ROBERTSON, ALEXANDER ROCKE, avocat, juge et homme politique, né le 12 mai 1841 à Chatham, Haut-Canada, second fils d’Alexander Rocke Robertson et d’Effie Eberts ; en 1868, à Chatham, il épousa sa cousine, Margaret Bruce Eberts, et ils eurent sept fils ; décédé le 1er décembre 1881 à Victoria.

Le grand-père d’Alexander Rocke Robertson, qui avait travaillé pendant 30 ans pour l’East India Company au Bengale, et son père étaient tous deux diplômés du Royal College of Surgeons of Edinburgh ; ce dernier immigra à Chatham probablement dans les années 1830. Robertson fréquenta la Caradoc Academy du comté de Middlesex. Étudiant précoce, il entra à l’âge de 16 ans au bureau de l’avocat Alexander D. McLean, à Chatham, où il reçut sa formation complète de clerc avant d’être en âge de passer l’examen de fin d’études. Pour occuper son temps avant d’être admis à l’examen, il passa un trimestre au bureau d’Albert Prince. Reçu au barreau en 1863, Robertson s’associa à Samuel Smith Macdonell, à Windsor.

Peut-être encouragé par son oncle, John Waddell, qui avait immigré en Colombie-Britannique en 1862, Robertson quitta le Haut-Canada pour l’Île-de-Vancouver à la fin de mars 1864. Empruntant la route de Panama avec sa tante et sa cousine, il arriva à Victoria le 14 mai suivant. Mais il découvrit à son arrivée que le Barreau de l’Île-de-Vancouver admettait uniquement des avocats ayant reçu leur formation en Grande-Bretagne et qu’il était donc fermé aux avocats canadiens. Pendant une courte période, Robertson travailla comme directeur d’un journal de Victoria, le Daily Chronicle. Faisant preuve d’un esprit vif et d’une vaste culture, il écrivit une série d’éditoriaux pénétrants critiquant l’étroitesse d’esprit de la confrérie juridique locale. Entre-temps, un autre avocat canadien, George Anthony Walkem*, réussit à briser le monopole britannique en Colombie-Britannique en adressant des pétitions au gouverneur James Douglas* et aux autorités impériales. Après que le projet de loi qui devait permettre l’admission au barreau de l’Île-de-Vancouver des avocats de la colonie, sur un pied d’égalité avec les avocats de formation britannique, eut été bloqué à Victoria, Robertson, perdant patience, déménagea à New Westminster en novembre 1864 et fut immédiatement admis au Barreau de la Colombie-Britannique. En février 1865, le projet de loi ayant enfin été adopté, Robertson fut également inscrit au Barreau de l’Île-de-Vancouver.

Robertson acquit rapidement la réputation d’être un très bon avocat. De 1865 à 1867, il agit régulièrement à titre de procureur de la couronne et d’avocat de la défense lors des sessions de la Cour d’assises qui se tenaient à Barkerville, cela même après qu’il eut déménagé à Victoria en 1866, au moment de l’union des deux colonies. Après la première cause défendue par le jeune avocat, à New Westminster, même le sceptique juge en chef Matthew Baillie Begbie* le félicita pour la manière dont il avait défendu avec succès un Indien accusé de meurtre. Robertson assista à la réunion de fondation de la Law Society of British Columbia, le 22 juillet 1869 ; un des premiers membres de la société, il en devint l’un des plus actifs au sein du conseil. Travailleur et érudit, Robertson se fit une large réputation dans le public, grâce aux succès professionnels qu’il remporta dès le début de sa carrière. En 1867, lors de deux réunions où l’on avait discuté du déménagement de la capitale à Victoria et de l’union de la Colombie-Britannique au Canada, il avait défendu avec brio les deux propositions. Même si la dernière cause rencontra des îlots de forte résistance parmi l’élite de la colonie, Robertson, originaire du Haut-Canada, continua d’appuyer fermement l’établissement d’un lien avec le nouveau Canada.

Robertson commença sa carrière politique en 1870, année où il occupa, le temps d’un mandat, la fonction de maire de Victoria. Après que le gouverneur Anthony Musgrave eut contourné les obstacles qui empêchaient la colonie d’entrer dans la Confédération, Robertson, virtuellement poussé par ses électeurs, vint en tête de liste dans la circonscription d’Esquimalt lors des élections de 1871 pour la formation de la première Assemblée législative provinciale. Le premier ministre John Foster McCreight* choisit Robertson comme secrétaire de la province. Bien qu’il n’occupât ce poste qu’un an, soit le temps que dura le gouvernement de McCreight, Robertson laissa une forte empreinte sur la législation de la province. Travaillant avec John Jessop*, premier surintendant de l’Éducation, il rédigea le Public Schools Act de 1872, qui, s’inspirant beaucoup de la loi et de l’expérience ontariennes, conserva le système d’enseignement public non confessionnel déjà établi en Colombie-Britannique du temps où elle était une colonie. Dans l’opposition en 1873 et 1874, Robertson, ferme partisan de l’octroi de l’aide publique aux niveaux collégial et supérieur, présenta à l’Assemblée deux résolutions proposant la création d’une université provinciale.

Robertson ne fut député que durant un seul mandat. Même pendant l’année où il fut ministre, il continua de pratiquer le droit et, malgré les pressions, il refusa de se représenter en 1875. L’année suivante, il occupa les fonctions de représentant juridique du gouvernement du dominion. En mars 1880, Robertson, avec McCreight et Walkem, représenta la couronne dans le fameux procès d’Ahan McLean, de ses frères et d’Alexander Hare.

En novembre 1880, Robertson accepta une nomination à la Cour suprême de la Colombie-Britannique et établit sa résidence à Kamloops. Cependant, à l’été de 1881, il se blessa au genou au cours d’une baignade et boita tout l’automne. En novembre, quatre médecins de Victoria pratiquèrent l’amputation de sa jambe, mais il ne se remit jamais de cette opération.

Même si la notice nécrologique de Robertson parle de lui comme d’un homme « tranquille, vivant retiré du monde », peut-être par déférence pour sa manière sérieuse et modérée d’aborder la vie politique dure et agitée de cette terre de pionniers, il était connu de ses amis et de sa famille pour son humour et sa vivacité et pour le plaisir qu’il prenait au chant et à la musique. Homme à plusieurs facettes, qui fut pendant des années surintendant de l’école du dimanche de l’église anglicane St John à Victoria, Robertson gagna le respect de ses pairs dans la profession et de ses concitoyens. Issu d’une famille de médecins, il devait être l’initiateur d’une nouvelle tradition familiale puisque deux de ses fils et un de ses petits-fils devaient lui succéder à la magistrature de la Colombie-Britannique.

T. M. Eastwood et Paul Williamson

PABC, B.C., Colonial secretary, Corr. inward : ff.142f, 1816 ; H. B. Robertson, « Alexander Rocke Robertson ».— Cariboo Sentinel, 4 juill. 1867.— Daily British Colonist, 16 févr. 1865, 8 janv., 19 mars 1867, 28 oct. 1871, 1er déc. 1880, 3 nov., 2 déc. 1881, 30 déc. 1882.— Victoria Daily Chronicle, 27 août 1864.— F. H. Johnson, A history of public education in British Columbia (Vancouver, 1964), 44, 74 ; John Jessop : goldseeker and educator ; founder of the British Columbia school system (Vancouver, 1971), 77, 80, 168.— Alfred Watts, « The Honourable Mr. Justice Alexander Rocke Robertson, Justice, Supreme Court of British Columbia, 1880–1881 », Advocate (Vancouver), 25 (1967) : 142s.

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T. M. Eastwood et Paul Williamson, « ROBERTSON, ALEXANDER ROCKE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_alexander_rocke_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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