PARENT, LOUIS-FRANÇOIS, prêtre catholique, né le 4 mars 1778 à Québec, fils de Charles Parent et de Charlotte-Cécile Rouillard ; décédé le 1er juin 1850 à Repentigny, Bas-Canada.

Fils d’un boulanger de la haute ville de Québec, Louis-François Parent fit ses études au petit séminaire de Québec de 1789 à 1798. Il y remplit ensuite la fonction de professeur tout en étudiant la théologie au grand séminaire. Il n’avait pas beaucoup de talent pour l’étude si on le compare à son condisciple Joseph Signay, futur archevêque de Québec. Ordonné le 19 décembre 1801, Parent fit ses premières expériences pastorales à titre de vicaire dans les paroisses Notre-Dame-de-Liesse, à Rivière-Ouelle (1801–1802), Saint-Joseph, dans la Beauce (1802–1803), l’Immaculée-Conception, à Trois-Rivières (1803–1805), et Sainte-Famille, à Boucherville (1805–1806). On l’envoya ensuite en Acadie, où il desservit pendant trois ans les missions de Richibouctou (Richibucto-Village), Bouctouche (Buctouche) et Gédaïc (Grande-Digue), au Nouveau-Brunswick. Il fit preuve d’une grande compréhension dans ses décisions pastorales. Toutefois, il semble avoir souffert d’être le seul prêtre au milieu d’une population docile, croyante et disséminée le long de la côte. Il manifesta donc le désir qu’on le rappelle. Aussi l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, le nomma-t-il curé de la paroisse Saint-Henri-de-Mascouche (à Mascouche) à l’automne de 1809.

Parent commença alors à prêter, au taux d’intérêt légal de 6 %, des sommes d’argent remboursables sous forme de rentes viagères. Mais la conduite du curé finit par déplaire à la majorité des paroissiens qui présentèrent une requête en vue d’obtenir sa démission à l’été de 1831. Sans doute convaincu du bien-fondé des allégations des paroissiens, l’archevêque de Québec, Mgr Bernard-Claude Panet*, demanda à Parent de démissionner, mais il lui interdit de prendre sa retraite en continuant de percevoir le tiers de la dîme annuelle de son ancienne paroisse, puisque ses épargnes lui assuraient une honnête subsistance. Parent tardait à quitter sa cure. Mgr Panet dut donc le menacer d’ouvrir une enquête publique sur sa conduite, même s’il n’y tenait pas vraiment. Parent continua quand même de s’accrocher à sa cure à tel point que l’archevêque se vit contraint de lui enlever tous ses pouvoirs sacerdotaux en novembre.

En septembre 1832, Parent réussit, grâce sans doute aux bons soins de son ancien compagnon d’études, Mgr Signay, à se faire nommer curé de la paroisse de la Purification-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, à Repentigny. Trois ans plus tard, Signay le gratifia du titre d’archiprêtre. Mais les rapports de Parent avec ses paroissiens se dégradèrent encore une fois. Le 19 septembre 1837, une cinquantaine de fidèles adressèrent une humble requête à l’évêque de Montréal, Mgr Jean-Jacques Lartigue, où ils dénonçaient en 14 points la conduite du curé. Ils l’accusaient alors de simonie, de manquements répétés aux devoirs pastoraux et de discrimination à l’égard de certains paroissiens. Parent affirma à Lartigue qu’il ne s’agissait là que d’une coterie mue par des visées politiques mais, pour réfuter ces accusations, le curé ne trouva qu’un seul témoin, le premier chantre.

Mgr Lartigue avait des soucis plus pressants à l’automne de 1837 et il voulut étouffer l’affaire. Cependant il connaissait la lésinerie de Parent et savait que ce défaut le rendait insupportable. Au printemps suivant, il lui donna le choix : quitter sa cure et prendre sa retraite ou subir une enquête publique sur les plaintes alléguées contre lui. Parent refusa les solutions proposées. Il s’estimait même propriétaire de sa cure. Mgr Signay réussit à obtenir de lui une promesse de retraite volontaire à Trois-Rivières pour l’année suivante, mais il n’y eut pas de suite. À l’été de 1839, Parent provoqua une nouvelle levée de boucliers parmi ses paroissiens en manœuvrant une minorité de marguilliers pour qu’on procède à la construction d’un nouveau clocher et à des réparations aux fenêtres de l’église, que l’on jugeait inopportunes.

Sans donner aucun signe de ferveur exceptionnelle, la vie morale et religieuse de Repentigny ne semble pas avoir trop souffert de toutes ces tensions, puisque le taux de gens qui firent leurs pâques passa de 80 % à 88 % entre 1838 et 1841. Mais les plaintes concernant l’avarice et la non-disponibilité du curé continuèrent de parvenir au nouvel évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget*, qui, en avril 1845, somma Parent de démissionner. Encore une fois, le curé promit de le faire dès l’année suivante. Devant cette stratégie dilatoire, Bourget vint enquêter sur place et, le 5 septembre, il déchargea Parent de sa cure. Depuis qu’il était en fonction, le vieux curé si économe avait laissé se dégrader totalement les bâtiments confiés à ses soins et il se livrait à un resquillage de bois et de matériaux jugé maladif par son voisin et successeur, le curé François Labelle.

La mort de Louis-François Parent, survenue à Repentigny le 1er juin 1850, donna lieu à une controverse célèbre. Par testament, le curé laissait une succession dont l’actif se chiffrait à près de £20 000 et il désignait Mgr Signay comme légataire universel. Le séminaire de Nicolet se voyait attribuer une rente perpétuelle de £198. Parent ne laissait rien au jeune diocèse de Montréal même s’il y avait administré deux cures assez rentables. De son côté, la corporation épiscopale de Québec héritait d’environ £11 000 qui lui procuraient une rente annuelle de £591. Le clergé montréalais commença donc à murmurer contre l’injustice faite par le vieux Parent, mort sur son or, et qui permettait au diocèse de Québec de payer les dettes écrasantes contractées en vue de la construction du nouveau palais épiscopal.

Bien des membres de la famille de Parent se montrèrent aussi déçus d’avoir été oubliés. Un jeune architecte de Québec et neveu du curé, Joseph-Pierre-Michel Lecourt, envoya même une pétition à divers personnages importants de Londres afin de faire abroger le droit de la corporation épiscopale à recevoir légalement des biens. Cette action, destinée à faire pression sur l’archevêque de Québec, eut un certain retentissement dans les journaux au printemps de 1852. Le Montreal Witness et le Globe de Toronto appuyèrent Lecourt. Selon eux, il y avait eu extorsion de la part de l’archevêque catholique. D’autres journaux de Québec et de Montréal commentèrent l’affaire et estimèrent qu’on devait respecter les dernières volontés du curé.

Louis-François Parent connut donc une triste célébrité posthume. Pendant plus de 30 ans, il avait fait fructifier le produit de ses économies et de ses rentes. Au sein du clergé, il devint sans doute l’un des plus riches curés catholiques du xixe siècle, mais il fut aussi l’un de ses cas les moins édifiants.

Louis Rousseau

AAQ, 12 A, L : fo 160 ; 210 A, XIV : 463 ; 40 CA, I : 21–25 ; 303 CD, I : 105 ; 516 CD, I : 22 ; 311 CN, V ; 26 CP, VII : 73 ; Sér. E, III.— ACAM, 350.102, 841-5 ; 355.104, 837–4, -5, -7, 839-1, -6, 845-2, 846-2, 850-6 ; RLB, I : 62–63 ; III : 533–534 ; IV : 30, 57.— ANQ-M, CE5-16, 5 juin 1850.— ANQ-Q, CE1-1, 5 mars 1778.— Mélanges religieux, 2 avril 1852.— Allaire, Dictionnaire, 1.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1935–1936 : 188, 194–195, 200, 217 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1932–1933 : 13, 32 ; « Inv. de la corr. de Mgr Signay », 1936–1937 : 329.— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Lartigue », ANQ Rapport, 1942–1943 : 118 ; 1945–1946 : 59, 76.— P.-G. Roy, Fils de Québec, 2 : 189–191.— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet.— Henri Têtu, Histoire du palais épiscopal de Québec (Québec, 1896), 177–179.

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Louis Rousseau, « PARENT, LOUIS-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/parent_louis_francois_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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