Power, Richard L., horticulteur et jardinier paysagiste, né le 6 avril 1841 à Lismore (république d’Irlande), fils de John Power, jardinier, et de Catherine Morrissey ; le 28 mai 1866, il épousa à Halifax Ann Phelan (décédée le 9 octobre 1888), et ils eurent neuf enfants, puis le 21 juin 1890, au même endroit, Mary Ryan (décédée le 15 août 1905), et ils eurent trois enfants, et finalement le 5 juin 1906, à Kentville, Nouvelle-Écosse, Elizabeth A. Larkin, née Sutton (décédée le 23 octobre 1928), et ils eurent deux enfants ; décédé le 20 juillet 1934 à Halifax et inhumé au cimetière Mount Olivet.
Vers 1856, Richard L. Power, surnommé Dick, commença un apprentissage aux jardins du château de Lismore, que sir Joseph Paxton restaurait alors avec démesure pour le compte de William George Spencer Cavendish, 6e duc de Devonshire. Power travaillait sous les ordres du chef jardinier Patrick Keane, et finirait par diriger les services des plantes et du forçage. Lismore périclita après la mort du duc et Power décida de chercher de meilleures perspectives d’avenir. Il avait la ferme intention de quitter l’Irlande ; il reçut l’appui de William Chearnley, officier de l’armée à la retraite et résident de longue date de Halifax, dont le domaine familial, Salterbridge, était contigu à Lismore.
Power arriva à Halifax en avril 1864, avec en main une lettre de recommandation de Keane, qui prônait les « manières obligeantes et la stricte attention au […] travail » du jeune jardinier, et notait qu’il avait « très bien réussi et [avait été] très attentif à tout [ce qui était] sous sa responsabilité ». Power se rappellerait que « c’était le bon temps à cause de la guerre américaine [et qu’]il y avait beaucoup de travail ». On lui confia tout de suite la direction de la Thornfield Nursery de Thomas Leahy, une pépinière dynamique qui offrait « la plus grande et la plus précieuse réserve de plantes de serre chaude et d’autres variétés » de la ville. En 1866, il s’installa à New York afin de participer comme contremaître au projet de Central Park de Frederick Law Olmsted, alors dans ses dernières phases ; en 1868, il était déjà de retour en Nouvelle-Écosse et travaillait à la Halifax Nursery de Herbert Harris.
Être employé en floriculture commerciale n’était guère à la mesure de la formation, de l’expérience ou de l’ambition de Power, mais aucune meilleure occasion ne se présenterait avant la mort de Nicholas Shea, conservateur du Halifax Common, le 16 mai 1872. Power fut engagé dans la même semaine, mais son entrée en fonctions démarra mal. Étant « de nature superstitieuse » – et peut-être déstabilisé par sa chance soudaine –, il souffrit de dépression nerveuse et prétendit, selon un article paru dans l’Acadian Recorder, qu’il était hanté par « l’ombre de Shea, armé d’un bâton, et accompagné d’un chien, marchant dans le parc en pleine nuit ». En octobre, il fut admis au Nova Scotia Hospital for the Insane à Dartmouth ; sa femme, en proie à une dépression postnatale, l’y rejoindrait deux jours plus tard. Ils ne restèrent cependant pas longtemps à l’hôpital, et ni la détermination de Power ni son équanimité ne fléchiraient par la suite.
En 1867, grâce à l’initiative du conseiller municipal John McCulloch et à l’approbation du juge en chef sir William Young*, un jardin public de deux acres avait été établi en bordure du South Common, à Halifax, juste au-dessous de Citadel Hill. L’entreprise eut tout de suite beaucoup de succès auprès des citoyens, désireux d’avoir le genre de parc ou de place publique qui, à l’époque victorienne, donnait à une communauté un caractère à la fois cosmopolite et progressiste. Néanmoins, le nouvel espace public tarda à prospérer, géré comme il l’était par un comité du conseil municipal responsable de tout le terrain communal et qui, en 1868, décréta que le jardin naissant devait être entièrement ensemencé de foin.
En 1873, sous la direction de Power, un jardin de ville ressuscité commencerait lentement à prendre forme, d’abord grâce au drainage, au défrichage et à une préparation appropriée du sol ; l’année suivante, des allées et des parterres de fleurs à la française furent créés d’après un plan d’aménagement paysager conçu par Power et établi par l’ingénieur municipal Edward Henry Keating. Le conseil municipal alloua 2 000 $ au projet et, en août, l’ouverture des Public Gardens fut un grand succès. L’insolvable Nova Scotia Horticultural Society avait décidé d’abandonner les efforts qu’elle déployait depuis longtemps pour entretenir son jardin botanique adjacent, qui dépendait des droits d’entrée ; vers le milieu de l’année 1874, la société avait convaincu le conseil municipal d’acheter la propriété pour la somme de 15 000 $. Les deux jardins furent alors réunis sous la direction d’un conseil des commissaires, entraînant une période d’ajustement pénible durant laquelle des membres mécontents de la société, des conseillers inquiets et des citoyens enthousiastes surveillèrent de près la façon dont 16 acres de terrain municipal de premier ordre, déjà une source de fierté pour la ville, étaient gérés.
L’agitation était à son comble en juin 1875, quand le conseil municipal lança une enquête d’un mois sur l’administration générale de la nouvelle entreprise, que la presse locale commenterait longuement. Des accusations relatives à « un style de gestion très relâché, men[ant] très sérieusement à la conclusion que M. Richard Power [était] inapte [à assumer] le poste de directeur », furent aussi examinées. Appelé à témoigner, Power clama son innocence ; l’abandon des accusations et la publication d’excuses mirent fin à cette bagarre insignifiante. En 1880, des journaux de Halifax déclaraient que sous sa direction « inlassable et diligente », les jardins étaient « considérés à juste titre comme l’une des rares choses pour lesquelles l’argent des contribuables était dépensé de manière satisfaisante » et que « les étrangers qui [les] avaient visités […] les disaient agencés avec plus de goût que n’importe quel autre sur ce continent ».
Les années 1880 et 1890 furent l’âge d’or des jardins. Power avait créé un remarquable modèle indigène du jardin paysager anglais. Le panorama d’arbres, de fleurs, d’arbustes, de pelouses soigneusement entretenues et de sentiers était mis en valeur par des groupes de plantes tropicales rares, la meilleure collection de fougères indigènes de la province et des massifs surélevés caractéristiques, formés de motifs floraux complexes. La tradition anglaise insistait sur l’importance des terrains d’agrément pour la détente et le bien-être, surtout pour la classe ouvrière, et Power travailla inlassablement avec le conseil pour accomplir cet objectif. Chaque année, des milliers de citoyens profitaient de concerts donnés deux fois par semaine par la fanfare du régiment, d’un terrain de jeux pour enfants, d’une patinoire et d’une salle de danse publiques, et, lors d’occasions spéciales, de feux d’artifice, d’éclairages électriques et d’ascensions en ballon. Power comprenait le rôle que les jardins pouvaient jouer dans le développement du sentiment de fierté civique. Des célébrations publiques furent organisées en l’honneur de visiteurs de marque tels que le marquis de Lorne [Campbell*] en 1880, lord Minto [Elliot*] et lady Minto [Grey] en 1894, et lord Aberdeen [Hamilton-Gordon] et lady Aberdeen [Marjoribanks] en 1895, ainsi que pour souligner des événements nationaux, comme la répression de la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*]. Des monuments furent aussi érigés pour commémorer des événements impériaux importants : le kiosque à musique (conçu par Henry Frederick Busch*), à l’occasion du jubilé d’or de la reine Victoria en 1887, la fontaine de son jubilé de diamant en 1897, et la fontaine commémorative de la guerre des Boers en 1903.
La curiosité scientifique de Power et sa détermination à instruire ses concitoyens étaient typiques de l’époque victorienne. Dans une lettre adressée au président du conseil des commissaires du parc, en 1885, il proposa que les plantes soient étiquetées « de manière à ce que toute personne intéressée […] puisse les étudier sur place ». Au début du xxie siècle, les Public Gardens porteraient encore la marque de sa conviction selon laquelle « les plus beaux effets scéniques qui puissent être obtenus par le travail de culture devraient être ceux qui imitent le mieux la nature. Lorsqu’il est possible de travailler avec les arbres et les arbustes naturels du pays, ils ne devraient pas être touchés, à moins que ce soit pour leur donner davantage de liberté pour leur croissance et leur développement. » À partir des années 1870, Power avait dirigé la plantation d’arbres d’ombrage le long des principales voies de passage qui divisent en deux et bordent les bandes de terrain occupées par les North et South Commons ; la réputation durable de « ville d’arbres » de Halifax est un legs direct de ce travail.
Les fonds d’exploitation furent problématiques, parce que la subvention annuelle de la ville ne fut jamais suffisante. Au début, la vente de plantes à repiquer, de légumes, d’arbres excédentaires et d’oies permit d’amasser des fonds supplémentaires ; ces efforts cessèrent lorsque des accusations de traitement préférentiel déclenchèrent l’enquête publique. Par la suite, des revenus seraient générés par la vente de billets de concert et d’herbe, ainsi que par les frais de location de pâturages, de la patinoire et des courts de tennis sur gazon ; les jardins et les terrains communaux pouvaient également être utilisés pour des spectacles de cirque, des expositions et des épreuves d’athlétisme.
Power fit preuve, en grande partie, de modération financière et entretint des relations harmonieuses avec le conseil des commissaires. En 1884, ces derniers lui payèrent un voyage de six semaines en Irlande, en Écosse et en Angleterre, afin qu’il puisse « voir et apprendre comment les parcs et les jardins [étaient] administrés là-bas ; et dans l’espoir de pouvoir embellir les [leurs], au fil des ans ». Il fut impressionné par « les grands progrès du repiquage de toutes sortes de plantes, de la mosaïculture, des rocailles subtropicales et alpines », et il rapporta de nombreux spécimens. Une visite à Boston, en 1895, fut décevante et moins fructueuse ; Power dit n’avoir « rien vu d’important », à l’exception de l’Arnold Arboretum.
Avec le xxe siècle vinrent des changements visibles dans le goût des gens. Les concerts attirèrent moins de monde et les efforts pour mettre sur pied un petit jardin zoologique suscitèrent peu d’intérêt. Les pressions sur la subvention d’exploitation furent de plus en plus fortes, tandis qu’on réclamait l’embellissement des autres parcs, squares et places publiques de la ville. L’appui des citoyens et les moyens pour l’entretien général des jardins diminuèrent encore pendant la Première Guerre mondiale, situation qui coïncida avec le départ à la retraite de Power, en mai 1917. Après 45 années de service, on lui alloua une pension annuelle de 1 000 $ et il reçut en location viagère le pavillon du directeur, caractérisé par ses murs en briques rouges.
Richard L. Power céda sa place à son fils Richard Lawrence Power, dont il avait supervisé la formation pendant plusieurs années. Il sembla au début que les jardins pourraient être revitalisés, mais ce dernier mourut subitement en 1921 et fut remplacé par W. H. Hall ; le déclin se poursuivrait jusqu’à ce que le plus jeune fils de Power, George, devienne directeur en 1946. Power, le « grand spécialiste du jardinage » de Halifax, vécut dans le pavillon jusqu’à sa mort, en 1934, prodiguant régulièrement des conseils horticoles et veillant sur ses chers jardins, « le seul et unique objet de ses pensées ».
Une bonne photographie de Richard L. Power, prise à l’extérieur devant les Public Gardens, à Halifax, dans un contexte non officiel, probablement pendant les années 1920, a été publiée à quelques occasions dans des journaux de cette ville, notamment avec sa notice nécrologique dans le Halifax Mail, 21 juill. 1934 : 3. Aucun dossier d’homologation de testament n’a été trouvé.
Halifax Regional Municipality Arch., 102-7, ser. 7A, 1874–1940 ; 7B, 1914–1934.— NSA, MG 100, vol. 88, no 8.7 (liste des organisateurs de la Halifax Horticultural Society Gardens) ; vol. 209, no 32 (documents Richard Power), no 33 (documents de famille), no 33b, no 33k (lettres de référence) ; « Nova Scotia hist. vital statistics », Halifax County, 1934 : www.novascotiagenealogy.com (consulté le 14 mai 2010).— Acadian Recorder (Halifax), 23 oct. 1872.— Evening Echo (Halifax), juin 1925.— Halifax, City Council, Annual report of the several departments of the city government of Halifax, Nova Scotia (Halifax), 1871–1922.— N.-É., Statutes, 1875, c.45.— Alex Wilson, « The Public Gardens of Halifax, Nova Scotia », Journal of Garden Hist. (Londres), 3 (1983) : 179–192.
Lois K. Yorke, « POWER, RICHARD L. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/power_richard_l_16F.html.
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Auteur de l'article: | Lois K. Yorke |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2016 |
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