RATTRAY, WILLIAM JORDAN, journaliste et auteur, né à Londres, en 1835, fils d’Alexander Rattray, décédé à Toronto le 26 septembre 1883.

William Jordan Rattray vint dans le Haut-Canada avec ses parents vers 1848 ; son père s’établit à Toronto en qualité de boulanger. Rattray fit ses études post-secondaires à l’University of Toronto où il se distingua comme conférencier et orateur. Grand érudit, il s’initia à la littérature classique et aux études bibliques avant d’obtenir ses diplômes en 1858, se distinguant en sciences naturelles et en histoire de la philosophie. Plutôt que d’entrer dans le monde des affaires, il se consacra au journalisme.

Les premiers essais de Rattray dans le domaine littéraire sortirent dans le Grumbler de Toronto où tous les articles paraissaient sous le couvert de l’anonymat ; ce journal spirituel et satirique fut publié entre la fin des années 1850 et le début des années 1860. Par la suite, Rattray publia la plupart de ses articles à caractère littéraire dans le Mail de Toronto, à titre de membre important de la rédaction. Chaque samedi, il signait dans ce journal une rubrique portant sur des sujets religieux et des questions morales, en plus d’écrire d’autres articles dans lesquels il attaquait l’agnosticisme et l’incrédulité. Plusieurs de ses articles parurent aussi dans le Belford’s Monthly Magazine : a Magazine of Literature and Art et dans la Rose-Belford’s Canadian Monthly and National Review, à la fin des années 1870 et au début des années 1880.

La grande variété de ses intérêts – dont plusieurs notices nécrologiques font état – ressort nettement dans les articles de Rattray. Ceux-ci comportent d’abondantes citations des auteurs classiques et de la Bible et laissent supposer qu’il avait beaucoup lu sur les sciences de l’époque. Il était également bien au fait de la pensée philosophique et religieuse de son temps, comme il ressort avec évidence de ses discussions relatives à la question alors controversée de l’évolution biologique. Il s’intéressait aussi beaucoup à la politique et à l’histoire canadiennes.

Bien que Rattray publiât ses articles à côté de ceux de personnages aussi éminents que George Monro Grant* et John George Bourinot*, son ouvrage le plus important reste The Scot in British North America, publié en quatre volumes de 1880 à 1884. En y travaillant, Rattray faisait ressortir les origines de son père, même s’il n’avait jamais vu lui-même l’Écosse. Le premier volume, dont la préface se porte à la défense des Écossais en s’attaquant aux brocards et aux critiques dont ils étaient généralement l’objet, comprend un bref exposé philosophique sur le patriotisme et le nationalisme, suivi d’une courte histoire de l’Écosse, et a pour conclusion un récit de l’arrivée des premiers Écossais en Amérique du Nord britannique. Les deuxième et troisième volumes portent sur l’activité des Écossais dans la vie publique, le troisième volume s’attachant surtout aux Maritimes et se terminant par une enquête sur l’apport des Écossais dans le domaine des professions libérales (enseignement, droit et clergé). Dans le quatrième volume, l’auteur traite de la présence active des Écossais dans le Nord-Ouest, et le chapitre final est consacré aux Écossais qui ont fait leur marque dans le journalisme. Avant d’avoir fini son dernier volume, Rattray mourut d’une longue maladie, douloureuse et débilitante, de sorte qu’« une autre main » dut achever l’ouvrage. On ne connaît malheureusement ni l’identité ni l’apport de celui qui fit ce travail. Cet ouvrage faisait peut-être partie d’une collection sur les groupes ethniques dont l’éditeur torontois Thomas Maclear* avait formé le projet. The Irishman in Canada, de Nicholas Flood Davin*, avait paru en 1877, mais aucun autre ouvrage ne semble avoir été publié après celui de Rattray. Écrit dans une langue qui ne correspond plus au goût de la fin du xxe siècle, l’ouvrage imposant de Rattray mérite néanmoins d’être reconnu comme le premier sur les Écossais publié au Canada : Rattray donnait ainsi l’exemple et il fut suivi en cela par plusieurs autres.

D’un style qui, au lecteur moderne, paraît lourd et ampoulé, du fait surtout de l’abus des citations, Rattray fut néanmoins, de son temps, considéré comme l’un des premiers écrivains du Canada. Une notice nécrologique du Winnipeg Daily Times affirmait que, Goldwin Smith* mis à part, « il était l’écrivain le plus talentueux du Canada » ; de son côté, le Mail de Toronto notait ceci : « Avec lui disparaît un rare fonds d’érudition et de compétence. Il laisse un nom que n’ont entaché ni un acte répréhensible ni une parole mensongère. » Très retiré, ayant peu d’amis intimes, Rattray échappe à toute recherche de renseignements sur sa vie et son activité.

W. Stanford Reid

William Jordan Rattray est l’auteur de The Scot in British North America (4 vol., Toronto, 1880–1884) et collabora au Belford’s Monthly Magazine : a Magazine of Literature and Art (Toronto), 1 (déc. 1876–mai 1877)–3 (déc. 1877–mai 1878), et à la Rose-Belford’s Canadian Monthly and National Rev. (Toronto), 1 (juill.–déc. 1878)–8 (janv.–juin 1882).

      Toronto Daily Mail, 28 sept. 1883.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Dominion annual register, 1883.— Wallace, Macmillan dict.

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W. Stanford Reid, « RATTRAY, WILLIAM JORDAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rattray_william_jordan_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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