PICHARD (Pichart), AMABLE, prêtre catholique, né vers 1753 à Orléans, France ; décédé le 24 décembre 1819 à Berthier (Berthier-sur-Mer, Québec).

Ordonné prêtre dans le diocèse d’Orléans le 21 décembre 1782, Amable Pichard y exerça son ministère pendant quelques années. Après qu’eut éclaté la Révolution française, on présume qu’il refusa d’accepter la Constitution civile du clergé car, en 1799, il vivait en Angleterre, sous la juridiction de l’évêque de Saint-Pol-de-Léon, Mgr Jean-François de La Marche, qui était également en exil. Vu la pénurie de prêtres dans le diocèse de Québec, le gouvernement britannique avait accepté qu’un certain nombre de prêtres français réfugiés fussent envoyés là-bas [V. Jean-François Hubert*]. En 1799. Pichard se porta volontaire pour cette affectation. À cette époque, Mgr de La Marche le décrivait comme « un homme de talent et capacité médiocre mais très modeste et d’un fort bon caractère d’ailleurs très vertueux ».

Pichard arriva à Halifax en août 1799, en compagnie de l’abbé Jacques-Ladislas-Joseph de Calonne*, frère de l’ex-ministre des Finances de Louis XVI, Charles-Alexandre de Calonne. Selon Mgr Plessis*, coadjuteur désigné de Québec, plusieurs prêtres du diocèse, qui avaient vécu à Orléans, connaissaient Pichard et pouvaient témoigner de son caractère. Après avoir obtenu les pouvoirs nécessaires du père James Jones, supérieur des missions de l’Est, Pichard et Calonne partirent pour l’Île-du-Prince-Édouard, où Pichard allait partager son travail entre les missions acadiennes de Malpeque, de Rustico et de la baie de Fortune. Parce qu’il parlait l’anglais, Calonne allait exercer son ministère auprès des Irlandais et des autres catholiques de Charlottetown, les Écossais de l’île étant desservis par l’abbé Angus Bernard MacEachern*. Il semble, cependant, que le ministère de Pichard n’occupait pas tout son temps ; en juin 1801, Mgr Plessis lui laissa entendre qu’il pourrait se rendre utile dans les missions du Nouveau-Brunswick. À Rustico, Pichard vécut dans un presbytère d’une seule pièce jusqu’à l’automne de 1803 ; à ce moment-là, il fut muté à Tracadie, en Nouvelle-Écosse, à la suite de la visite pastorale de Mgr Denaut à l’Île-du-Prince-Édouard.

Premier desservant de la paroisse de Tracadie, Pichard eut aussi la responsabilité des missions de Havre Boucher et de Pomquet ; en 1812, le nombre des communiants sous sa direction s’élevait à 310, sans compter les Indiens. Le mauvais état de sa santé – cause de sa mutation – continuait toutefois de l’accabler. En 1807 et 1809, il écrivit à Mgr Plessis pour lui faire part des difficultés qu’il avait à s’acquitter de son ministère. Mais l’évêque ne put lui offrir une nouvelle affectation dans le Bas-Canada, puisque le gouvernement britannique était de plus en plus réticent, depuis les guerres napoléoniennes, à admettre des prêtres émigrés de France. En 1812, Mgr Plessis entreprit la visite pastorale des missions de l’Est, et c’est à cette occasion, apparemment, qu’il décida de remplacer Pichard. Les Micmacs se plaignaient de ne point avoir de prêtre capable de les comprendre ; en outre, il y avait à Tracadie un certain nombre de familles noires, de religion protestante, que l’évêque était fort désireux de convertir. Pichard, nota-t-il, n’était « plus d’âge à étudier une autre langue que la sienne ». En 1813, il écrivit à Pichard et promit de lui envoyer un successeur l’année suivante : « Il est bien temps qu’après 14 ans de mission, vous veniez prendre un peu de repos dans une petite cure de l’intérieur du Diocèse. » Un an plus tard, il lui ordonna de partir pour Québec à la première occasion. Au même moment, il écrivait à l’abbé François Lejamtel*, à Arichat, pour le presser de s’occuper du départ de Pichard : « Vous savez combien le bonhomme est gauche. Je le crois incapable de trouver un embarquement, si vous ne vous en mêlez pas. »

Amable Pichard quitta la Nouvelle-Écosse en 1815. Il devint curé de Berthier ; à Tracadie, c’est l’abbé Antoine Manseau* qui lui succéda. Pichard desservit sa paroisse jusqu’à sa mort, survenue pendant qu’il entendait les confessions, la veille de Noël 1819.

J. Alphonse Deveau

AAQ, 1 CB, VI : 114.— AP, Notre-Dame-de-l’Assomption (Berthier-sur-Mer), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 28 déc. 1819.— Allaire, Dictionnaire, 1.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1927–1928.— Tanguay, Répertoire (1893).— J.-H. Blanchard, Rustico : une paroisse acadienne de l’île du Prince-Édouard ([s.l., 1938]).— [H.-R. Casgrain], Mémoire sur les missions de la Nouvelle-Écosse, du Cap Breton et de l’île du Prince-Édouard de 1760 à 1820 [...] réponse aux Memoirs of Bishop Burke par Mgr O’Brien [...] (Québec, 1895).— Johnston, Hist. of Catholic Church in eastern N.S., 1.— J. C. MacMillan, The early history of the Catholic Church in Prince Edward Island (Québec, 1905).

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J. Alphonse Deveau, « PICHARD (Pichart), AMABLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pichard_amable_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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