PERTHUIS (on rencontre parfois Perthuis de La Salle), JOSEPH, négociant, conseiller au Conseil supérieur de Québec, commissaire des prisons royales et seigneur, né à Québec, le 29 août 1714, fils de Charles Perthuis* et de Marie-Madeleine Roberge, décédé à Poitiers, France, le 19 mars 1782.
Fils d’un riche marchand de Québec, Joseph Perthuis suivit les traces de son père et fit d’abord carrière dans le commerce. Toutefois, au début des années 1740, il semble que son négoce lui laissait suffisamment de temps pour assister régulièrement aux leçons de droit et de jurisprudence du procureur général Louis-Guillaume Verrier*. Cette assiduité lui valut d’être nommé, le 26 janvier 1743, conseiller assesseur au Conseil supérieur de Québec. Il s’acquitta si bien de son emploi que, dès l’année suivante, les autorités coloniales le proposaient au ministre Maurepas pour occuper la place laissée vacante par la mort du conseiller Louis Rouer* d’Artigny. Maurepas jugea que Perthuis devait encore demeurer conseiller assesseur un certain temps ; finalement, il lui accorda le poste le le, janvier 1747.
« Très bon juge », selon l’intendant Bigot, « le plus éclairé pour son métier », Perthuis fut appelé à remplir les fonctions de procureur général pendant les séjours de Verrier en France, en 1744–1745 et en 1749. Aussi, on lui demanda d’exercer, par intérim, ces mêmes fonctions à la suite du décès du titulaire, le 13 septembre 1758 ; il occupa ainsi cette charge jusqu’à la Conquête. Le 18 novembre 1754, Perthuis avait été nommé, par le Conseil supérieur, commissaire des prisons royales, fonction qu’il remplit jusqu’au 26 janvier 1756 alors qu’il céda son poste à Joseph-Étienne Nouchet*. Il aurait également reçu, à quelques reprises, une commission de subdélégué de l’intendant. Le 25 février 1747, l’intendant Hocquart l’avait chargé de se rendre à Kamouraska pour y établir une saline afin de pouvoir approvisionner la colonie, advenant la capture en mer des cargaisons régulières expédiées de France. Son rapport fut peu encourageant, et la tentative d’établir des salines à Kamouraska s’arrêta là. Il participa également à l’établissement d’un poste d’observation à Cap-des-Rosiers (Québec) et traduisit certains documents militaires saisis.
Perthuis ne délaissa jamais son négoce pour son emploi dans l’administration malgré les conflits d’intérêts qui pouvaient en découler et, durant les années 1740 et 1750, il mena parallèlement les deux carrières. En 1755, il était à Québec un des fournisseurs importants des magasins du roi.
Le 16 septembre 1745, Perthuis avait épousé Marie-Anne Chasle, veuve de Guillaume Gouze, marchand de Québec. Sa femme lui apporta une dot de 6 000#, dont une maison située à la basse ville de Québec. À cette époque, Perthuis était un négociant à l’aise puisqu’il possédait à Québec une maison, rue Notre-Dame, et avait une domestique à son service. Il jouissait aussi de beaucoup de considération au sein de la société coloniale : les marchands de Québec le choisirent, en 1747, comme syndic pour les représenter auprès des autorités coloniales, et ses collègues du Conseil supérieur le nommèrent à plusieurs reprises membre de la députation officielle du conseil chargée de se présenter devant les gouverneurs et les intendants pour les accueillir ou leur souhaiter un bon voyage ou les introduire au conseil. Ce prestige social grandit encore lorsque le roi lui accorda, le 1er mai 1754, une seigneurie derrière celle de Portneuf.
Après la Conquête, Perthuis vendit les biens immobiliers qu’il possédait dans la colonie dont sa seigneurie, encore non peuplée, à Jean Mounier pour la somme de 300#, et s’embarqua pour la France avec sa famille. Il était à Paris au mois de novembre 1767, en même temps que son frère, Jean-Baptiste-Ignace*, ancien négociant et procureur au Canada. En 1774, Perthuis obtint une charge de conseiller secrétaire du roi à la chancellerie de Poitiers et une pension de 600# qui fut convertie, en septembre 1775, en une pension annuelle de 200# pour chacun de ses fils. Il décéda à Poitiers le 19 mars 1782. Des sept enfants issus de son mariage, une fille et deux fils (Joseph, qui fit carrière dans les armes, et Charles-Régis) lui survécurent.
AN, Col., B, 78, f. 25 ; 81, ff.42, 60 ; 85, f.15 ; 87, f.34 ; 99, ff.11, 12 ; 109, f.6 ; 115, f.194 ; 164, f.379 ; C11A. 81, ff.12, 15 ; 120, f.350 ; E, 335 (dossier Perthuis) ; F3, 11, f.258.— ANQ-Q, AP-P-1 634 ; Greffe de C.-H. Du Laurent, 15 sept. 1745 ; NF 25, 56, nos 2 108, 2 118.— APC Rapport, 1888, 36.— Doc. relatifs à la monnaie sous le Régime français (Shortt), II : 758s.— Recensement de Québec, 1744, 136.— Le Jeune, Dictionnaire.— P.-G. Roy, Fils de Québec, I : 183s. ; Inv. concessions, V : 83s. ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, II : 169, 175, 177, 181 ; IV : 45, 117s. ; V : 37, 49, 52, 71, 84, 142, 169s., 174, 179, 193s., 238 ; VI : 15, 21, 34, 56, 122, 126, 172, 180, 285s. ; Inv. ord. int., III : 36, 90, 203, 210.— Tanguay, Dictionnaire, VI : 324.— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, II : 403.— Cameron Nish, Les bourgeois-gentilshommes de la Nouvelle-France, 1729–1748 (Montréal et Paris, 1968), 135.— P.-G. Roy, Bigot et sa bande, 281–284.— J.-F. Récher, La famille Perthuis, BRH, XLI (1935) : 452ss.
André Lachance, « PERTHUIS (Perthuis de La Salle), JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/perthuis_joseph_4F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
Titre de l'article: | PERTHUIS (Perthuis de La Salle), JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |