LAVALLÉE-SMITH, ALPHONSE (baptisé Louis-Alphonse-Émile Smith), organiste, compositeur, marchand de musique, professeur et administrateur, né le 17 avril 1873 à Berthier (Berthierville, Québec), fils de Wenceslas Smith, médecin, et de Zénobie Lavallée, cousine germaine de Calixa Lavallée* ; le 15 octobre 1903, il épousa dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Nicolet, Québec, Julie-Anna Désaulniers, fille du docteur Denis-Benjamin-Guillaume Desaulniers, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé de la tuberculose le 23 juillet 1912 à Sainte-Agathe-des-Monts, Québec, et inhumé le 26 à Nicolet.

Alphonse Lavallée-Smith commença ses études musicales à l’âge de six ans avec sa mère, qui était pianiste et organiste, et une tante maternelle, organiste de l’église de Berthier. À sept ans, il était en mesure d’accompagner au piano des chanteurs à l’occasion d’un concert de charité. Peu après, la famille s’installa à Saint-Thomas-de-Pierreville (Pierreville), où le docteur Smith allait pratiquer la médecine durant 12 ans. Organiste à l’église paroissiale, Mme Smith avait souvent recours à son fils pour la remplacer, tâche dont le jeune homme s’acquittait fort bien, allant jusqu’à improviser des pièces de circonstance dont une petite marche funèbre, sa première composition. De 1885 à 1893, Lavallée-Smith fit ses études classiques au séminaire de Nicolet tout en poursuivant des études musicales avec le professeur Octave Hardy, dit Chatillon. Outre sa participation à des activités scolaires, notamment des concerts et des productions lyriques, il fut pendant trois ans organiste à la cathédrale de Nicolet.

Ses études terminées, Lavallée-Smith s’établit à Montréal comme marchand de musique tout en perfectionnant son art avec Romain-Octave Pelletier*, organiste de la cathédrale de Montréal. À la même époque, il fut l’assistant du docteur Salluste Duval, organiste de l’église Saint-Jacques, et remplaça pendant quelque temps l’organiste de l’église Notre-Dame. Délaissant le commerce, il décida de se consacrer entièrement à la musique et partit pour Paris à la fin de l’année 1896. Il étudia l’orgue et l’écriture avec des maîtres tels qu’Eugène Gigout, Théodore Dubois, Alexandre Guilmant et Charles-Marie Widor. À son retour à la fin de 1897, il devint titulaire des orgues de l’église Saint-Henri, poste qu’il allait occuper durant 15 ans. Il enseigna aussi le piano et l’harmonie au petit séminaire de Montréal, et donna des cours particuliers de piano, d’orgue, de solfège, d’harmonie et de contrepoint.

À l’exception de quelques pièces pour orgue et pour piano, la quasi-totalité de l’œuvre de Lavallée-Smith consiste en des pages vocales et chorales pour l’église : motets, antiennes et cantiques sur des textes latins et français. Au nombre de ses compositions plus importantes figure la Messe des morts, pour trois voix égales, qui fut chantée pour la première fois à ses funérailles. Dans ses œuvres de musique religieuse, Lavallée-Smith adopte un style traditionnel, dans la lignée de ses maîtres français qu’il vénérait. La plupart sont demeurées inédites, et l’évolution de la liturgie depuis le début du xxe siècle n’en favorise pas une renaissance même modeste.

Lavallée-Smith signa en outre un petit nombre de mélodies pour voix et piano et quelques chants patriotiques. On lui doit aussi Cantate du séminaire de Nicolet, paroles de Louis Fréchette*, composée en 1903 pour marquer le centenaire de l’établissement, ainsi qu’un opéra-comique en un acte, Gisèle, livret du docteur Honoré Thibault. Seule la version pour piano et chant fut terminée en 1910. Une orchestration, réalisée par Alfred (Al) Stoupanse, fut utilisée lors de la création posthume de l’œuvre, le 23 octobre 1924, au Monument national, avec le concours de la soprano Caroline Lamoureux, dite Caro Lamoureux, dans le rôle titre. Qualifié de « brillant » par la Presse, qui parla même de « succès triomphal », cet opéra-comique fut repris le 19 mai de l’année suivante avec, cette fois, Thérèse Lefebvre. Le baryton Lionel Daunais* participait aux deux représentations.

La réalisation majeure d’Alphonse Lavallée-Smith va sans doute demeurer le Conservatoire national de musique et d’élocution, établissement qu’il fonda à l’automne de 1905 et auquel il consacra les dernières années de sa brève existence. Affilié à l’université de Montréal de 1921 à 1951, le conservatoire peut être considéré comme l’ancêtre de l’actuelle faculté de musique de cette université.

Gilles Potvin

Quelque 130 partitions manuscrites ou publiées d’Alphonse Lavallée-Smith ont été réunies par Jean Chatillon et déposées à la Bibliothèque nationale du Québec (Montréal), sous la cote mss –267.

AC, Trois-Rivières, État civil, Catholiques, Saint-Jean-Baptiste (Nicolet), 15 oct. 1903, 26 juill. 1912.— ANQ-M, CE5-1, 19 avril 1873.— L’Album universel (Montréal), 20 févr. 1906 : 1300.— La Presse, 17 juill. 1920 (on y trouve une photographie de Lavallée-Smith), 18, 24 oct. 1924.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935), 168 (on y trouve aussi une photographie).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.), 236, 563.— M.-T. Lefebvre, « Histoire du Conservatoire national de musique : 1922–1950 », Assoc. pour l’avancement de la recherche en musique du Québec, Cahiers (Montréal), 3 (1984) : 37–51.

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Gilles Potvin, « LAVALLÉE-SMITH, ALPHONSE (baptisé Louis-Alphonse-Émile Smith) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lavallee_smith_alphonse_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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