VIETS, ROGER, ministre de l’Église d’Angleterre et poète, né le 9 mars 1738 à Simsbury, Connecticut, deuxième des quatre enfants de John Viets et de Lois Phelps ; le 19 novembre 1772, il épousa Hester Botsford, et ils eurent huit enfants, puis le 18 juillet 1802, Mary Pickett, de Kingston, Nouveau-Brunswick, veuve de Benjamin Isaacs ; décédé le 15 août 1811 à Digby, Nouvelle-Écosse.
Roger Viets fréquenta l’école de Salmon Brook (près de Granby, Connecticut) et étudia ensuite au Yale College. Né dans une famille presbytérienne, il se prépara néanmoins, à Yale, à recevoir les ordres dans l’Église d’Angleterre et, après la réception de son diplôme en 1758, il devint prédicateur laïc à l’église St Andrew de Simsbury. Ordonné prêtre à Londres le 17 avril 1763, il fut ensuite nommé missionnaire à Simsbury, poste qu’il conserva jusqu’en 1785.
Pendant la Révolution américaine, Viets sympathisa avec les Loyalistes et, à la fin de 1776, soupçonné d’avoir aidé des officiers britanniques fugitifs, il fut emprisonné à Hartford. Toutefois, son départ de Simsbury, après la guerre, a peut-être été motivé autant par des facteurs économiques que par des raisons politiques ; lorsque la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts retira son appui financier à ses missions américaines et offrit à la place des salaires aux membres du clergé qui voulaient aller vivre en Amérique du Nord britannique, Viets sollicita un poste en Nouvelle-Écosse. Le 1er décembre 1785, il fut assigné à Digby et, en mai de l’année suivante, il partit inspecter sa nouvelle mission. Arrivé en juillet, après un voyage inhabituellement harassant de 64 jours, il assuma immédiatement ses charges pastorales et visita plusieurs secteurs éloignés de sa mission. En octobre, il retourna au Connecticut pour y chercher sa femme et ses enfants ; le 12 juin 1787, il était de retour à Digby, en compagnie de sa famille.
Tout au cours de sa carrière à Digby, Viets voyagea beaucoup pour desservir tous les gens de sa mission, qui s’étendait de Clementsport à Yarmouth, incluant Digby Neck. À Digby même, avec l’aide de ses paroissiens, il construisit l’église Trinity en 1791. C’était un prêcheur populaire, toujours consciencieux dans l’exercice de ses responsabilités religieuses. Néanmoins, le fait qu’il s’occupa un peu de commerce – en 1789, par exemple, il fit une visite au Connecticut et revint avec un plein bateau de marchandises – suscita des critiques ; le révérend William Clark, un de ses détracteurs, nota que Viets était « un pur instrument entre les mains de quiconque ou de quoi que ce soit qui pût lui faire gagner de l’argent ; [Clark n’avait] jamais connu personne qui eût à ce point l’esprit mercenaire ». Les amis de Viets, toutefois, prétendaient qu’il fournissait tout simplement des articles dont les colons avaient un pressant besoin. Quoi qu’il en fût de ses motifs, Viets ne s’enrichit jamais à ce commerce.
Pour ce qui est des affaires diocésaines, Viets, au début, appuya la candidature de Samuel Andrew Peters à l’évêché de la Nouvelle-Écosse ; mais il devint un partisan enthousiaste de Charles Inglis quand ce dernier fut nommé évêque en 1787. En 1788, il prononça le sermon au cours de la première visite épiscopale d’Inglis. Quelques années plus tard, en 1800, il fut mêlé à une cause importante qui devait faire jurisprudence et qui concernait les lois de la province relatives au mariage. Cette année-là, il informa Inglis que Enoch Towner, prêcheur baptiste de Sissiboo (Weymouth, Nouvelle-Écosse), avait illégalement célébré un mariage. Désirant réaffirmer le droit exclusif de l’Église d’Angleterre de célébrer les mariages, Inglis déposa sans tarder une plainte auprès du greffier de la Cour des mariages et divorces. Peu après, un procès eut lieu à Halifax ; Richard John Uniacke* assurait la poursuite au nom de la couronne, et Simon Bradstreet Robie* représentait le défendeur. La cour finit par se prononcer en faveur de Towner et, encore plus important, elle nia catégoriquement que l’Église d’Angleterre eût obtenu le statut d’Église établie par une loi de la législature de la Nouvelle-Écosse. Cette décision constitua une étape significative dans l’affaiblissement de l’autorité de l’Église d’Angleterre en Nouvelle-Écosse.
Viets, que Joseph Peters* décrivit comme « un étrange mortel : fantasque [...] mesquin, collet monté, inflexible », était fermement convaincu de l’importance d’observer le dimanche ; une fois, selon Peters, il devint si véhément après avoir vu, un dimanche, des bateaux de plaisance, qu’un de ses collègues, le ministre anglican John Wiswall, dut intervenir pour le contenir. Viets était un écrivain de quelque mérite, qui publia sept sermons et un poème topographique, Annapolis-Royal. Cette dernière œuvre, qui décrit la région d’Annapolis et les plaisirs simples de la vie qu’on y menait, parut en 1788 ; c’était le premier poème à faire l’objet d’une publication séparée en Amérique du Nord britannique.
La mort de Roger Viets, le 15 août 1811, fut causée par une « rapide consomption », probablement une pneumonie. Il était allé prêcher dans le secteur du Digby Gut, du côté de Granville, et en était revenu dans un bateau ouvert, par un froid brouillard. Selon ses dernières volontés, il fut enseveli dans un tombeau anonyme, à l’extérieur de l’église Trinity, près de la fenêtre est. Il eut pour successeur à Trinity son fils Roger Moore Viets.
Roger Viets est l’auteur de : Annapolis-Royal (Halifax, 1788 ; réimpr. avec introd. de T. B. Vincent, Kingston, Ontario, [1979]) ; A serious address and farewell charge to the members of the Church of England in Simsbury and the adjacent parts (Hartford, Conn., 1787) ; A sermon, on the duty of attending the public worship of God ; preached at Digby in Nova-Scotia, April 19th, 1789 (Hartford, 1789) ; A sermon preached at Hartford, on Lords-day, December 30th, 1764 (Hartford, 1765) ; A sermon, preached at Sissaboo, now called Weymouth, in Nova-Scotia, on the 15th October, 1797 (Saint-Jean, N.-B., 1799) ; A sermon, preached before the lodge of Free and Accepted Masons, at Granby [...] called St. Mark’s Lodge ; on the 9th July, 1800 (Hartford, 1800) ; A sermon, preached in St. Andrew’s Church, Simsbury, in New-England, on April 9th, 1784 ; being the anniversary of the crucifixion of Christ, commonly called Good-Friday (Hartford, 1787) ; A sermon, preached in St. Peter’s Church, in Granby, formerly Simsbury, in Connecticut, New-England, on the 29th day of June 1800 (Hartford, 1800) ; et A sermon preached to the ancient and worshipful society of Free and Accepted Masons, at their anniversary festival of the blessed evangelist St. John, 1792, in Trinity Church, Digby, Nova-Scotia (Halifax, 1793). Ses registres d’église ont également été publiés sous le titre de Records of Rev. Roger Viets, rector of St. Andrews, Simsbury, Conn., and missionary from the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, 1763–1800, A. C. Bates, édit. (Hartford, 1893). On trouve des manuscrits de Viets aux APC, MG 23, Dl, sér. 1, 14, et à l’Univ. of King’s Collège Library (Halifax). [t. b. v.]
F. H. Viets, A genealogy of the Viets family with biographical sketches ; Dr. John Viets of Simsbury, Connecticut, 1710, and his descendants ([Hartford], 1902).— I. W. Wilson, A geography and history of the county of Digby, Nova Scotia (Halifax, 1900 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1975).— « Epitaphs, Church of England graveyard, Kingston, Kings County, N.B. », W. O. Raymond, compil. Acadiensis (Saint-Jean), 8 (1908) : 136.
Thomas B. Vincent, « VIETS, ROGER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/viets_roger_5F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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