PONEKEOSH (Bonekeosh), chef mississagué de la tribu des Sauteux, né vers 1810–1820, probablement à la rivière Mississagi, Haut-Canada, ou dans les environs ; décédé en 1891.

On ne sait rien des antécédents ni de la jeunesse de Ponekeosh. Il était l’un des chefs ou « Hommes principaux » des groupes de familles indiennes qui chassaient, pêchaient et trappaient sur la rive nord et dans l’arrière-pays des lacs Huron et Supérieur. En raison de leur connaissance du français et de l’anglais, beaucoup de chefs sauteux jouaient le rôle de médiateurs, d’interprètes, de capitaines de traite et d’entrepreneurs, et le gouvernement les considérait souvent comme des leaders « naturels ». Homme capable, semble-t-il, Ponekeosh ne comprenait peut-être pas les langues européennes ni l’univers de l’homme blanc. Toutefois, en 1850, il avait une renommée assez grande pour être reconnu comme chef dans les négociations qui menèrent à la conclusion du traité entre William Benjamin Robinson*, représentant de la province du Canada, et les Indiens qui vivaient sur la rive nord du lac Huron.

À la fin des années 1840, les gisements de cuivre du pourtour des lacs Huron et Supérieur faisaient l’objet d’une exploitation intensive, car les Blancs avaient pris conscience du potentiel économique de la région. Entre les mineurs et les Indiens, l’arpentage et l’utilisation des terres étaient cause de tensions de plus en plus vives. En novembre 1848, elles débouchèrent sur un affrontement à la mine de la Compagnie de Montréal pour l’exploitation minière à la baie Mica. L’année suivante, le gouvernement institua une commission d’enquête sur les revendications territoriales des Indiens, dont le rapport servit de base au traité de 1850. Ponekeosh prit part aux négociations du début de septembre 1850 à Sault-Sainte-Marie et signa le traité au nom de la bande de la rivière Mississagi, mais il ne figurait pas parmi les principaux porte-parole des Indiens. En vertu de la section du traité qui s’intitulait « Nomenclature des réserves », la bande de la rivière Mississagi se voyait attribuer les terres situées en bordure du lac Huron, entre les rivières Mississagi et Blind, et dont la limite nord était les « premiers rapides ».

Les bandes indiennes touchèrent bientôt la plus grande partie des paiements en nature promis par le traité, mais l’arpentage des réserves fut plus long à se faire. Les 11 et 12 septembre 1852, l’arpenteur John Stoughton Dennis*, son équipe et John William Keating du département des Affaires indiennes arrivèrent à la rivière Mississagi pour déterminer la limite nord de la réserve. Comme Ponekeosh était absent, Dennis et Keating attendirent son retour avant de prendre une décision. Entre-temps, ils reconnurent le terrain et commirent une grave erreur. Dennis constata que les premiers grands rapides de la Mississagi se trouvaient à 16 ou 18 milles du lac Huron, mais il se trompa sur l’emplacement de la Blind et conclut que la réserve serait beaucoup plus vaste que ne le prévoyait le traité. À son retour, Ponekeosh décrivit correctement, semble-t-il, le secteur prévu par le traité, mais Dennis n’en conclut pas moins qu’il n’était pas certain « des points entre lesquels il avait voulu inclure sa réserve » et le convainquit d’accepter un territoire plus petit. Dans son rapport, il déclara que Ponekeosh avait dit qu’il était « contenté ». Cependant, si Ponekeosh avait compris qu’il acceptait un territoire nettement plus petit, il est peu probable qu’il aurait été satisfait. On marqua ensuite la limite nord de la réserve ainsi réduite. Ponekeosh, dit-on, céda tout le territoire à la couronne en 1865. Une bonne partie des terres furent arpentées, subdivisées et vendues à la fin du xixe siècle.

Peu après la mort de Ponekeosh, en 1891, son successeur soumit aux autorités, au nom des Mississagués, une carte indienne exacte qui illustrait la région qu’avait réclamée Ponekeosh en 1850 et 1852, et il demanda une étude des limites de la réserve. Il y eut bien une enquête, mais les bureaucrates conclurent, presque uniquement sur la foi des documents de Dennis, que la bande avait tort. Rien d’autre ne fut fait. La bande souleva de nouveau la question dans les années 1970. Une enquête approfondie et indépendante a eu lieu dans les années 1980, et en 1989 des négociations sont en cours dans le but de satisfaire à la requête initiale de Ponekeosh, comme la couronne s’y était engagée dans le traité.

Bien que Ponekeosh n’ait pas eu le prestige de Tecumseh* ou de Gros Ours [Mistahimaskwa*] aux yeux des Blancs, son expérience des promesses de la couronne aussi bien que du progrès de l’exploitation industrielle et de la colonisation a valeur d’exemple en ceci qu’elle ressemble à celle d’autres chefs indiens. La lutte que la bande a menée par la suite pour conserver la maîtrise de ses terres, maintenir sa cohésion et perpétuer ses coutumes témoigne de la ténacité des autochtones.

David T. McNab

AN, RG 10, A5, 189, R. Bruce à George Ironside, 22 juill. 1851 ; B3, 7751, file 27013-6, part. 1 ; D10, vol. 1844, treaty 61.— AO, MS 4, W. B. Robinson, diary, 19 avril–24 sept. 1850 ; MU 1464, report of commissioners, A. Vidal and T. G. Anderson, 1849 : 11 ; RG 1, A-I-1, 66, J. W. Keating à R. Bruce, 2 déc. 1852, with attachment.— Ontario, Ministry of Natural Resources, Survey Records Office (Toronto), J. S. Dennis, report diaries and field notes, vol. 1 (1851)–2 (1853) ; Instructions for crown surveys, bock 5 (1844–1861) : 101, 140–142, 204–208.— Canada, Indian treaties and surrenders [...] [1680–1906] (3 vol., Ottawa, 1891–1912 ; réimpr., Toronto, 1971), 1.— E. S. Rogers, « Southeastern Ojibwa », Handbook of North American Indians (Sturtevant et al.), 15 : 760–771.— [J.] D. Leighton, « The compact tory as bureaucrat : Samuel Peters Jarvis and the Indian Department, 1837–1845 », OH, 73 (1981) : 41–43 ; « The development of federal Indian policy in Canada, 1840–1890 » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ont., London, 1975), 163.— L. C. Hansen, « Chiefs and principal men : a question of leadership in treaty negotiations », Anthropologica (Sudbury, Ontario), à paraître.

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David T. McNab, « PONEKEOSH (Bonekeosh) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ponekeosh_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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