollicitait plutôt, comme loyaliste, la gratification annuelle que d’autres imprimeurs réfugiés en Amérique du Nord britannique avaient obtenue, à ce qu’il affirmait. On ignore si sa requête porta fruit. Quelques années après, il s’était installé comme imprimeur et libraire à Édimbourg, où il mourut en 1816.
On possède peu de renseignements sur la vie privée de James Robertson. Sa première femme, Amy, était morte à Norwich le 29 mai 1776 ; sa seconde femme se prénommait Mary. Il ne mentionne pas d’enfants dans ses pétitions à la commission chargée d’examiner les réclamations des Loyalistes ; en 1790, il demanda seulement une compensation « qui lui permît de vivre lui-même, de même que les deux enfants de feu son frère, laissés à sa charge ».
PRO, AO 12/19 ; AO 13, bundles 116, 137 ; CO 226/12 : 190s. ; 226/13 : 222s. ; 226/15 : 13–16.— The papers of Benjamin Franklin, L. W. Labaree et al., édit. (21 vol. parus, New Haven, Conn., [1960]– ), 16 :140 ; 17 :56.— C. S. Brigham, History and bibliography of American newspapers, 1690–1820 (2 vol., Worcester, Mass., 1947).— DAB.— Tremaine, Biblio. of Canadian imprints.— W. L. Cotton, « The press in Prince Edward Island », Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 112–121.— D. C. McMurtrie, The royalist printers at Shelburne, Nova Scotia (Chicago, 1933).— Isaiah Thomas, The history of printing in America, with a biography of printers, and an account of newspapers [...] (2e éd., 2 vol., Albany, N.Y., 1874 ; réimpr., New York, 1972).— E. G. Carroll, « History of printing », Canadian Antiques Collector (Toronto), 8 (1973), no [2] : 43–45. Marion Robertson, « The loyalist printers : James and Alexander Robertson », Nova Scotia Hist. Rev. (Halifax), 3, no 1 (1983) : 83–93.
F. L. Pigot, « ROBERTSON, JAMES (1747-1816) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_james_1747_1816_5F.html.
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Auteur de l'article: | F. L. Pigot |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
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