PASCAUD, ANTOINE, marchand, né à Bordeaux, France, le 18 avril 1729, fils de Guillaume Pascaud, marchand, et de Marie-Anne Baulos, décédé en janvier 1786.
Par ses grands-parents paternels, Jean Pascaud et Anne Puyperouse, Antoine Pascaud était apparenté à la famille bien connue d’Antoine Pascaud*, de La Rochelle. Le frère aîné de son père, Jean Pascaud, détenait un office royal, celui d’avocat au parlement de Paris. Les parents d’Antoine avaient apporté la somme de 42 000# à la communauté qu’ils formèrent en se mariant le 3 décembre 1726, et, alors qu’Antoine était encore enfant, son père était le principal représentant, à Bordeaux, de ses cousins de La Rochelle, qui faisaient un vaste commerce avec le Canada. Quand leur père connut les revers de fortune qui allaient le mener à la faillite en mai 1753, Antoine et son frère Jean partirent pour le Canada, où Jean épousa à Québec, le 10 avril 1752, Élisabeth de Cournoyer, de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Entre-temps, un autre frère, Pierre, alla s’installer aux Antilles où il fit le commerce des esclaves.
On n’est pas sûr du moment exact où Antoine Pascaud vint au Canada, mais, au début des années 1750, il y était importateur de vivres. En février 1754, alors qu’on manquait de nourriture, il fit, par voie de terre, le voyage de Québec à New York pour s’y procurer environ 360 boisseaux de farine pour le Canada et l’île Royale. En allant si hardiment chercher des vivres à un moment aussi critique, Pascaud s’acquit la grande estime du gouverneur Duquesne et du commissaire ordonnateur de Louisbourg, Jacques Prevost de La Croix, entre autres hauts fonctionnaires.
Cette activité de Pascaud au Canada fut le début d’une longue carrière comme fournisseur de la marine française et comme négociant à son compte. Pendant la guerre de Sept Ans, il travailla aux Antilles ;puis, aussitôt la guerre finie, il ravitailla, comme marchand, la nouvelle colonie, vite disparue, de la Guyane française, que la cour de France espérait voir s’implanter et prospérer en remplacement des colonies perdues de l’île Royale et du Canada. Quand s’écroula ce beau rêve, Pascaud fut arrêté, en vertu d’un ordre signé le 18 septembre 1767, et emprisonné à la Bastille avec les fonctionnaires de la Guyane. Dans une cause qui rappelle l’Affaire du Canada [V. Bigot], ils furent tous accusés d’avoir tiré des profits excessifs de leur poste et d’avoir fraudé la couronne. Pascaud, relâché le 9 août 1768, alla s’exiler sur une terre qu’il possédait près d’Aubeterre, en Angoumois (Aubeterre-sur-Dronne, dép. de la Charente). Il affirma alors avoir été ruiné ; mais, pendant la guerre d’Indépendance américaine, il approvisionnait de nouveau, sur une grande échelle, les colonies françaises, armant de nombreux navires et effectuant secrètement des paiements internationaux au nom de la couronne à son quartier général à Paris.
Antoine Pascaud est le type même du brasseur d’affaires qui œuvrait dans le domaine colonial français, et, en tant que membre de la famille Pascaud, il est particulièrement intéressant, en ce qu’il nous permet de situer les affaires canadiennes dans une perspective plus grande.
AD, Gironde (Bordeaux), Minutes Janeau (Bordeaux), 23 nov. 1726.— AN, Col., E, 330 (dossier Pascaud).— Archives municipales, Bordeaux, État civil, Saint-André, 20 avril 1729.— Bibliothèque de l’Arsenal, Archives de la Bastille, 12 324, ff.215s.— Jean Tarrade, Le commerce colonial de la France à la fin de l’Ancien Régime : l’évolution du régime de l’Exclusif de 1763 à 1789 (2 vol., Paris, 1972), II.
J. F. Bosher, « PASCAUD, ANTOINE (1729-1786) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pascaud_antoine_1729_1786_4F.html.
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Auteur de l'article: | J. F. Bosher |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |