PARIS, BERNARD, capitaine de navire, né à Plaisance (Placentia, T.-N.) en 1708, aîné des enfants d’Antoine Paris et de Renée Boucher ; il épousa à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), le 25 mai 1758, Marie-Anne Le Blanc ; décédé en France, à La Rochelle, en avril 1760.
La famille Paris fut parmi celles qui quittèrent Plaisance lors de sa cession à l’Angleterre, en 1713, et allèrent constituer le noyau fondateur de Louisbourg. À 19 ans, Bernard était déjà à l’emploi de son père et de son associé de Québec, Perrault – peut-être François Perrault. Il commandait leur bateau, le Saint-Pierre, qui transportait du Canada à Louisbourg des pois, du blé, de la farine et du bois, où on les échangeait contre des cargaisons de rhum, de mélasse, de sucre et de fruits en provenance des Antilles. Cependant, Antoine caressait des rêves plus ambitieux pour ses affaires et pour son fils. En 1729, il mit à la mer un cotre de 90 tonneaux, le Marie-Magdelaine. Bernard en devint le capitaine et il fit la navette entre Louisbourg, les Antilles et Bordeaux. Des lettres écrites par le correspondant d’Antoine à Bordeaux, Jean Jung, témoignent du bon caractère et de l’intelligence de Bernard, mais déplorent ses extravagances de jeunesse (à Bordeaux il fit regréer un cotre en senau, « le plus joly nre de la Rivière et mieux agrée ») et signalent son manque d’expérience. Bernard ramena le navire après sa troisième traversée, en 1731 ; on le vendit à la suite du décès de son père, le 3 novembre de cette année-là.
Nous retrouvons Bernard comme capitaine de navire à l’emploi de Robert Dugard et Cie de Rouen pour le compte desquels il fit plusieurs traversées entre 1738 et 1744. Il commanda le Ville de Québec, propriété de la compagnie, qui navigua entre le Canada et la France via Louisbourg en 1738, et aussi le Saint-Louis en 1739 et l’Imprévû en 1740, à l’occasion de leur voyage initial respectif de Québec à Louisbourg puis au Havre. Il mena l’Imprévû à la Martinique en 1742. L’année suivante, il occupa la charge de capitaine du navire les Trois Maries, de Honfleur à Québec puis à Louisbourg, mais le bateau coula au cours du voyage de retour, à la suite d’une collision avec le Brillant, propriété de la Compagnie des Indes occidentales. Il n’était donc pas impossible pour un homme originaire des colonies de trouver une situation auprès d’une grande compagnie européenne.
L’association de Bernard Paris avec Dugard cessa après la guerre de la Succession d’Autriche, lorsque la compagnie abandonna le commerce avec l’Amérique du Nord [V. Havy] ais il n’en continua pas moins par la suite de travailler pour le compte d’autres armateurs français. Son nom apparaît ici et là dans les archives notariales ou portuaires; ainsi, en 1751, on le signale comme résident de La Rochelle et capitaine du Saint-Sébastien. Les documents relatifs à son mariage, en 1758, le donnent comme résident de Louisbourg mais toujours capitaine de navire. Lorsque les forces anglaises, sous les ordres de Jeffery Amherst*, reprirent la forteresse, Paris et sa femme allèrent vivre à La Rochelle où celui-ci mourut deux ans plus tard.
AN, 62 AQ, 31 (François Havy à Robert Dugard, 7 juin 1760, La Rochelle) ; Section Outre-Mer, G1, 406, f.55v. ; 409, f.44 ; G2, 180, ff.560–598 (contient des lettres de Perrault à Antoine Paris. Le Perrault dont il s’agit a toutes les chances d’être le marchand bien connu qui avait pour prénom François mais qui, selon la coutume du temps, signait seulement de son nom de famille) ; 181, ff.45–393 (févr. 1732 à 1736, succession Antoine Paris, négociant) ; G3, 2 041/1 (4 mai 1751).
Les voyages pour le compte de Dugard et Cie ont pu être retracés grâce aux sources suivantes : AD, Gironde (Bordeaux), 6B, 96, f.98 ; 387.— AN, 62 AQ, 40 (Havy et Lefebvre, Québec, compte courant, 1738 ; Havy et Lefebvre, Québec, compte général de balance) ; 41 (Robert Dugard, compte courant avec Fautoux de Louisbourg ; papiers de cargaison, Trois Maries, 1744) ; 43 (papiers de cargaison, Imprévû et Imprévû, compte courant avec Renault) ; 45 (Robert Dugard, compte courant avec Leukens, 1741–1742 ; prêt à la grosse avanture, 3 avril 1742) ; Col., B, 73, f.133 ; 75, f.127 ; Col., C8B, 20 ; Col., C11A, 70, f.167 ; 71, f.182 ; 72, f.78 ; 73, f.411 ; 75, f.83 ; 76, f.322 ; 81, f.260 ; Col., F2B, 11.— ANQ, NF, Ord. int., XXIX, 3 avril, 16 juin 1741.
Les sources citées dans les bibliographies de François Havy et de Léon Fautoux ont également servi à préparer la présente biographie. [d. m.]
Dale Miquelon, « PARIS, BERNARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paris_bernard_3F.html.
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Auteur de l'article: | Dale Miquelon |
Titre de l'article: | PARIS, BERNARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |