PANDOSY, CHARLES (baptisé sous le nom de Jean-Charles-Jean-Baptiste-Félix, aussi appelé Charles-John-Adolph-Felix-Marie), prêtre, oblat de Marie-Immaculée et missionnaire, né le 22 novembre 1824 à Marseille, France, fils d’Esprit-Étienne-Charles-Henri Pandosy, capitaine de la marine marchande, et de Marguerite-Joséphine-Marie Dallest ; décédé le 6 février 1891 à Penticton, Colombie-Britannique.
Charles Pandosy fréquenta le collège Bourbon situé à Arles, en France, puis le juniorat des oblats à Notre-Dame de Lumières. Il entra au noviciat de Notre-Dame de l’Osier le 14 août 1844 et prononça ses vœux le 15 août 1845. Affecté aux missions du territoire de l’Oregon, il s’embarqua au Havre le 4 février 1847, à l’âge de 22 ans, en compagnie d’un petit groupe d’oblats que dirigeait le père Pascal Ricard. Ils débarquèrent à New York et continuèrent leur route par voie de terre jusqu’au fort Walla Walla (Walla Walla, Washington), où ils arrivèrent le 3 octobre.
Le même mois, le groupe s’établit auprès des Indiens yakimas en construisant la mission Sainte-Rose à la jonction de la rivière Yakima et du fleuve Columbia. Pandosy célébra le 30 novembre 1847 (le lendemain de l’éclatement de la guerre des Cayuses [V. Peter Skene Ogden*]) le premier baptême d’un Indien enregistré dans la région où se trouve maintenant Ellensburg. Après son ordination, le 2 janvier 1848, il résida à la mission Sainte-Marie, qu’on venait d’ouvrir auprès des Yakimas au ruisseau Mnassatas. Au printemps de 1852, il établit avec un autre oblat, Louis-Joseph d’Herbomez*, la mission Saint-Joseph sur le cours supérieur du ruisseau Ahtanum. Au cours des années suivantes, il passa l’hiver seul à Moxee (Moxee City) et à Aberski. Il apprit à s’exprimer couramment dans la langue des Yakimas et rédigea un dictionnaire.
Pandosy ne tarda pas à déceler les signes avant-coureurs d’un conflit entre les Indiens yakimas et les colons. À la demande du gouverneur Isaac Ingalls Stevens, il servit d’interprète à un conseil qui eut lieu en mai 1855 à Walla Walla, et à l’occasion duquel les Yakimas et d’autres bandes signèrent des traités avec le gouvernement américain. Cependant, les combats éclatèrent le 6 octobre, lorsque l’armée américaine alla faire enquête sur le meurtre d’un agent des Affaires indiennes, Andrew J. Bolon. Le 10 novembre, le major Gabriel James Rains dirigea une offensive en territoire yakima près de la mission Saint-Joseph, mais les Indiens s’étaient dispersés ; quant à Pandosy et à son compagnon oblat Paul Durieu, ils étaient rendus à la mission jésuite près du fort Colvile (près de Colville, Washington). Les troupes pillèrent et brûlèrent la mission Saint-Joseph après avoir trouvé un baril de poudre à canon enfoui dans le jardin des prêtres.
Pandosy retourna dans le territoire des Yakimas, mais le gouverneur Stevens lui ordonna de fermer la mission et de quitter la région. Même si les journaux l’avaient accusé de conspiration avec Kamiakin, le chef des Yakimas, on lui demanda peu de temps après de servir d’interprète et de négociateur avec les Indiens, ainsi que d’aumônier auprès de l’armée américaine. Il continua aussi à travailler avec les jésuites parmi les tribus des Colvilles et des Cœurs-d’Alênes. Le lieutenant Charles William Wilson, membre du génie royal, qui faisait partie de la commission britannique de délimitation des frontières, décrivit Pandosy comme « un homme très plaisant, bien informé », qui avait « une belle voix » et ne « dédaignait pas un petit remontant ». Il transportait « une couverture et un morceau de lard derrière sa selle » et était « prêt à voyager partout ». En mai 1858, la guerre éclata encore une fois entre l’armée américaine et les Indiens yakimas et spokans. Les autorités oblates, convaincues que « ni la prudence ni le bien de la religion ne justifiait le rétablissement des missions parmi les Yakimas et les Cayuses », mutèrent Pandosy à leur nouvel établissement d’Esquimalt, dans l’île de Vancouver, et lui demandèrent de fonder une mission dans le sud de la Colombie-Britannique.
Au cours de l’été de 1859, Pandosy se rendit avec un petit groupe d’assistants dans la vallée de l’Okanagan en vue d’y établir la première colonie permanente de Blancs, la mission de l’Immaculée-Conception, à laquelle on l’identifierait par la suite. Le groupe construisit une maison et une chapelle. Tout au long de sa carrière, Pandosy fut muté fréquemment : à Esquimalt en 1861, au fort Rupert (près de ce qui est aujourd’hui Port Hardy), dans l’île de Vancouver, en 1863, à la mission Sainte-Marie, située en aval du Fraser, en 1872, et encore une fois dans la vallée de l’Okanagan en 1874. Il se rendit en France en 1880 pour saisir ses supérieurs de l’affaire concernant une fausse réclamation que Durieu et lui avaient faite au gouvernement américain à l’égard de pertes subies pendant la guerre avec les Yakimas. Il travailla par la suite à la mission Sainte-Marie (1880), puis fut supérieur au poste du lac Stuart (1882), avant de retourner finalement dans la vallée de l’Okanagan, probablement en 1887.
Pendant ses séjours dans l’Okanagan, Pandosy passa beaucoup de temps à Penticton, à titre de responsable de la région située au sud de la mission de l’Immaculée-Conception. C’est au cours de cette période que l’on planta les premiers arbres fruitiers dans la vallée. Pandosy encouragea les colons à se hâter d’occuper des terres dans cette zone fertile et initia les Indiens de la région à l’agriculture. Des lettres de ses collègues et des anecdotes bien connues font foi de sa popularité auprès de ses paroissiens. Pourtant, ses relations avec beaucoup de collègues, spécialement avec Pierre Richard, Julien Baudre et Durieu, étaient extrêmement âpres, et leurs lettres débordent de dénonciations mutuelles. Les sujets de discorde ne manquaient pas : la profondeur de la conversion des Indiens, le caractère mesquin et rigide de l’administration, les accusations de « duperies » portées par Pandosy contre ses collègues, et une foule de petites irritations personnelles.
Pandosy mourut à Penticton en 1891 et on l’enterra à la mission Okanagan. Le lieu exact de sa tombe et même du cimetière demeura incertain jusqu’en 1983, année où deux étudiants sous la direction de James Baker de l’Okanagan College découvrirent un cimetière et déterrèrent plusieurs cercueils, dont l’un contenait les restes d’un prêtre oblat. On ne put cependant établir avec certitude s’il s’agissait bien de Pandosy.
Depuis sa mort, Charles Pandosy est entré dans l’histoire de la vallée de l’Okanagan. On a tourné des films et monté des pièces de théâtre sur sa vie, donné son nom à une rue de Kelowna et à un établissement vinicole. On désigne aussi généralement l’ancienne mission de l’Immaculée-Conception sous le nom de mission du père Pandosy.
C. [W.] Wilson, Mapping the frontier : Charles Wilson’s diary of the survey of the 49th parallel, 1858–1862, while secretary of the British boundary commission, G. F. G. Stanley, édit. (Toronto, 1970).— Gaston Carrière, Dictionnaire biographique des oblats de Marie-Immaculée au Canada (3 vol., Ottawa, 1976–1979).— Kay Cronin, Cross in the wilderness (Vancouver, 1960).— R. A. Fowler, The New Caledonia mission : an historical sketch of the Oblates of Mary Immaculate in north central British Columbia (Burnaby, C.-B., 1985).— T. W. Paterson, The Okanagan-Similkameen (Langley, C.-B., 1983), 156–167.— Derek Pethick, Men of British Columbia (Saanichton, C.-B., 1975).— The Yakima valley Catholic centennial, 1847–1947 : a commemoration of the first one hundred years of Catholicity in the Yakima valley ([Moxee City, Wash., 1947]).
Duane Thomson, « PANDOSY, CHARLES (baptisé Jean-Charles-Jean-Baptiste-Félix) (Charles-John-Adolph-Felix-Marie) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pandosy_charles_12F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/pandosy_charles_12F.html |
Auteur de l'article: | Duane Thomson |
Titre de l'article: | PANDOSY, CHARLES (baptisé Jean-Charles-Jean-Baptiste-Félix) (Charles-John-Adolph-Felix-Marie) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |