PARKER, DANIEL McNEILL, médecin et homme politique, né le 28 avril 1822 à Windsor, Nouvelle-Écosse, fils de Francis Parker et de Mary Janet McNeill, de Petite (Walton, Nouvelle-Écosse) ; le 9 juin 1847, il épousa à Halifax Eliza Ritchie Johnston (décédée en 1852), fille aînée de James William Johnston*, puis le 26 août 1854, aussi à Halifax, Fanny Holmes Black, et ils eurent six enfants, dont deux moururent en bas âge ; décédé le 4 novembre 1907 dans cette ville.

Fils d’un magistrat et diacre baptiste du comté de Hants, Daniel McNeill Parker passa six ans à l’école publique à Petite avant de fréquenter la King’s College School et la Horton Academy. Il s’initia à la médecine en faisant un stage auprès de William Bruce Almon*, à Halifax. Là, il apprit à préparer et à administrer des médicaments, à faire des pansements, à extraire des dents et, finalement, à prescrire des traitements. En 1842, il entra à la University of Edinburgh, où il rédigea une thèse intitulée « The management of parturition ». En 1845, il reçut la médaille d’or d’anatomie et obtint son diplôme de justesse à cause d’une dispute avec le professeur de botanique. Au cours de son séjour à Édimbourg, il passa ses vacances d’été à travailler comme aide-clinicien auprès du célèbre médecin James Young Simpson.

De retour en Nouvelle-Écosse en 1845, Parker ne tarda pas à se constituer une clientèle lucrative à Halifax. À l’instar de bon nombre de ses collègues, il s’occupait de plusieurs œuvres de bienfaisance. Par exemple, il se rendait périodiquement au Poor’s Asylum pour y soigner les malades et aidait William Grigor* à son dispensaire destiné aux pauvres. Ce fut d’ailleurs au Poor’s Asylum que, le 5 février 1848, il assista à la première intervention chirurgicale faite sous chloroforme en Nouvelle-Écosse. Le chirurgien était William Johnston Almon. (Simpson avait été le premier à utiliser le chloroforme, trois mois plus tôt, à Édimbourg.) Peu après, Parker s’initia à l’usage de l’éther en compagnie du dentiste de Halifax Lawwrence Edward Van Buskirk, qui s’était rendu à Boston pour apprendre à se servir de ce gaz comme anesthésique. Van Buskirk administra d’abord de l’éther à Parker pour qu’il en éprouve les effets. Puis, le lendemain, Parker amputa une jambe à un patient anesthésié à l’éther. Parker aurait également été le premier à pratiquer une ovariotomie à Halifax, en collaboration avec un certain docteur Keith, d’Édimbourg (probablement George Keith, collègue de Simpson).

Malgré les grands progrès de la chirurgie, la profession médicale de Halifax avait encore, au milieu du xixe siècle, de sérieux obstacles à surmonter : méfiance énorme de la part de la population, pratique irrégulière, charlatanisme flagrant. Elle devait lutter pour faire valoir son autorité et gagner la confiance populaire. Cette situation peut expliquer la forte participation de médecins tels Parker, W. J. Almon et Grigor à la politique et à des œuvres de charité ainsi qu’à la création d’établissements correspondant à la conception que l’on se faisait alors de la médecine scientifique et de la réforme sociale. Au fil des ans, Parker apporta son concours au Halifax Mechanics’ Institute avec Grigor : en 1845 par exemple, il inaugura une série de conférences annuelles. De plus, il participa à la fondation de la Halifax Institution for the Deaf and Dumb et de la Young Men’s Christian Association de Halifax en 1853 ; il fut l’un des administrateurs de l’Acadia College et l’un des membres de la Halifax Horticultural Society. Il figura parmi les commissaires qui veillèrent à ce que la Nouvelle-Écosse ait un stand à l’Exposition universelle de Londres en 1851, travail pour lequel il reçut la médaille du prince Albert. Avec Alexander Forrester*, il créa en 1854 la Nova Scotia Industrial Exhibition. En 1867, il accéda au Conseil législatif. Bien qu’il ne s’y soit pas imposé, il prit quelquefois une part active à certains débats. Un jour, pendant la session de 1876, il parla durant trois heures contre le projet de loi visant à créer une université provinciale.

On trouve aussi Parker dans plusieurs associations ou établissements voués à l’avancement de la profession médicale et au progrès de la santé. Il participa à la création de la Medical Society of Nova Scotia en 1854, de la Canadian Medical Association en 1867 et de la branche haligonienne de la British Medical Association en 1889. Il fit partie du Bureau de santé de la province de 1872 à 1888. Président de la Medical Society of Nova Scotia en 1857, il fut élu président de la Canadian Medical Association en 1870, en remplacement de son vieil ami Charles Tupper*. Il fit partie du personnel du Provincial and City Hospital (par la suite le Victoria General Hospital) et de la Victoria Infirmary. En outre, il contribua à la fondation de la faculté de médecine de la Dalhousie University en 1868.

En 1871, Parker abandonna son cabinet pour aller étudier les techniques de la chirurgie antiseptique à Édimbourg et dans des hôpitaux européens. Il rentra en Nouvelle-Écosse deux ans plus tard et, dès lors, fit uniquement de la consultation en médecine et en chirurgie. Il compta parmi les premiers disciples néo-écossais de Joseph Lister, avec Alexander Peter Reid* et John Stewart*, et promut, tout comme eux, l’emploi de l’acide phénique comme désinfectant. Par exemple, le 18 juin 1873, au cours d’une réunion de la Medical Society of Nova Scotia, il reprocha aux docteurs Edward Farrell et John Somers de soutenir que les chirurgiens qui n’employaient pas l’acide phénique obtenaient d’aussi bons résultats que ceux qui l’utilisaient. « [À] Aberdeen, fit-il observer, [les médecins] ne se servaient pas de l’acide phénique et prétendaient avoir d’aussi bons résultats que Lister, mais après enquête, on a constaté que ce n’était pas le cas. »

Le 1er août 1895, Parker fêta ses 50 années de pratique. Une délégation de médecins se rendit chez lui à Dartmouth et on lui lut un hommage. Sa réponse officielle, compte rendu de ses années dans la profession, parut en octobre dans le Maritime Medical News. Tout en faisant état des progrès réalisés dans la pratique médicale et la chirurgie au cours de cette période, Parker s’inquiétait de la tendance des écoles de médecine à ouvrir leurs portes à quiconque était prêt à payer et attribuait l’« engorgement » de la profession à l’ambition des fils de fermiers et d’artisans d’accéder aux professions libérales. « Les statistiques, écrivait-il, démontrent que la juste proportion qu’il devrait y avoir entre les professions et la population n’existe plus. »

Daniel McNeill Parker cessa de pratiquer la médecine en 1895, mais il siégea au Conseil législatif jusqu’en 1901. Il mourut six ans plus tard.

Colin D. Howell

Daniel McNeill Parker a publié « On the completion of fifty years active professional work », dans Maritime Medical News (Halifax), 7 (1895) : 205–218.

Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), MS 1-12 (7.1a).— PANS, Biog., McNeill, Daniel (documents des familles McNeill et Daniel, et autres familles) (mfm) ; MG 20, 181, minutes, 9 oct. 1854, 8 juin 1873 ; MG 100, 139, n° 24 ; RG 5, P, 46, n° 49 ; RG 32, 157, 9 juin 1847.— Acadian Recorder, 2 août 1895.— Maritime Baptist (Saint-Jean, N.-B.), 22 févr. 1928.— C. D. Howell, « Elite doctors and the development of scientific medicine : the Halifax medical establishment and 19th century medical professionalism », Health, disease and medicine ; essays in Canadian history, C. [G.] Roland, édit. ([Toronto], 1984), 105–122 ; « Reform and the monopolistic impulse : the professionalization of medicine in the Maritimes », Acadiensis (Fredericton), 11 (1981–1982), n° 1 : 3–22.— [K. A. MacKenzie], « Honorable Daniel McNeill Parker, s.d. Edinburgh, d.c.l. Acadia, 1822–1907 : a dean of Canadian medicine », Nova Scotia Medical Bull. (Halifax), 29 (1950) : 149–154.— Maritime Medical News, 19 (1907) : 438–440.— Nova Scotian Institute of Science, Proc. and Trans. (Halifax), 12 (1907–1908) : xxiv.

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Colin D. Howell, « PARKER, DANIEL McNEILL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/parker_daniel_mcneill_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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