JARRET DE VERCHÈRES, PIERRE, officier, né en 1679 ou 1680, à Verchères (Canada), de François Jarret de Verchères et de Marie Perrot, tué en 1708.
Sa famille était dauphinoise. C’est à tort qu’on a voulu la rattacher aux Verchères de La Réole, du Bordelais. Le père de Pierre Jarret de Verchères, né en 1641, était le fils de Jean Jarret et de Claudine Pécaudy, de Saint-Chef, près du hameau de Verchères, archevêché de Vienne. François arriva en Nouvelle-France à 24 ans, avec le régiment de Carignan-Salières, en qualité d’enseigne de la compagnie de son oncle, Antoine Pécaudy* de Contrecœur.
Lorsqu’en 1667 le régiment fut rappelé en France, le jeune militaire décida de se fixer au Canada, selon le vœu de Louis XIV qui favorisait l’établissement de soldats dans la colonie pour accroître la sécurité de sa population. Deux ans plus tard, le 16 septembre 1669, il, se mariait, à Sainte-Famille (île d’Orléans), avec une toute jeune adolescente de 14 ans.
Le 2 novembre 1672, écrivant au ministre, Frontenac [Buade*] sollicitait pour François Jarret de Verchères des lettres de noblesse qu’il n’obtint jamais, apparemment. Le lendemain, Talon* lui concédait en fief, seigneurie et justice « une demye lieue de terre de front sur une lieue de profondeur, à prendre sur le fleuve St-Laurent, depuis la concession du sieur de Grandmaison en descendant vers les terres non concédées jusqu’à celles du sieur Vitrez [Denys] ». Cette seigneurie devait s’augmenter, par la suite, de l’île aux Prunes, de l’île Longue et d’une autre lieue en profondeur.
En novembre 1674, le gouverneur demandait de nouveau à Colbert une récompense pour les bons services de Verchères qui, sur son ordre, avait pourchassé des coureurs de bois jusqu’à 200 lieues en haut de Montréal, s’aliénant ainsi bien des sympathies.
Le fondateur de Verchères travailla à mettre son domaine en valeur, sans abandonner, pour autant, les armes. Lors de l’expédition de Brisay de Denonville chez les Tsonnontouans, en 1687, il était capitaine d’une compagnie de milice dans le bataillon d’Isaac (Alexandre) Berthier. En 1691, il reçut de Frontenac une commission d’enseigne dans les troupes du Canada que le roi ratifia le 1er mars 1693. Il fut promu lieutenant le 15 avril 1694, puis fait lieutenant réformé.
Il mourut le 26 février 1700, laissant sa famille dans la pauvreté. Il avait eu douze enfants, dont Pierre était le cinquième.
Ce dernier allait marcher sur les traces de son père, et même de sa mère qui avait soutenu, presque seule contre les Iroquois, en 1690, un siège de 48 heures. Le jeune Pierre fit très tôt ses premières armes. À l’âge d’environ douze ans, il défendit le fort de Verchères pendant huit jours aux côtés de sa célèbre sœur Madeleine* et de son frère cadet Alexandre. C’est sans doute de lui que l’héroïne parlait en 1699, lorsqu’elle demandait à la comtesse de Maurepas : « que le bien que vous voudriez me faire rejaillisse du moins sur un de mes frères qui est cadet dans nos troupes. Faites lui donner, s’il vous plaît, une enseigne. Il sait le service, il s’est trouvé dans plusieurs expéditions contre les Iroquois ». Son désir fut exaucé et le jeune homme reçut le grade désiré.
Le 29 août 1708, il prit part à l’attaque de Haverhill, village du Massachusetts, avec un parti de 100 Français et un nombre moindre d’Indiens conduits par Jean-Baptiste de Saint-Ours* Deschaillons et Jean-Baptiste Hertel de Rouville. Après avoir incendié et massacré, les assaillants se retiraient, à l’aube, quand ils tombèrent dans une embuscade dressée par une soixantaine d’Anglais. Du côté canadien il y eut, dans ces deux engagements, 18 blessés et 10 tués dont l’enseigne Pierre Jarret de Verchères.
AN, Col., C11A, 18, f.69 ; Col., F1, 5, f.427.— [Henri] de Baugy, Journal d’une expédition contre les Iroquois en 1687, Ernest Serrigny, édit. (Paris, 1883), 84.— Correspondance de Frontenac (1672–1682), RAPQ 1926–27 : 18, 68.— Correspondance de Vaudreuil : RAPQ, 1939–40 : 430–432, 348, 457s.— Lettres de noblesse (P.-G. Roy), II.— RAC, 1899, 6s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, III : 27–34.— Taillemite, Inventaire analytique, série B, I : 54, 56.— Claude de Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–51 :287, 486.— Coleman, New England Captives. —, Ægidius Fauteux, La Famille Jarret, BRH, XXX (1924) : 253–256, 278.— P.-G. Roy, La Famille Jarret de Verchères (Lévis, 1908), BRH, XIV (1908) : 209–217, 240–254, 271–285, 299–303.— Pierre Saint-Olive, Les Dauphinois au Canada. Essai de catalogue des Dauphinois qui ont pris part à l’établissement du Régime français au Canada, suivi d’une étude sur un Dauphinois canadien : Antoine Pécody de Contrecœur (Paris, 1936), 27s., 94.
Céline Dupré, « JARRET DE VERCHÈRES, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jarret_de_vercheres_pierre_2F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |