PELLETIER, ROMAIN-OCTAVE (baptisé Jean-Romain-Octave), organiste, pianiste, notaire, professeur et musicographe, né le 9 septembre 1843 à Montréal, fils de Jean-Baptiste-Généreux Peltier, notaire, et de Marie-Scholastique Masson ; le 8 juin 1869, il épousa à Saint-Benoît (Mirabel, Québec) Athaïs Le Maire, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 4 mars 1927 à Montréal.
Romain-Octave Pelletier manifesta dès son enfance une oreille exceptionnelle pour la musique. Il commença à toucher l’orgue sans même avoir appris la musique ; il accompagnait cantiques et messes. Après s’être senti gêné de ne pouvoir déchiffrer une partition qu’on lui mit sous les yeux, il aurait appris ses notes de musique en deux jours, puis suivi quelques leçons avec son frère Orphir Peltier*, organiste. C’est principalement en autodidacte qu’il devint musicien pour être nommé à 17 ans (en 1860) organiste à la cathédrale de Montréal (qui deviendrait la basilique Marie-Reine-du-Monde), poste qu’il occupa quelques années, puis de nouveau entre 1887 et 1923. Parallèlement à ses activités musicales, il fréquenta le petit séminaire de Montréal de 1854 à 1859, puis étudia le notariat au collège Sainte-Marie. Il reçut sa licence en 1864, mais n’exerça qu’un moment la profession. Il se détourna ensuite de l’esprit de sa famille et du temps en abandonnant cette profession libérale pour se consacrer exclusivement à la musique.
Après un séjour à Hartford, dans le Connecticut, vers 1865–1867, où il fut engagé comme organiste à la cathédrale, Pelletier revint à Montréal. Il y gagna sa vie en enseignant la musique et en accompagnant au piano certains artistes, comme Frantz Jehin-Prume*, en concert. Il toucha aussi l’orgue à l’église Saint-Jacques (entre 1869 et 1875 probablement), où il contrecarra les pratiques musicales de son époque en imposant un répertoire sacré sérieux tel que des œuvres de Bach, compositeur protestant dont la musique semblait trop austère pour les églises catholiques. Il fut ainsi l’instigateur d’une réforme du répertoire religieux dans les églises montréalaises.
En 1869, Pelletier épousa Athaïs Le Maire, fille de Félix-Hyacinthe Lemaire*, notaire et conseiller législatif, et de Luce Barcelo. Il se rendit à Londres deux ans plus tard pour recevoir des leçons de l’organiste de la Chapel Royal, George Cooper ; il alla ensuite à Paris, où il rencontra Camille Saint-Saëns et Charles-Marie Widor, et enfin à Bruxelles pour travailler auprès de Jaak Nikolaas Lemmens. Ce séjour de quelques mois lui permit, en particulier, de se familiariser avec la manière française de toucher l’orgue dans les églises, manière selon laquelle l’orgue n’est pas simple accompagnement, mais alterne préludes, postludes et versets avec le chœur. Rentré à Montréal, il accepta un poste de professeur de musique (musique vocale, plain-chant, piano, harmonium) à l’école normale Jacques-Cartier en 1876 et il y demeurerait jusqu’en 1917. L’enseignement du piano et de l’orgue occupa dès lors une place centrale dans son activité professionnelle, enseignement qu’il offrit aussi en privé et dans d’autres établissements (dont, à Lachine, le Mont Sainte-Anne, dirigé par les Sœurs de Sainte-Anne, et, à Montréal, l’asile Nazareth, le couvent des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie et le McGill Conservatorium of Music, où il fut professeur de piano de 1904 à 1907). En 1900, au cours d’un deuxième séjour à Paris, il rencontra les célèbres organistes Alexandre Guilmant et Eugène Gigout. Il présida l’Académie de musique de Québec pendant de nombreuses années, soit en 1884–1885, 1894–1895, 1902–1904, 1909–1910 et 1915–1916. De plus, il inaugura plusieurs orgues dans la province de Québec, entre autres à Beauport, Sainte-Marie (dans la Beauce) et Varennes.
Après avoir pris sa retraite de la cathédrale en 1923, Romain-Octave Pelletier vit sa carrière musicale couronnée par le doctorat honoris causa que lui remit l’université de Montréal deux ans plus tard. Il enseigna la musique pendant une cinquantaine d’années et eut notamment comme élèves Claude Champagne*, Alfred Laliberté et Albertine Labrecque (Morin). Musicien de profession, il sut leur donner une formation solide et rigoureuse. En réformant le répertoire des églises, il fut sans compromission devant l’art.
Bien qu’il fût essentiellement improvisateur, Romain-Octave Pelletier laissa quelques pièces musicales d’un langage peu innovateur et quelques traités théoriques sur la musique. Certaines partitions ont été perdues ; les autres se trouvent dans la collection Villeneuve de la Bibliothèque de musique de l’université de Montréal et à la Division de la musique de BAC. En tant que musicographe, il a publié quelques ouvrages didactiques : Mécanisme du piano, ou, Nouvelles Études techniques destinées aux élèves avancés (Québec, [1880 ?] ; le Toucher du pianiste (Montréal, 1916 ; réimpr., 1928) (résumé des conférences données aux religieuses de la Congrégation de Notre-Dame) ; l’Étude de la littérature du piano ([Montréal, 1920 ?]) (conférences données au Mont Sainte-Anne, à Lachine) ; l’Art pianistique (s.l., [1922]) ; Guide du professeur de piano par questions et réponses ([Montréal ?], 1925) (pour les Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie). Vers 1881–1882, il a écrit dans la Revue canadienne (Montréal) quelques articles sur la facture et le jeu de l’orgue.
ANQ-M, CE601-S51, 11 sept. 1843 ; CE606-S9, 8 juin 1869.— ANQ-Q, P379-1.— Le Devoir, 5, 7, 12 mars 1927.— Centenaire de la paroisse St-Jacques de Montréal : église de l’Expo 67, église du métro ([Montréal ?, 1966 ?]).— Jean Cinq-Mars, Histoire du collège Sainte-Marie de Montréal, 1848–1969 (Montréal, 1998).— Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, Architecture religieuse (2 vol., Montréal, 1981–1984), 1 (les Églises).— Le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle [...] (Montréal, 1900).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— Olivier Maurault, Saint-Jacques de Montréal : l’église, la paroisse (Montréal, 1923).— Romain Pelletier, « Octave Pelletier, organiste et pédagogue (1843–1927) », Qui ? (Montréal), 4 (1952–1953) : 3–24.— Pierre Quenneville, « Guillaume Couture (1851–1915) : l’éducateur, le directeur artistique et le musicien d’église » (thèse de ph.d., univ. de Montréal, 1988).
Pierre Vachon, « PELLETIER, ROMAIN-OCTAVE (baptisé Jean-Romain-Octave) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pelletier_romain_octave_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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