PATRICK, WILLIAM, ministre méthodiste, homme d’affaires et homme politique, né le 21 février 1810 à Scarborough, Haut-Canada, fils d’Asa Patrick et de Belinda Gilbert ; le 31 mai 1835, il épousa Abigail Ann Brouse, fille de George Brouse*, et ils eurent un enfant qui mourut en bas âge ; décédé le 6 août 1883 à Brockville, Ontario.
Le père de William Patrick quitta l’Écosse encore enfant pour émigrer dans le Haut-Canada. Il s’installa dans une ferme en dehors de Newmarket. Pendant la guerre de 1812, il fut en relation avec les services de l’intendance à York (Toronto), et plus tard il s’occupa de commerce. Il envoya d’abord William à une école publique élémentaire de l’endroit puis à la Home District Grammar School, dirigée par John Strachan*. Dès son jeune âge, William manifesta un attachement marqué pour la foi méthodiste et, en 1828, il étudia au Cazenovia Seminary à New York. (Ses profondes convictions méthodistes ont entraîné une confusion entre sa carrière et celle de William Poyntz Patrick, éminent méthodiste laïc torontois devenu par la suite membre de l’Église catholique apostolique, qui occupa les fonctions de greffier au bureau de la chambre d’Assemblée du Haut-Canada et de premier greffier du bureau de l’Assemblée législative de la province du Canada, et qui mourut le 13 octobre 1863.) De 1829 jusqu’au début de 1836, William Patrick, qui fut ordonné ministre en 1833, se consacra au ministère méthodiste dans le Haut-Canada. Pendant ces années, il fut affecté pour de courtes périodes à des « circuits » et missions à Long Point, comté de Leeds, à Belleville, Whitby, Perth, Prescott et dans la région de la rivière Rideau. « La grande jeunesse, les manières plaisantes, la piété et la façon pathétique de prêcher du jeune Patrick rendaient son ministère extrêmement populaire », mais, en 1835, sa voix commençant à faiblir, il décida d’abandonner ses fonctions ecclésiastiques et de devenir marchand.
L’année suivante, Patrick et son épouse ouvrirent un petit magasin à Kemptville et, trois ans plus tard, ils déménagèrent à Prescott où Patrick monta un commerce de « marchandises sèches ». En 1851, année où il se rendit en Angleterre pour une grande tournée d’achats, Patrick était devenu un homme d’affaires bien établi et prospère et un agent de la Provincial Mutual and General Insurance Company. Par la suite, il fut l’un des administrateurs de l’Ottawa and Prescott Railway. Pendant son séjour à Prescott, Patrick prêcha aussi à titre de laïc méthodiste.
La politique l’attirait et en 1849, après l’incendie des édifices du parlement à Montréal, Patrick avait prononcé une allocution exprimant la loyauté des habitants du comté de Grenville envers le gouverneur général, lord Elgin [Bruce*]. Tandis qu’il voyageait en Angleterre en 1851, les réformistes du comté de Grenville le nommèrent candidat pour les élections qui allaient se tenir en décembre de cette année-là. Durant toute la campagne, il parla en faveur de la réciprocité ainsi que du développement de l’agriculture, de l’exploitation forestière et du commerce avec le Nord-Ouest. Il défit le docteur Hamilton Dribble Jessup, un vétéran conservateur. Réélu en 1854 dans la même circonscription, devenue Grenville South, Patrick fut un partisan de Francis Hincks et l’un des libéraux qui, comme ce dernier, appuyèrent le ministère à prédominance conservatrice de sir Allan Napier MacNab* et d’Augustin-Norbert Morin*. À titre de membre de l’Assemblée, Patrick plaida en faveur d’une aide gouvernementale accrue pour le Victoria College, établissement méthodiste de Cobourg.
En 1856, Patrick traversa le parquet et se joignit à l’opposition réformiste, mais pour beaucoup de Grits il demeurait un « misérable flagorneur » parce qu’il avait soutenu Hincks. Quoi qu’il en soit, il fut élu en 1857 et en 1861 comme réformiste modéré. En tant que réformiste, il maintint des relations difficiles mais continues avec les chefs rivaux, George Brown* et John Sandfield Macdonald* (le second était député de Cornwall). Patrick se rapprocha davantage des partisans de Macdonald dans l’est du Haut-Canada. Il donna son appui au gouvernement formé en 1862 par Macdonald et Louis-Victor Sicotte et, contrairement à la plupart des réformistes du Haut-Canada, il demeura aux côtés de Macdonald lors du vote décisif pris en mars 1863 sur le projet de loi présenté par Richard William Scott* concernant l’extension des droits des écoles « séparées » dans le Haut-Canada. Aux élections de juin 1863, Patrick fut défait par le conservateur Walter Shanly* ; ironiquement, malgré sa position au sujet des écoles séparées, Patrick perdit le vote catholique à cause de son désaccord sur la dotation de certaines institutions religieuses.
Patrick était en faveur de la confédération et, à l’approche des élections de 1867, il y eut des rumeurs selon lesquelles John Alexander Macdonald* négociait avec lui au sujet de candidats de coalition appropriés pour Grenville South, rumeurs vigoureusement démenties par Shanly, député conservateur sortant. Toutefois, à l’assemblée réformiste de juin 1867, Brown, agissant sur le conseil de Luther Hamilton Holton*, qui désirait attirer des réformistes représentant un corps d’électeurs plus vaste et plus diversifié, organisa le choix de Patrick comme président ; celui-ci en fut surpris et quelque peu déconcerté. L’assemblée dénonça la coalition avec les conservateurs de John A. Macdonald et expulsa William McDougall* du parti à cause de son appui au gouvernement de coalition. McDougall, le plus ancien réformiste dans le cabinet de Macdonald, donna malgré tout son soutien à Patrick lors des élections fédérales de cet été-là, alors que Macdonald accorda le sien à Shanly, qui, finalement, remporta la victoire.
Élu maire de Prescott en 1872, Patrick en fut le trésorier de 1873 à 1876. De mai 1873 jusqu’à sa mort, il fut shérif des cantons unis de Leeds et de Grenville, poste qui l’amena à déménager à Brockville en 1876. Selon la notice nécrologique parue à son sujet dans le Christian Guardian, Patrick exerça ses fonctions de shérif avec un « sens aigu du devoir chrétien » ; « il avait l’habitude de lire les Écritures et de prier avec les criminels confiés à ses soins ». Patrick avait continué de prendre part, à l’échelle locale et nationale, à l’activité de son Église. En 1874, 1878, 1882 et 1883, il participa étroitement, à titre de délégué, à la Conférence générale de l’Église méthodiste du Canada et fut élu au conseil de direction. Il laissa la plus grosse partie de sa succession pour la formation théologique au Victoria College et pour l’entretien de missionnaires à l’étranger.
APC, MG 24, B30 ; B40 ; MG 26, A.— Surrogate Court of the United Counties of Leeds and Grenville (Brockville, Ontario), no 1 092, testament de William Patrick, 12 oct. 1883 (mfm aux AO).— Brockville Recorder (Brockville), 9 août 1883.— Christian Guardian, 1874, 19 mars 1884.— Telegraph (Prescott, Ontario), 1849, 1851, 1861, 1863, 1867.— Canadian biog. dict., I : 367s.— CPC, 1862.— Carroll, Case and his cotemporaries.— T. W. H. Leavitt, History of Leeds and Grenville, Ontario, from 1749 to 1879 [...] (Brockville, 1879 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).
Bruce W. Hodgins, « PATRICK, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/patrick_william_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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