PETERS, JOSEPH, soldat, instituteur et maître de poste, né le 11 décembre 1729 à Dedham, Massachusetts, fils aîné de William Peters et de Hannah Chenery ; il épousa Abigail Thompson, et trois enfants naquirent de ce mariage ; décédé le 13 février 1800 à Halifax.

Joseph Peters fut élevé à Medfield, dans le Massachusetts, et il apprit le métier d’armurier non loin de là, à Medway. Réquisitionné comme fantassin dans les troupes provinciales de la colonie en 1752, il n’obtint son licenciement en 1755 que pour être « aussitôt kidnappé dans le régiment de Shirley [le 50e d’infanterie] ». Par la suite, il fut muté au 1er d’infanterie ; c’est dans cette unité qu’il servit durant la guerre de Sept Ans en qualité de sous-officier et qu’il participa en 1758 à la prise de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Il fut licencié en Nouvelle-Écosse en 1763. Entre cette date et le moment où il devint instituteur en 1773, on ne sait quelles furent ses activités si ce n’est qu’il vécut à Halifax où il s’assura d’un « revenu régulier » – peut-être en tant que commis du gouvernement – et consacra ses moments libres à l’astronomie et à ses devoirs de franc-maçon. En 1774, quelque temps après avoir quitté l’Église congrégationaliste de ses aïeux pour devenir membre de l’Église d’Angleterre et secrétaire de l’assemblée paroissiale de St Paul, à Halifax, il fut engagé par la Society for the Propagation of the Gospel à titre d’instituteur dans la capitale. Peters devait dispenser l’enseignement gratuit en plus de donner des cours privés, mais il trouva que les appointements versés par la société étaient un maigre dédommagement pour ses peines durant cette période d’inflation suscitée par la guerre d’Indépendance américain. Il abandonna l’enseignement en 1785, et cette décision marqua la fin des efforts accomplis par la Society for the Propagation of the Gospel dans le domaine de l’éducation à Halifax. En 1782, il était devenu maître de poste de la Nouvelle-Écosse à titre officieux ; il fut nommé adjoint au maître général des Postes en 1785 et il conserva cette fonction jusqu’à son décès.

Très entier dans ses opinions et virulent dans ses critiques à l’endroit des dirigeants britanniques de l’establishment local, comme le révérend John Breynton et le gouverneur John Parr, Peters était favorable à ce que la Nouvelle-Écosse accueille, dans les années 1770 et 1780, d’autres habitants de la Nouvelle-Angleterre, cette fois en tant que réfugiés loyalistes. Il se mit à correspondre régulièrement avec son cousin de Hebron, Connecticut, alors réfugié à Londres, le révérend Samuel Andrew Peters, qui lui servit d’agent et fit jouer son influence pour lui obtenir une part des privilèges consentis aux Loyalistes parles autorités. Joseph Peters ne reçut pour tout privilège que cette nomination au département des Postes, et il rêva toujours – pour lui-même ou pour son fils ciné – d’une fonction plus prestigieuse comme celle de secrétaire provincial ou d’intendant du commerce maritime. En retour, il seconda les efforts que faisait son cousin en vue d’être nommé premier évêque de la Nouvelle-Écosse. Grâce aux relations qu’il entretenait, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l’île du Cap-Breton, avec des membres du clergé de l’Église d’Angleterre, dont un grand nombre venaient de la Nouvelle-Angleterre, et à la mainmise qu’il exerçait sur les voies officielles de communication, Joseph se trouvait fort bien placé pour inciter les fidèles des diverses paroisses de l’Église d’Angleterre à exiger qu’on les consulte sur le choix de leur évêque et à appuyer Samuel Andrew Peters dans ses prétentions à ce poste. Malheureusement, la campagne qu’il lança à cette fin ne remporta guère de succès auprès de la population locale, et l’arrivée, en 1787, de Charles Inglis*, évêque en titre, mit fin à l’espoir qu’il nourrissait d’avoir un protecteur influent dans la province.

La principale initiative de Peters en qualité de maître de poste fut d’instaurer un service postal régulier entre Halifax et Annapolis Royal, d’où le courrier était transporté par voie d’eau vers Digby, puis de l’autre côté de la baie de Fundy où il se trouvait alors sous la responsabilité de son homologue du Nouveau-Brunswick, Christopher Sower. Un service régulier en direction de Québec était établi en 1788 ; il coïncidait avec les visites à Halifax, durant huit mois de l’année, du navire transportant le courrier de New York à Falmouth [V. Hugh Finlay*]. Par suite des lenteurs, des dépenses à assumer et des frustrations inhérentes au service postal, Peters mena comme fonctionnaire une existence qui était loin de susciter l’envie. Les officiers de l’armée et de la marine refusaient de respecter les heures de bureau et le gouverneur Parr laissa grossir un compte de £70 qui ne fut réglé finalement que par ses exécuteurs testamentaires. Le Général Post Office, à Londres, « cet impitoyable tyran », fit la sourde oreille aux suppliques du maître de poste désemparé qui demandait une augmentation de salaire et le remboursement des frais élevés qu’entraînait le fonctionnement de son bureau. Bien que son salaire, entre 1785 et 1792, fût passé de £50 à £250, il fut sans cesse tourmenté par l’insécurité financière comme il l’était par la goutte et par l’excessive lenteur de la carrière de ses deux fils. L’échec de ses efforts pour obtenir une place lucrative et confortable au sein de la fonction publique le remplit d’amertume et le confirma probablement dans les vues sarcastiques qu’il exprimait en 1785 : « Le soleil luit pour tout le monde mais il n’a pas encore lui pour moi jusqu’ici. »

Judith Fingard

Halifax County Court of Probate (Halifax), Book 3, pp.208–211 (testament de Joseph Peters, 22 déc. 1798) (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 93 (Jacob Bailey docs.), vol. 3.— Protestant Episcopal Church in the U.S.A., Archives and Hist. Coll.— Episcopal Church (Austin, Tex.), Samuel Peters papers, Joseph Peters letters, 1779–1799, sous la garde de la Hist. Soc. of the Episcopal Church (Austin) (mfm aux PANS).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Registers of baptisms, burials, and marriages, 16 févr. 1800 (mfm aux PANS).— USPG, B, 25, nos 184, 211, 221, 225, 242, 255, 269, 270 ; Journal of SPG, 20, pp.266, 268.— Nova-Scotia Gazette and the Weekly Chronicle, 19 déc. 1780.— Royal Gazette and the Nova-Scotia Advertiser, 18 févr. 1800.— Judith Fingard, The Anglican design in loyalist Nova Scotia, 1783–1816 (Londres, 1972), 13–38.— C. M. Jephcott et al., The postal history of Nova Scotia and New Brunswick, 1754–1867 (Toronto, 1964), 13–43.— Judith Fingard, Attitudes towards the education of the poor in colonial Halifax, Acadiensis, II (1972–1973), no 2 : 16.

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Judith Fingard, « PETERS, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peters_joseph_4F.html.

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Année de la publication:    1980
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