PEMOUSSA, grand chef de la tribu des Renards, mort à Montréal au cours de l’hiver de 1716–1717.

Pemoussa était un des chefs du groupe d’Indiens renards qui émigra de la baie des Puants (Green Bay) à Détroit en 1709 ou 1710. La Mothe Cadillac [Laumet] les avait invités à venir s’y établir, bien qu’ils fussent détestés par certaines autres tribus qui s’y trouvaient déjà. Selon Rigaud de Vaudreuil, les Renards émigrèrent dans le simple but de se rapprocher des Iroquois et des Anglais. Dès leur arrivée, ils montrèrent de l’arrogance, si bien que, en août 1711, Vaudreuil, qui craignait des troubles, leur conseilla de retourner dans leur bourgade. Ils ne tinrent pas compte de son avis et la guerre ne tarda pas à éclater.

La bataille de Détroit, en mai 1712, marque le début de cette guerre des Renards qui allait sévir en Nouvelle-France pendant un quart de siècle. C’est l’animosité entre Mascoutens et Outaouais qui en fut la cause, bien que Renaud Dubuisson, le commandant du fort, mît l’agitation des Renards sur le compte des intrigues anglaises. Les hostilités entre Mascoutens et Outaouais éclatèrent à la rivière Saint-Joseph, au début de 1712. Les Mascoutens s’enfuirent à Détroit, où ils demandèrent la protection des Renards. Sous le commandement de Saguima* et de Makisabi, les Outaouais et les Potéouatamis, accompagnés de plusieurs tribus du Sud, les poursuivirent mais n’osèrent attaquer les Renards. L’insolence de ces derniers tourna à la provocation et ils se prirent de querelle avec la population française. Ils allèrent jusqu’à pénétrer dans le fort Pontchartrain où ils tentèrent d’assassiner deux Français, un homme et une femme. Dubuisson les en chassa et se joignit aux Outaouais et aux autres Indiens pour attaquer le campement des Renards.

Le combat dura 19 jours. À deux reprises, à la demande des Renards, on entra en pourparlers pour mettre fin aux hostilités. La première fois, Pemoussa offrit, pour apaiser les alliés, un collier et deux esclaves et demanda une trêve de deux jours pour permettre aux anciens de la tribu des Renards de tenir conseil. Dubuisson accepta, à la condition que les Renards libèrent trois Indiennes qu’ils tenaient prisonnières ; mais quand elles furent relâchées, il revint sur l’entente conclue. Trois ou quatre jours plus tard, Pemoussa se montra de nouveau à la tête d’une plus importante délégation de chefs renards et mascoutens, pour tenir une deuxième conférence. D’après le récit de Dubuisson, leur porte-parole (qui était peut-être Pemoussa) reconnut leur défaite et fit savoir qu’ils étaient prêts à mourir. Ils demandèrent seulement que leurs femmes et leurs enfants soient épargnés et offrirent six colliers aux alliés pour montrer qu’ils se mettaient à la merci des vainqueurs. Les chefs alliés refusèrent cette offre. D’après Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry, qui basa son récit sur des comptes rendus de seconde main, ce fut sans doute à cette conférence qu’un chef renard (peut-être s’agissait-il encore de Pemoussa) défia au combat 80 alliés contre 20 de ses guerriers. Les vainqueurs recevraient les vaincus comme esclaves. Apparemment, cette offre fut elle aussi refusée.

Les Renards et les Mascoutens s’échappèrent finalement de leur campement, à la faveur de la nuit et sous la pluie ; mais, rejoints dans une presqu’île du lac Sainte-Claire, ils furent tous abattus ou emmenés en esclavage, sauf 150 d’entre eux qui parvinrent à s’enfuir.

Au cours de l’été de 1716, Louis de La Porte de Louvigny prit la tête d’une expédition contre les Renards. Après les avoir battus, il ramena Pemoussa et d’autres comme otages à Montréal. C’est là que, au cours de l’hiver de 1716–1717, Pemoussa mourut, victime de l’épidémie de petite vérole qui ravageait alors la colonie. On a tout lieu de penser qu’il était partisan d’une paix entre les Renards et les Français. En 1717, Vaudreuil parlait de lui en ces termes : « c’est en lui [Pemoussa] que j’ai le plus confiance pour amener les Renards à respecter les conditions auxquelles ils sont tenus. » Sa mort a peut-être affaibli le parti pacifiste chez les Renards.

D. H. Corkran

Kellogg, French régime, 280–282.— Michigan Pioneer Coll., XXXIII : 537–552.— Wis. State Hist. Soc. Coll., V : 78–80, 81–85 ; XVI : 293–295.— Zoltvany, New France and the west, CHR, XLVI (1965) : 301–322.

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D. H. Corkran, « PEMOUSSA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pemoussa_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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