PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, ANTOINE, officier du régiment de Carignan-Salières, premier seigneur de Contrecœur , né en 1596 à Vignieu (Dauphiné), probablement de Benoît de Pécody et d’Énarde Martin, décédé le 1er mai 1688.

Le nom de famille original, assez fréquent dans le Nord du Dauphiné, était Picoud ou Pécoud. Contrecœur est un surnom de régiment. Ainsi, Pécoud, dit Contrecœur , finit par devenir Pécaudy de Contrecœur. Pécaudy s’écrivait aussi fréquemment Pécody.

Antoine Pécaudy de Contrecœur passa en Nouvelle-France en 1665. Tous les détails connus sur sa carrière d’avant cette date proviennent des lettres de noblesse que Louis XIV lui aurait accordées en janvier 1661. L’historien Pierre Saint-Olive a mis en doute l’authenticité de ce document dans lequel il a relevé plusieurs inexactitudes, notamment des défauts de concordance dans les dates et lieux cités. C’est seulement en 1687, c’est-à-dire 26 ans plus tard, que Contrecœur se serait avisé, à Québec, de faire état de sa noblesse. Aussi est-il possible que le document enregistré au Conseil souverain de Québec le 25 février 1687 ne soit fondé que sur les souvenirs d’un nonagénaire.

Pécaudy, qui aurait commencé sa carrière militaire à l’âge de 40 ans, appartint d’abord au régiment de Montezon, puis à celui de Carignan où il fut lieutenant, puis capitaine. Il fut blessé en plusieurs circonstances. On peut croire qu’il était un soldat de valeur. Le 11 janvier 1652, âgé de 56 ans, il épousait à Saint-Chef Anne Dubois, veuve depuis un an de Jacques Lemort. La veuve Lemort, sans enfant, n’en eut pas de Pécaudy.

Semblant s’intéresser aux biens de sa femme, Pécaudy essaya par toutes sortes de moyens d’obtenir une donation, mesure à laquelle s’opposaient les frères Dubois. Il était absent lorsque sa femme décéda, à Saint-Chef, et il n’arriva chez lui que le 10 juillet 1663, soir des funérailles. Les frères Dubois et Pécaudy se heurtèrent dans le règlement de la succession, et la famille Dubois l’emporta d’abord. Mais il y eut de nouvelles contestations et en 1720, les procédures avaient toujours cours entre les descendants des Dubois et ceux de Charles Pécaudy, neveu de Contrecœur .

En 1665, Pécaudy de Contrecœur s’embarquait à La Rochelle à la tête de l’une des 24 compagnies du régiment de Carignan, à destination de la Nouvelle-France. Il débarqua à Québec le 17 août 1665. Après un premier hiver passé à Montréal, le capitaine dirigea ses troupes dans les diverses campagnes entreprises par le régiment de Carignan.

A l’âge de 71 ans, il épousa en secondes noces, le 17 septembre 1667, une jeune fille de 15 ans, Barbe Denys, fille de Simon Denys de La Trinité, membre du Conseil souverain. Dans une lettre datée du 19 décembre 1667, l’intendant Talon écrivait au ministre Louvois qu’il se réjouissait de ce mariage qui allait contribuer à l’établissement de la colonie. Trois enfants naquirent de cette union, dont François-Antoine*, né en 1680, qui épousa Jeanne de Saint-Ours en 1701 et continua la lignée.

Au licenciement du régiment de Carignan, Contrecœur opta pour le Canada. Le 29 octobre 1672, Talon lui faisait concéder une seigneurie de deux lieues carrées sur la rive sud du Saint-Laurent, quelques milles à l’est de Montréal. La seigneurie, désignée sous le nom de Contrecœur , comptait 69 habitants et 80 arpents productifs au recensement de 1681.

En juillet 1673, on trouve le seigneur de Contrecœur parmi les officiers qui accompagnent le gouverneur de Buade de Frontenac à la fondation du fort Cataracoui (Frontenac). Si le nom du seigneur de Contrecœur est assez souvent mentionné dans les documents du Conseil souverain et dans diverses autres sources, il semble toutefois que le personnage n’ait été associé à aucun événement de très grande importance dans les années qui précédèrent sa mort, survenue le premier mai 1688.

Il sera courant plus tard, dans la famille Pécaudy de Contrecœur , de répéter que l’aïeul était décédé « au service du roi ». Peut-être faut-il comprendre par là qu’il aurait été tué lors d’une expédition des Iroquois dans la région de Montréal.

Dans sa postérité, il convient de signaler Claude-Pierre Pécaudy* de Contrecœur qui joua un rôle d’importance au cours des opérations militaires de la guerre de Sept Ans et fut membre du Conseil législatif de Québec.

F. Grenier

AJQ, Greffe de Gilles Rageot, 6 sept. 1667.— Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31 : 90.— Jug. et délib., I, III.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 154s.— Recensement de 1681.— Francis-J. Audet, Contrecœur, famille, seigneurie, paroisse, village (Montréal, 1940).— BRH, IV (1898) : 193 ; VI (1900) : 219 ; X (1904) :320 ; XV (1909) :151 ; XVII (1911) : 194 ; XXIV (1918) : 226s.— Auguste Gosselin, Une Famille de héros, les Pécaudy de Contrecœur (Évreux, 1904).— Régis Roy et Malchelosse, Le Régiment de Carignan.— Pierre Saint-Olive, Les Dauphinois au Canada. Essai de catalogue des Dauphinois qui ont pris part à létablissement du Régime français au Canada, suivi dune étude sur un Dauphinois canadien : Antoine Pécody de Contrecœur (Paris, 1936).— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VIII.

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F. Grenier, « PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pecaudy_de_contrecoeur_antoine_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    28 novembre 2024