PICHOT (Pichon) DE QUERDISIEN (Kerdisien de) TRÉMAIS, CHARLES-FRANÇOIS, commissaire de la Marine chargé d’enquêter dans l’Affaire du Canada, né aux environs de Brest, France, vers 1724, décédé à L’Acul (République dominicaine), le 9 août 1784.

Charles-François Pichot de Querdisien Trémais entre au service de la Marine en 1743 et est présent au siège de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), en 1758, où il sert à titre de commissaire. L’année suivante, il est écrivain principal à Brest et c’est sans doute à ce moment-là qu’on lui propose d’aller au Canada pour y surveiller l’administration des finances, puisque, au début de février 1759, il adresse un mémoire au ministre Berryer dans lequel il expose sa conception du travail qu’il aura à faire dans la colonie ; il suggère qu’on l’engage au « bureau des fonds » (bureau de la Marine), où l’intendant Bigot demande de l’aide. À la suite de ce mémoire, que le ministre qualifie de « bien fait », Querdisien Trémais reçoit le titre de commissaire de la Marine et des instructions précises pour remplir sa mission. Tout en aidant « efficacement M. Bigot dans ses fonctions », il devra s’attacher à découvrir « tous les abus qui se sont introduits dans les parties quelconques du service de la colonie ». Pour ce faire, il devra surveiller les ravitaillements envoyés par le roi dans la colonie, vérifier les bénéfices des marchands privilégiés par l’intendant et surtout suivre de près l’activité du munitionnaire général Joseph-Michel Cadet. Il verra à examiner la dépense faite par les hôpitaux et le loyer payé pour les magasins et bâtiments, à déclarer tout abus dans le traitement des officiers et des troupes dans les différents postes et à s’enquérir des prix des marchandises qui s’y trouvent. On insiste surtout pour qu’il se procure des preuves écrites de ces abus. Afin de faciliter sa tâche, il reçoit un code pour sa correspondance.

Bigot s’aperçoit rapidement de la vraie mission de Querdisien Trémais et, pour prouver son honnêteté, il force ses associés de la Grande Société à des restitutions partielles. L’envoyé du ministre doit travailler dans des conditions particulièrement défavorables, car à peine est-il arrivé à Québec que les Britanniques paraissent dans le Saint-Laurent, et l’intendant croit nécessaire de transporter à Trois-Rivières les documents du « bureau des fonds ». Querdisien Trémais ne peut donc en prendre connaissance et doit se contenter de recueillir des témoignages et les comparer avec ses observations personnelles. Malgré tout, son jugement sur Bigot et l’état-major des forces militaires amènera des poursuites en justice devant le Châtelet, à Paris. On le récompense de ses services en lui accordant une pension de 1 200#. En 1761, le ministre le propose pour régler en France les comptes du Canada. Il doit mener à bien cette tâche sans l’aide du commissaire ordonnateur, Pierre-Michel Martel, qui refuse de quitter la colonie.

En juillet de l’année suivante, aidé de l’intendant de Bordeaux, Charles-Robert Boutin, Querdisien Trémais enquête sur les opérations commerciales de Bigot avec le négociant juif Abraham Gradis, chez qui il saisit des documents révélant différents aspects de l’histoire de la Grande Société du Canada [V. Michel-Jean-Hugues Péan]. Puis, à La Rochelle, il enquête sur les activités de Denis Goguet, facteur de Bigot, chargé d’écouler en Europe les fourrures que celui-ci avait acquises dans ses postes ou dans ceux du roi.

À la fin de décembre 1762, Querdisien Trémais reçoit la somme de 6 000#, prises sur le fonds des colonies, pour aller à Saint-Domingue remplir une mission semblable à celle dont il s’était habilement acquitté au Canada. Nommé subdélégué général de l’intendant, commissaire ordonnateur du Cap-Français (Cap-Haïtien ou Le Cap) et premier conseiller des conseils supérieurs du Cap-Français et de Port-au-Prince, il remplit les fonctions de commissaire général de Saint-Domingue à partir du 23 janvier 1769 et est nommé commissaire général de la Marine en 1771. Conseiller honoraire au Conseil supérieur du Cap-Français en 1780, il meurt quatre ans plus tard.

Michel Roberge

AN, Col., B, 109, ff.34, 63 ; 110, ff.40v., 46 ; 113, f.299v. ; 113, 2e partie, ff.11, 12, 80v. ; 115, f.147 ; C11A, 104, f.344.— ANQ-M, Greffe de Pierre Panet, 10 sept. 1760.— Dossier Charles-François Pichot de Querdisien Trémais, Antoine Roy, édit., ANQ Rapport, 1959–1960, 3–22.— Les malignités du sieur de Courville, BRH, L (1944) : 113.— Gustave Lanctot, L’affaire du Canada ; bibliographie du procès Bigot, BRH, XXXVIII (1932) : 8–17.— [M.-L.-É.] Moreau de Saint-Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle de Saint-Domingue, Blanche Maurel et Étienne Taillemite, édit. (3 vol., Paris, 1958), 272, 1 502.— Frégault, François Bigot.— P.-G. Roy, La famille Martel de Magesse (Lévis, Québec, 1934), 23.— Pierre de Vaissière, Saint-Domingue ; In société et la vie créoles sous l’Ancien Régime (16291789) (Paris, 1909), 149s.— M. Querdisien Trémais, BRH, LII (1946) : 349.

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Michel Roberge, « PICHOT (Pichon) DE QUERDISIEN (Kerdisien de) TRÉMAIS, CHARLES-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pichot_de_querdisien_tremais_charles_francois_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024