PEYTON, JOHN, pêcheur et trappeur, né en 1749 à Christchurch (comté de Dorset, Angleterre) ; le 12 décembre 1788, il épousa Ann Galton, de Wimborne Minster, Angleterre, et ils eurent une fille et un fils ; décédé en 1829 à Exploits, Terre-Neuve.

Arrivé à Terre-Neuve dès son jeune âge, John Peyton habita quelque temps à Fogo et effectua un voyage sur la côte du Labrador. Dès 1781, il résidait, au moins durant l’hiver, à la pointe Lower Sandy, dans la baie des Exploits, qui bornait une des principales routes de migration des Béothuks. Il y faisait la pêche au saumon et la traite des fourrures avec un associé nommé Harry Miller. Quelques années plus tard, Peyton se mit à son compte et réussit, semble-t-il, assez bien. L’été, il habitait probablement Exploits, village situé sur la plus septentrionale des deux îles Exploits ; l’hiver, il restait sans doute à la pointe Lower Sandy. Il possédait un schooner et, selon les nombreuses références apparaissant à son sujet dans les papiers de plusieurs marchands, c’était un trafiquant indépendant et prospère.

Nombreux étaient les pêcheurs et trafiquants de fourrures qui avaient des contacts avec les Béothuks, mais Peyton était l’un des plus en vue. Toutefois, selon les allégations et preuves indirectes dans divers documents, il avait envers eux une attitude brutale. Une enquête menée en 1792 par l’officier de marine George Christopher Pulling a réuni de nombreux témoignages qui lèvent le voile sur ses activités. De toute évidence, entre 1780 et 1800, Peyton se rendit plusieurs fois sur le territoire des Béothuks lors d’excursions qui visaient toutes à punir des vols de marchandises. Sa conduite et sa réputation irritèrent John Bland, magistrat de Bonavista, qui s’intéressait vivement aux Béothuks. En 1797, il déclara que Peyton s’était « rendu odieux par ses persécutions contre les Indiens » et que « les histoires que l’on racont[ait] sur cet homme choqueraient l’humanité si elles étaient connues ». Aussi recommanda-t-il que Peyton soit expulsé de la baie des Exploits.

Bland notait aussi que Peyton habitait alors près de Poole, dans le Dorset, et qu’il dirigeait son entreprise terre-neuvienne par l’intermédiaire d’employés. En effet, sa famille resta en Angleterre jusqu’en 1812. Cette année-là, sa fille et sa femme étant mortes subitement, il décida d’emmener son fils de 19 ans, John, à Terre-Neuve et de le prendre comme associé. John avait grandi à Christchurch comme son père et fait ses études à la Wimborne Minster Boys School. Il avait travaillé trois ans à titre de commis à la Somerset House de Londres. En 1818, le gouverneur sir Charles Hamilton* le nomma juge de paix du nord de Terre-Neuve. Au début de sa carrière, il eut quelques contacts avec les Béothuks, mais ils furent plus cordiaux que ceux de son père. Néanmoins, la confusion qui entoure les faits et détails de la vie des deux Peyton a souvent fait retomber sur le fils la mauvaise réputation du père.

La dernière expédition chez les Béothuks à laquelle prit part John Peyton père était dirigée par son fils, qui s’était plaint en 1818 au gouverneur Hamilton de ce que les Indiens avaient en quatre ans, par leur maraudage, causé des pertes importantes à ses établissements de pêche. Le gouverneur l’autorisa à aller chercher les biens qui lui avaient été dérobés et à capturer un des Béothuks afin d’avoir un émissaire qui pourrait aider plus tard les Blancs à établir des relations amicales avec eux. En mars 1819, les Peyton partirent donc pour l’intérieur des terres avec quelques hommes. Ils se trouvèrent devant trois wigwams et environ une douzaine d’Indiens. Ils capturèrent une femme, Demasduwit*, et il y eut entre Peyton père et un Indien une bagarre à l’issue de laquelle l’Indien fut abattu d’un coup de feu.

Il est sans doute ironique que John Peyton et la dernière survivante connue de la tribu des Béothuks, Shawnadithit, aient passé sous le même toit les quelques dernières années de leur existence. Shawnadithit fut capturée en 1823 par William Cull, ancien employé de Peyton. Confiée aux soins du fils de ce dernier, elle fut servante pendant cinq ans chez les Peyton à Exploits. John Peyton père mourut en 1829 à l’âge de 80 ans environ. Son fils passa la plus grande partie de ses dernières années à Twillingate. Il mourut en 1879 et fut inhumé sur la terre familiale à Exploits.

W. Gordon Handcock

BL, Add. ms 38352 : fos 1–44.— Dorset Record Office (Dorchester, Angl.), D365, F2–3, F8–10 ; P227/RE3–18.— Hampshire Record Office (Winchester, Angl.), Christchurch parish records, 1682–1804 (transcriptions aux Maritime Hist. Arch., Memorial Univ. of Nfld., St John’s).— PANL, P5/25 ; P7/A/6.— G.-B., Parl., House of Commons papers, 1793, n4393, First report from the committee appointed to enquire into the state of trade to Newfoundland ; no 4407, Second report [...].— C. R. Fay, Life and labour in Newfoundland (Toronto, 1956).— Howley, Beothucks or Red Indians.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895), 385.— F. W. Rowe, Extinction : the Beothuks of Newfoundland (Toronto, 1977).

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W. Gordon Handcock, « PEYTON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peyton_john_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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