PRYOR, WILLIAM, capitaine de navire, homme d’affaires et fonctionnaire, né à New York en 1775, fils d’Edward Pryor et de Jane Vermilye ; le 19 mars 1798, il épousa Mary Barbara Voss ; décédé à Halifax le 4 septembre 1859.

Loyaliste, la famille Pryor quitta New York pour venir s’établir à Halifax en 1783. Le grand-père de William Pryor était maître charpentier quand il arriva en Amérique. Il abandonna rapidement cette occupation pour se lancer avec beaucoup de succès dans le commerce, tout comme son fils Edward. William, qui était le plus jeune des trois fils d’Edward, s’adonna au commerce, à l’instar de ses frères, et il apprit le métier de capitaine de navire au cours des années 1790 en faisant du commerce dans les Antilles. La tradition veut que William ait passé quelques années à la Guadeloupe comme prisonnier des Français au début de sa carrière et qu’il ait été, au moins quelque temps, capitaine d’un corsaire de la Nouvelle-Écosse. Vers 1800, il établit ses locaux rue Water d’où il exploita un commerce général. Au début, son chiffre d’affaires fut plutôt modeste et il travailla beaucoup dans l’ombre de son frère aîné John. Toutefois, la prospérité qu’il connut pendant les guerres napoléoniennes lui permit, en 1816, de consacrer £587 à l’achat d’une terre située sur les rives du bras Northwest à Halifax. Au cours des années subséquentes, cette propriété se transforma en un très beau domaine nommé Coburg.

C’est surtout après la guerre de 1812 que Pryor connut la notoriété, et elle était due en partie au décès de son frère John en 1820 et à celui de son père en 1831. À la suite d’héritages et d’acquisitions, il devint propriétaire d’un vaste domaine donnant sur la mer, qui fut connu plus tard sous le nom de Dominion Wharf. On peut se rendre compte de l’importance des activités commerciales de Pryor en examinant les permis que lui délivrait le bureau local des douanes et qui l’autorisaient à réexporter des marchandises apportées à Halifax. En 1833, par exemple, la William Pryor and Company envoya 41 navires, la plupart dans des ports avoisinants, situés en Amérique du Nord britannique. Leurs cargaisons comprenaient, entre autres, 33 294 gallons de rhum et 2 911 quintaux de sucre. Pryor ne se classait pas parmi les principaux armateurs, mais, de 1821 à 1856, il eut des intérêts dans 25 navires totalisant 3 510 tonneaux. De tous les bâtiments, il préférait le brick, navire particulièrement bien adapté au transport dans les Antilles et entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord britannique. Ordinairement, les navires de la compagnie faisaient la navette entre Halifax et les ports des autres provinces Maritimes, mais Pryor leur fit aussi entreprendre des périples plus longs et d’un caractère plus spéculatif. Ainsi, à la fin des années 1820, son brick Rival partit de Halifax, se rendit au Brésil, puis au cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et à l’île Sainte-Hélène, et revint au Brésil. Ensuite, le navire fit voile pour Gibraltar, Livourne, en Italie, et Marseille, en France, puis mit le cap sur Québec et, par la suite, sur l’île du Cap-Breton. Enfin, deux ans après avoir quitté Halifax, le Rival revint à son point de départ. Au cours de tels voyages, l’achat et la revente d’une grande variété de marchandises rapportaient à Pryor des gains s’élevant à plus de £2 000. La compagnie subissait aussi des pertes, mais, à tout prendre, Pryor s’assura un revenu substantiel grâce au transport maritime et au commerce de marchandises générales. En 1830, il consolida encore davantage sa fortune lorsqu’il obtint le contrat pour approvisionner en rhum la garnison de Halifax. Comme ses activités prenaient de plus en plus d’importance, Pryor fit entrer dans sa compagnie ses trois fils et son gendre comme associés.

En tant qu’homme d’affaires, Pryor avait pris sa meilleure décision en 1825, en investissant £5 000 dans la Halifax Banking Company, ce qui fit de lui un des huit associés fondateurs de cet établissement bancaire. Ce placement lui rapporta annuellement des dividendes s’élevant jusqu’à 20 p. cent du capital investi et lui permit de devenir membre du cercle exclusif formé par les marchands de Halifax. Le remarquable esprit d’initiative dont faisait preuve Pryor ressort aussi du fait qu’il fit partie de l’exécutif de la Halifax Commercial Society de 1815 à 1830. Au cours des années 1830, il fut président de la Halifax Fire Insurance Company et de la Nova Scotia Marine Insurance Company. Il fut aussi membre du conseil d’administration de l’éphémère Shubenacadie Canal Company et prit la tête du mouvement visant à faire de Halifax une base pour la chasse à la baleine. En 1854, après avoir exercé longtemps la fonction de vice-président de la Halifax Banking Company, Pryor succéda à Henry Hezekiah Cogswell à la présidence de cet établissement.

Bien que relativement restreinte, la participation de Pryor aux affaires courantes de la communauté fut néanmoins marquée par quelques controverses. Ainsi, en 1826, il démissionna de son poste de marguillier et cessa d’appartenir à la congrégation St Paul après qu’il eut été désavoué, avec d’autres chefs de file laïques, par l’évêque John Inglis*, à la suite d’une querelle au sujet du choix d’un nouveau rector [V. John Thomas Twining]. Bien qu’il n’ait jamais été juge de paix, Pryor jouissait de la confiance du lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland et, en 1831, il fut nommé à la toute récente commission chargée de surveiller le service de pilotage dans le port de Halifax. Grâce à ses fonctions, à ses biens et à ses relations familiales, Pryor devint membre de l’oligarchie dirigeante. Par conséquent, il s’opposa au mouvement de réforme qui se manifesta au cours des années 1830 et de la décennie qui suivit. Bien qu’il n’ait jamais été une figure dominante dans la lutte contre le gouvernement responsable, il signa plusieurs pétitions visant à protester contre un changement de régime politique. Considéré comme un symbole de l’ancien régime [V. Richard Tremain], surtout en raison de son activité dans les milieux bancaires, il fut écarté des emplois publics à l’avènement de la réforme, mais conserva la position centrale qu’il occupait au sein de l’élite commerciale de Halifax.

William Pryor laissa une succession évaluée à £39 000, la plus grande partie de ses biens étant constituée d’immeubles dans la ville de Halifax. N’ayant jamais participé à des œuvres philanthropiques, il légua tout ce qu’il possédait aux membres de sa famille. Chacune de ses trois filles, toutes avantageusement mariées, reçut une petite rente, mais c’est à ses trois fils qu’il laissa le gros de sa fortune. Son fils aîné, William*, continua le commerce familial et devint plus tard président de la Halifax Banking Company. Par conséquent, on peut considérer William Pryor père comme un cas type de l’émergence d’un capitalisme familial et autochtone dans le Halifax du début du xixe siècle.

David A. Sutherland

BLHU, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 11 : 240 ; 12 : 745.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, no 867 ; Wills, 4 : fo 15 ; 6 : fo 420 ; P92 (William Pryor) (mfm aux PANS).— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, 22 : fo 346 ; 32 : fo 452 ; 37 : fo 431 ; 42 : fo 443 (mfm aux PANS).— MHGA, Atlantic Canada Shipping Project, « Halifax shareholders’ file », E. [W.] Sager, compil.— PANS, RG 1, 244, no 103 ; 290, no 1 ; 311, no 63 ; 314, no 26 ; RG 5, P, 121, 20 févr. 1830 ; RG 31-104, 12–14, Customs House permits, 1831–1833.— Acadian Recorder, 9 déc. 1820, 15 févr. 1823, 3 sept. 1825, 22 nov. 1828, 10 sept. 1859.— Journal (Halifax), 14 août 1834.— Morning Chronicle (Halifax), 6–8 sept. 1859.— Novascotian, 16 mars 1831, 25 janv. 1832, 7 janv. 1836, 30 sept. 1850.— Belcher’s farmer’s almanack, 1824–1859.— W. E. Boggs, The genealogical record of the Boggs family, the descendants of Ezekiel Boggs (Halifax, 1916), 81.— [T. B. Akins], History of Halifax City (Halifax, 1895 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 93.— J. W. Regan, Sketches and traditions of the Northwest Arm (illustrated) and with panoramic folder of the Arm (2e éd., Halifax, 1909), 14–16.

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David A. Sutherland, « PRYOR, WILLIAM (1775-1859) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pryor_william_1775_1859_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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