PICOTTE, LOUIS, trafiquant de fourrures, cultivateur, homme d’affaires et homme politique, baptisé le 4 mai 1780 à Rivière-du-Loup (Louiseville, Québec), fils de Jean-Baptiste Picotte, cultivateur, et d’Hélène Jarlais (Desjarlais) ; le 25 septembre 1810, il épousa au même endroit Archange Déjarlais ; décédé le 7 mai 1827 à Rivière-du-Loup.
Fils d’un réfugié acadien, Louis Picotte reçoit, semble-t-il, une bonne éducation, ainsi qu’en témoigne son excellente calligraphie. Le 26 janvier 1802, il s’engage comme voyageur au service de la McTavish, Frobisher and Company. De retour du Nord-Ouest en 1806, ou peu de temps avant, Picotte s’établit dans son village natal où il acquiert une terre de 3 arpents sur 40 moyennant 1 000# dont 600ª payées comptant. Il bénéficie également de l’aide de son père qui, le 4 juin 1807, lui donne « par bienveillance » un terrain de 80 pieds sur 130 à Rivière-du-Loup. Deux ans plus tard, la vente de cette propriété lui rapporte un peu plus de 5 000#.
En bonne situation financière, Picotte peut se permettre de prêter à plusieurs reprises de modestes sommes, d’argent à des habitants de son milieu. En novembre 1809, ses activités débordent le domaine agricole. À ce moment, il engage plusieurs personnes pour travailler dans les chantiers le long de la rivière Cataraqui, dans le Haut-Canada. Le même mois, il loue sa terre pour un an. À la fin de 1813 ou au début de 1814, il s’installe à Trois-Rivières où il se consacre principalement à la mise sur pied d’une boucherie. Le 18 août 1814, le boucher Joseph Chauret s’engage à tuer et à préparer pour le commerce les bestiaux que Picotte lui enverra. Le 27 du même mois, Joseph Pagé se charge de faire fondre le suif, de le livrer en pain et de réduire les débris en savon. Un cultivateur de Nicolet, François Morel, s’engage, le 2 février 1815 à lui livrer entre 13 000 et 15 000 livres de bœuf. Picotte représente à l’occasion les marchands-bouchers de Québec Anthony Anderson et Charles Smith.
Picotte retourne à Rivière-du-Loup au printemps de 1815. Il continue alors de prêter de l’argent et d’engager des hommes pour les chantiers. Il fait aussi fabriquer plusieurs milliers de madriers pour le compte de George Kerr, marchand de Québec, tout en s’occupant de son propre commerce de détail et de ses terres.
Le 11 avril 1820, Picotte prête serment à titre de député de la circonscription de Saint-Maurice à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada ; il occupe cette fonction jusqu’au 6 juillet 1824. Il ne sollicite pas de second mandat, probablement pour des raisons de santé. Durant ces quatre années, il participe à de nombreux comités, et, en 1822, il s’oppose au projet d’union des deux Canadas.
Picotte n’aurait apparemment pas manqué d’esprit. L’historien Benjamin Sulte* rapporte qu’un jour où Joseph-Rémi Vallières* de Saint-Réal présidait une séance de la chambre d’Assemblée, Picotte fit une interpellation sur laquelle le président dut se prononcer. Ironiste et habile polyglotte, Vallières de Saint-Réal tenta de ridiculiser Picotte en lui servant une suite de textes en espagnol, en grec et en latin. Nullement impressionné, le député de Saint-Maurice répliqua vivement en inuktitut, en cri et en algonquin, au grand amusement de l’auditoire peu habitué à une telle virtuosité linguistique.
Picotte meurt en 1827, à l’âge de 47 ans. Ses biens mobiliers sont modestes. Il ne possède ni argent monnayé, ni dettes actives. Cependant, il est en possession de deux propriétés et de trois terres, toutes situées à Rivière-du-Loup ou dans les environs immédiats. Par contre, il doit 9 426ª dont 8 048ª aux marchands-bouchers Anderson et Smith.
Issu du monde rural, Louis Picotte a toujours été lié à son milieu d’origine. L’agriculture l’a constamment intéressé. La possession de plusieurs terres et l’obtention, en 1821, d’un premier prix donné par la Société d’agriculture du district de Trois-Rivières en témoignent. Le curé de Rivière-du-Loup ne se trompe pas en écrivant laconiquement sur son acte de décès « de son vivant cultivateur en cette paroisse ».
ANQ-M, CN1-74, 26 janv. 1802.— ANQ-MBF, CE1-15, 4 mai 1780, 25 sept. 1810, 8 mai 1827 ; CN1-6, 2 mars 1815 ; CN1-8, 18 août 1818, 19 mars 1819, 20 oct. 1821, 20 juill. 1827 ; CN1-32, 18, 27 août 1814, 2 févr. 1815, 28 oct. 1818 ; CN1-38, 27 sept. 1806, 3 mars, 4 juin 1807, 27 avril, 1er juin, 25 juill., 16 sept., 14, 18, 20 nov. 1809, 25 juin, 21 sept. 1810, 3 déc. 1811, 14 mai 1813 ; CN1-77, 5 nov. 1811, 8 sept., 10 oct. 1812, 29 mai, 20 juin, 10 juill. 1815, 8 janv., 30 mars, 31 mai 1816.— La Gazette de Québec, 16 mars, 13 avril, 26 juin 1820, 1er mars 1821, 5 déc. 1822, 22 janv. 1824.— F.-J. Audet, les Députés de Saint-Maurice (1808–1838) et de Champlain (1830–1838) (Trois-Rivières, Québec, 1934).— Germain Lesage, Histoire de Louiseville, 1665–1960 (Louiseville, Québec, 1961).
Renald Lessard, « PICOTTE, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/picotte_louis_6F.html.
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Auteur de l'article: | Renald Lessard |
Titre de l'article: | PICOTTE, LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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