PATERSON, JOHN ANDREW, avocat, réformateur social et auteur, né le 22 juin 1846 à Stornoway, Écosse, fils de John Paterson et de Jane Balfour Allison ; le 5 janvier 1876, il épousa à Toronto Christina Dick Riddell, et ils eurent trois fils et une fille, puis, en secondes noces, Mary Allan ; décédé le 13 mai 1930 à Toronto.
Ministre presbytérien et instituteur en Écosse et en Angleterre, le père de John Andrew Paterson continua d’exercer son ministère après avoir immigré au Canada avec sa famille en 1858. John Andrew, quant à lui, fut inscrit à l’Upper Canada College de Toronto, où il devint chef de classe en 1861. L’année suivante, une double bourse en humanités et mathématiques lui permit d’entrer à la University of Toronto. Il arrivait toujours premier ou deuxième de sa classe. Diplômé de premier cycle en 1866, il reçut sa maîtrise en mathématiques l’année suivante tout en enseignant à l’Upper Canada College. Après avoir occupé ce poste durant trois ans, il décida d’appliquer ses facultés d’analyse à l’étude du droit. Reçu au barreau le 26 novembre 1872, il exercerait à Toronto durant 57 ans.
Toute la vie de Paterson porte la marque de son éducation presbytérienne. Il servit ses congrégations – celle de la rue Bay (Erskine) de 1872 à 1898 et celle de la rue Bloor de 1899 à 1930 – à titre d’administrateur, de conseiller presbytéral et de surintendant de l’école du dimanche. Au sein de l’Église presbytérienne au Canada, il assista à plusieurs assemblées générales et participa à de nombreux comités ; en outre, il fut membre du conseil universitaire du Knox College de 1892 à 1925. Il fut le solicitor du collège dès 1909, soit au moment où l’établissement acquit un terrain pour le nouveau bâtiment de la rue St George. Dans le champ des relations interconfessionnelles, il présida l’Ontario Sunday School Association en 1895–1896, la Lord’s Day Alliance de l’Ontario en 1897 (et le comité juridique de cet organisme pendant plusieurs années) ainsi que le conseil canadien du Laymen’s Missionary Movement en 1916. Fervent partisan de la tempérance, il prit part à la campagne qui mena à la tenue d’un référendum sur la prohibition en Ontario en décembre 1902 [V. Francis Stephens Spence*] et, en 1903, à des efforts en vue de restreindre la vente d’alcool. Au nom des fidèles de l’église de la rue Bloor, lui-même et Clare Melville Wright, l’adjoint du pasteur, rédigèrent une déclaration au sujet du référendum de 1924 sur la prohibition. Ce ne sont là que quelques-uns des organismes et des causes qui bénéficièrent de l’apport de cet avocat persuasif au tempérament posé. L’enracinement de Paterson dans le presbytérianisme ne l’empêcha pas de jouer un rôle important dans le mouvement qui mena en 1925 à la formation de l’Église unie du Canada. Vice-président du conseil général de l’Église presbytérienne au Canada, il suppléa le président Daniel Robert Drummond lorsque celui-ci, à la veille de l’unification, démissionna pour marquer son opposition.
En politique, Paterson se définit en 1923 comme un libéral dans la tradition de George Brown* : « ainsi que mon père l’a été avant moi, disait-il, et jamais je n’ai trouvé la moindre raison de changer d’allégeance ». Des indices montrent que ses relations dans les milieux politiques, éducatifs et religieux l’aidèrent dans sa carrière. En 1885, un libéral éminent, James Kirkpatrick Kerr, devint directeur de son cabinet juridique (Kerr, Macdonald, Davidson, and Paterson). À compter de 1900, Paterson fut le solicitor de la University of Toronto. Nommé conseiller provincial du roi le 27 mai 1902, il fut bientôt désigné par John Morison Gibson, le procureur général libéral de l’Ontario, pour aller défendre devant le comité judiciaire du Conseil privé, à Londres, la constitutionnalité d’une loi de 1897 interdisant de profaner le jour du Seigneur, qui avait été contestée notamment par la Hamilton Street Railway Company. Comme les infractions à cette loi étaient considérées comme des crimes, le comité judiciaire conclut qu’elle était inconstitutionnelle puisque le droit criminel ressortissait au gouvernement fédéral. Bien que Paterson ait été du côté des perdants, ce jugement marqua une étape importante vers l’adoption en 1906, par le Parlement d’Ottawa, d’une loi en faveur de laquelle il avait exercé des pressions au nom de la Lord’s Day Alliance, à savoir l’Acte concernant l’observance du dimanche. D’autres administrations firent appel aux talents de Paterson. En 1912, au nom du gouvernement conservateur, il intenta des poursuites contre la London and Lake Erie Railway Company en vertu du Railway Act de l’Ontario. Il eut gain de cause, mais le procureur général refusa de payer tous ses honoraires. En 1921, le gouvernement des Fermiers unis lui confia la formation d’une commission pour faire enquête au sujet de l’application négligente de la loi ontarienne sur la tempérance par le magistrat de police de Dunnville, David Hastings, qui finit par démissionner. Paterson exerça aussi dans le secteur privé : par exemple, de 1907 à 1925, il fut avocat à la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord, sur la vie, au conseil d’administration de laquelle il appartenait. Pour lui, toutes ses activités, y compris la défense de l’assurance-vie, s’inscrivaient dans une lutte contre la misère causée par l’alcoolisme, le surmenage et la pauvreté.
Depuis longtemps passionné de mathématiques, Paterson avait adhéré en 1890 à l’Astronomical and Physical Society of Toronto (la future Société royale d’astronomie du Canada). En 1892, il publia dans les Transactions de cet organisme une première communication – sur l’évolution des étoiles – et fut élu deuxième vice-président. Il accepta bon nombre de tâches présidentielles à cause de la maladie ou de l’âge des titulaires Charles Carpmael* et Larratt William Violett Smith. En 1896–1897, il fut président de son propre chef. À l’assemblée de la British Association for the Advancement of Science qui se tint à Toronto en 1897, il parla de l’« unification du temps ». On espérait amener les autorités internationales dans les domaines nautique, civil et astronomique à accepter que le jour commence à minuit. Cette idée pleine de bon sens avait pour défenseur sir Sandford Fleming*, bien connu pour ses campagnes en faveur de l’instauration des fuseaux horaires, mais les pratiques traditionnelles auraient cours jusqu’en 1925. En tout, sur une période de 32 ans, Paterson rédigea, pour la société d’astronomie, 24 rapports et articles de vulgarisation, basés pour la plupart sur ses propres conférences. Sept de ces textes étaient des biographies d’astronomes réputés et trois portaient sur l’astronomie dans l’œuvre de Tennyson, de Shakespeare et de Milton. Paterson dit en 1909 : « Les muses de la Poésie et Uranie sa sœur se sont prises par la main et ont de tout temps chanté au monde les doux vers de mère Nature. » Il voyait toujours la main d’un créateur divin dans la nature, même quand il creusait la théorie de la vie sur Mars et ailleurs.
Plusieurs tragédies marquèrent la vie personnelle de Paterson. Sa première femme, Tina, mourut en 1908 après avoir été heurtée par un cycliste. Ils avaient partagé bon nombre d’idéaux ; en outre, elle avait été secrétaire-archiviste du Local Council of Women de Toronto et vice-présidente de la Women’s Art Association of Canada. Deux des fils de Paterson moururent jeunes, Harold John en 1904 et Ernest Riddell (le premier boursier Rhodes de la University of Toronto) en 1912. Son gendre, Saxon Frederick Shenstone, s’éteignit le jour de Noël 1915 à l’âge de 37 ans. Paterson lui-même fut malade durant les deux ou trois dernières années de sa vie.
John Andrew Paterson était très représentatif de son temps et de son milieu. Les causes qu’il défendit – le travail missionnaire, la tempérance et l’observance du dimanche – s’inscrivaient toutes dans le mouvement visant à améliorer la moralité dans la société canadienne.
Parmi les conférences données par John Andrew Paterson et ayant fait l’objet d’un compte rendu dans la presse, on trouve : « Astronomy and devoutness », Evening Telegram (Toronto), 26 nov. 1924 ; « Astronomy has no quarrel with spiritual devotees », Globe, 26 nov. 1924 ; « Discusses theory of life on Mars », Globe, 14 nov. 1923 ; et « Supposition », Globe, 30 nov. 1921. Paterson a aussi rédigé les articles suivants : « The Privy Council and the Lord’s Day Act », Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 3 (juill.–déc. 1903) : 379, et « Simon Newcomb – his life and work », Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto), 7 (1913) : 389–403.
AO, RG 4-32, 1903, file 1585 ; 1904, file 911 ; 1905, file 458 ; 1908, file 691 ; 1911, file 716 ; RG 22-305, nos 7260, 23502, 64760 ; RG 80-5-0-62, nº 12849.— Arch. de l’Église presbytérienne au Canada (Toronto), 101/0008 (Knox College, Toronto, doc. juridiques (hypothèques, etc.)), 1887–1927 ; 102/0008 (Knox College, conseil universitaire, procès-verbaux), 1908–1927 ; 1989-4002-1-3 (Erskine Presbyterian Church, Toronto, bureau des administrateurs et réunions des congrégations, procès-verbaux), 1837–1883.— EUC-C, 1777, 92.029L, 5-1, 5-2, 7-14, 9-5, 17-2 ; Biog. file.— UTA, A1970-0024/008, 10 ; A1973-0026/357 (69, 79, 82) ; A1974-0018.— Astronomical and Physical Soc. of Toronto, Trans., 1892.— Attorney-General for Ontario c. the Hamilton Street Railway Company and others, [1903] Law Reports, Appeal Cases (Londres) : 524–530.— Canadian annual rev., 1902–1903, 1907, 1921.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Église presbytérienne du Canada, General Assembly, Acts and proc. (Toronto), 1891–1925.— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to Juin, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917).— Soc. royale d’astronomie du Canada, General index to the publications of the Astronomical and Physical Society of Toronto, 1890–1899, W. E. Harper, compil. (Toronto, 1931).
Peter Broughton, « PATERSON, JOHN ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paterson_john_andrew_15F.html.
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