PATTERSON, ROBERT, arpenteur, marchand, fonctionnaire et officier de milice, né en 1732 à Renfrew, Écosse ; décédé le 30 septembre 1808 à Pictou, Nouvelle-Écosse.
Après son arrivée en Amérique, Robert Patterson travailla quelque temps comme colporteur ; antérieurement à 1763, il fut aussi, à ce qu’il semble, cantinier dans l’armée britannique. En 1767, il vivait à Cross Roads (Churchville, Maryland). Quand la Philadelphia Company, association de promoteurs fonciers américains, regroupa des colons pour les terres dont elle avait récemment obtenu la concession sur la côte nord de la Nouvelle-Écosse, on choisit Patterson pour être l’arpenteur de l’expédition. En mai 1767, accompagné de sa femme et de leurs cinq enfants, Patterson s’embarqua sur le Betsey avec plusieurs autres familles, dont celle de John Harris. Dans le nouvel établissement de Pictou, il fut bientôt amené à s’intéresser au commerce : il fournissait des marchandises aux Indiens et aux colons, contre des fourrures, du bois de construction et des produits de la ferme. Grâce à ses honoraires d’arpenteur et à ses profits de commerçant, il fut bientôt relativement à l’aise. Il engagea des précepteurs pour l’instruction de ses fils, et il fut le premier, dans l’établissement de Pictou, à posséder une maison en pans de bois, alors que les autres habitants vivaient dans de grossières cabanes. C’est dans la grange de Patterson, où l’on avait installé pour l’occasion des bancs de fortune, que James McGregor*, premier missionnaire à œuvrer auprès des habitants de la région qui étaient originaires des Highlands, prononça son premier sermon à Pictou, en 1786.
Instruit et disposant d’amis influents parmi cette « aristocratie marchande » d’origine écossaise qui joua un rôle si important dans le commerce nord-atlantique, Patterson devint vite le premier personnage de la place. À titre de juge de paix (nommé le 6 avril 1774) et sous le nom de Squire Patterson, qu’on lui donna pour le distinguer du diacre John Patterson, il était le « vénérable pionnier [qui] présidait [la communauté des colons...] pendant que ces derniers, avec confiance, [...] se rangeaient la plupart du temps à ses avis ». Il était considéré comme « une sorte de factotum au service de tous les colons, dont il célébrait même les mariages ».
Pendant la Révolution américaine, Patterson, au contraire de la plupart des autres colons originaires d’Amérique, appuya la cause des Britanniques. Dans son enthousiasme, il tenta d’arrêter quelques-uns des habitants déloyaux, mais il en fut dissuadé par des menaces de mort. En route pour Halifax, où il voulait se procurer des exemplaires du serment d’allégeance que, sur l’ordre du gouverneur Francis Legge*, devait prêter quiconque habitait la province, Patterson fut forcé par un colon américain armé de rebrousser chemin à Truro. Patterson n’avait peut-être pas vécu assez longtemps dans les colonies américaines pour être influencé par le mouvement révolutionnaire. Il est plus vraisemblable, toutefois, qu’en homme d’affaires avisé il ait entrevu les possibilités commerciales qu’offrirait la colonie, si elle restait dans les bonnes grâces de la Grande-Bretagne. Il n’ignorait pas, non plus, que les Écossais des Highlands, qui formaient la majorité des habitants de Pictou, étaient fortement en faveur des Britanniques. En reconnaissance pour ses services, on le fit capitaine de milice, en 1783.
Robert Patterson conserva sa position éminente, à Pictou, jusqu’à sa mort. Ses fils paraissent avoir quitté l’endroit : en 1900, ses seuls descendants, dans le comté de Pictou, à porter le nom de Patterson vivaient à Lower Barneys River, où son fils George s’était établi après son mariage avec la fille de Nicholas Purdue Olding, magistrat loyaliste en vue, que l’on a parfois appelé le « grand-père du Barreau de la Nouvelle-Écosse ». Patterson avait renforcé ses liens avec Pictou quand sa fille Sarah avait épousé Edward Mortimer, important marchand de l’endroit. Une nièce de Patterson, Elizabeth, de Baltimore, au Maryland, fut mariée pendant un certain temps au frère de Napoléon Bonaparte, Jérôme, qui avait visité cet état dans les années 1790, à titre d’officier dans la marine française. L’empereur, qui n’aimait pas cette alliance, fit annuler le mariage en 1805.
Durham cemetery, Pictou County, N.-É., pierre tombale de Robert Patterson.— H. R. Beer, The Pictou plantation : 1767 ([Corner Brook, T.-N., 1967]).— George MacLaren, The Pictou book : stories of our past (New Glasgow, N.-É., [1954]).— J. P. MacPhie, Pictonians at home and abroad : sketches of professional men and women of Pictou County ; its history and institutions (Boston, 1914).— F. H. Patterson, John Patterson, the founder of Pictou town (Truro, N.-É., 1955).— George Patterson, A history of the county of Pictou, Nova Scotia (Montréal, 1877) ; Memoir of the Rev. James MacGregor, D.D. [...] (Philadelphie, 1859).— Colonial Patriot (Pictou, N.-É.), 4 janv.–3 déc. 1828.— Colonial Patriot and Miscellaneous Selector (Pictou), 17–31 déc. 1828.— A. J. Crockett, « Robert Patterson : the father of Pictou », Free Lance (New Glasgow), 20 mars 1952.— Eastern Chronicle (New Glasgow), 1951.— R. F. Harris, « A pioneer Harris family and the pre-loyalist settlement of Pictou », N.S. Hist. Soc., Coll., 33 (1961) : 103–135.
A. Anthony MacKenzie, « PATTERSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/patterson_robert_5F.html.
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Auteur de l'article: | A. Anthony MacKenzie |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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