PINAUD (Pinolt, Pineau, Pinault), NICOLAS, marchand, entrepreneur en pêcherie, seigneur, marguillier, un des directeurs de la Compagnie de la Colonie, né dans la paroisse de Saint-Michel de Carcassonne aux environs de 1665, fils de Jean Pinaud et de Françoise Daret (Dazé), « honorable femme », et inhumé à Québec en août 1722.

La carrière de Pinaud en Nouvelle-France et celle de Charles Perthuis, son associé en maintes occasions, ont suivi des lignes quasi parallèles. Ils unirent leurs efforts pour l’exploitation d’entreprises commerciales, se marièrent à peu d’années d’intervalle (Pinaud en 1693 et Perthuis en 1697) et se suivirent dans la tombe en moins de six mois. L’élite de la colonie, fût-elle du monde de la politique ou des affaires, assistait, comme elle le fera plus tard pour Perthuis, à la signature du contrat de mariage de Pinaud avec Louise Douaire de Bondy, veuve de Pierre Allemand*. Ce contrat, signé le 9 janvier 1693, précise que Pinaud était alors un homme d’environ 28 ans, et qu’il habitait chez Mathieu-François Martin de Lino. Il n’existe aucune indication que des enfants soient nés de ce mariage, mais l’on sait qu’en 1710 les époux Pinaud firent une donation à Marie Élisabeth Waber qu’ils avaient délivrée des mains des Abénaquis en 1702. L’épouse de Pinaud, qui survécut de nombreuses années à son mari, mourut quelque temps avant le 1er avril 1746.

L’activité commerciale de Pinaud s’exerça dans des domaines nombreux et variés. Il était en 1693, année de son mariage, l’agent de Guillaume Maret de Bordeaux ; l’année suivante il arma des navires pour le commerce de la baie d’Hudson. En 1696, il se lança dans l’industrie de la pêche, entreprise qu’il poursuivit au-delà de l’année 1700. En cette même année 1696, il faisait le commerce du tabac avec un dénommé Pierre Dubuc de la ville de Bayonne où Charles de Couagne était son chargé d’affaires.

Lors de la formation de la Compagnie de la Colonie, Pinaud se porta acquéreur d’actions pour la somme de 1 000#. Par la suite il devint un des directeurs de la compagnie et en 1708, avec Perthuis et René-Louis Chartier de Lotbinière, on le chargea de tenter le recouvrement des créances de la société en faillite. Au début du siècle il était le représentant de Pierre Peire en Nouvelle-France. Plus tard, en 1712, il remplit la même fonction pour Denis Riverin, l’agent de la Compagnie de la Colonie en France.

Après la mort de François Hazeur, Pinaud fut chargé de régler la succession. Le Conseil supérieur, auquel on soumettait des cas litigieux, réclama à plusieurs reprises ses services en qualité d’arbitre pour évaluer des successions ou des marchandises. Les appels répétés que le conseil fit à ses bons offices témoignent de la confiance qu’on plaçait en son jugement. En 1708 l’intendant Jacques Raudot réclama une gratification pour permettre à Perthuis et à Pinaud de fonder une « Bourse des Marchands ». Il n’en résulta rien immédiatement, mais, en 1717, celle-ci était fondée.

En 1695, Pinaud loua, rue Notre-Dame (Sous-le-Fort) une maison que sa femme habita jusqu’à sa mort. Il se porta aussi acquéreur d’une propriété, rue Porche, qu’il loua à la Compagnie de la Colonie en 1702 ; cette pratique était alors courante chez les actionnaires et les directeurs de la compagnie. Dans un but de spéculation, il acheta en 1714 une maison, sise rue Saint-Paul à Montréal, qu’il revendit neuf mois plus tard. À la suite de la saisie effectuée contre Charles Aubert de La Chesnaye, il s’était porté acquéreur de la seigneurie de l’île Percée en 1709.

Pinaud mourut à l’âge de 57 ou 58 ans et fut inhumé à Québec le 19 août 1722. Il semble que bien peu de ses papiers aient été conservés. Si l’on exclut les documents concernant les propriétés, l’inventaire des biens de sa veuve, dressé en août 1746, ne fait mention que d’un petit nombre de documents se rapportant à Pinaud.

Cameron Nish

AJQ, Greffe de Louis Chambalon ; Greffe de François Genaple.— AN, Col., C11, 3, f.468.— AQ, NF, Coll. de pièces jud. et not., 1 433.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 193839 et 194748.— Jug. et délib., passim.— Lettres et mémoires de Ruette d’Auteuil, RAPQ,. 192223 : 1114.— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ).— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 128 ; IV : 183s.— Charland, Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte, BRH, XX (1914) : 178.— Gagnon, Noms propres au Canada français, BRH, XV (1909) : 154.

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Cameron Nish, « PINAUD (Pinolt, Pineau, Pinault), NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pinaud_nicolas_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024