OWEN, ELIZABETH LEE (Macdonald), maîtresse de maison et auteure, née le 11 mai 1835 à la rivière Cardigan, Île-du-Prince-Édouard, fille de Thomas Owen et d’Ann Campbell ; le 25 novembre 1863, elle épousa à Georgetown, Île-du-Prince-Édouard, Andrew Archibald Macdonald*, et ils eurent quatre fils ; décédée le 12 juillet 1901 à Charlottetown.

Elizabeth Lee Owen était la troisième fille d’une famille de 12 enfants. Son père, membre de l’Église d’Angleterre, s’occupait de commerce et, de 1842 à 1860, il fut le premier maître général des Postes de l’Île-du-Prince-Édouard. Comme il avait son bureau à Charlottetown, Elizabeth Lee alla vivre dans cette ville quand elle était enfant.

En 1863, Elizabeth Lee Owen épousa Andrew Archibald Macdonald, marchand de Georgetown et conseiller législatif, lui aussi membre d’une famille en vue, mais catholique. Leur mariage fut donc remarqué, et même audacieux quand on sait l’animosité qui régnait alors entre bien des catholiques et des protestants de l’île, tant en politique que dans la presse. Nommé maître général des Postes de l’île en 1873, Macdonald fut ensuite maître de poste à Charlottetown puis, de 1884 à 1889, lieutenant-gouverneur de la province. Après sa nomination au Sénat en 1891, sa femme l’accompagnerait régulièrement à Ottawa.

Elizabeth Lee Macdonald passa sans aucun doute une grande partie de sa vie à élever ses fils, qui devinrent catholiques, et à soutenir son mari. Durant toute leur vie commune – et il semble que ce fut une union solide –, les deux époux restèrent fidèles à leur Église respective. Mme Macdonald donna temps et argent à la cathédrale anglicane St Peter. En 1889–1890, elle fut présidente de la Sewing Society et visita les pauvres. À l’époque, la contribution des femmes au travail et au développement des Églises était considérable mais rarement reconnue. Le prêtre de St Peter fit cependant remarquer en 1891 qu’une « vente de travaux d’aiguille » tenue par les cercles de couture avait permis de recueillir 400 $ pour l’achat d’une maison qui lui servirait de résidence.

Elizabeth Lee Macdonald, que ses parents et amis appelaient Dibbie, mena une vie particulièrement active quand son mari fut lieutenant-gouverneur. Elle l’accompagnait à l’ouverture et à la clôture des sessions de l’Assemblée, mais on exigeait davantage. Pendant l’été de 1889, par exemple, le couple donna un bal réunissant 300 personnes en l’honneur de militaires très haut placés en visite à Charlottetown. Un concert-promenade eut également lieu le même été sous leur patronage, et Mme Macdonald distribua des prix à un tournoi de tennis sur gazon. Son mari, partisan de la tempérance, ne permettait pas que l’on serve des boissons alcoolisées à la résidence du lieutenant-gouverneur, ce qui en inquiétait certains. Le Charlottetown Herald noterait plus tard que Mme Macdonald s’acquittait de ses fonctions « avec dignité, élégance et aménité ».

Dans sa notice nécrologique, le Daily Examiner rappellerait qu’Elizabeth Lee Macdonald, qui « possédait] une bonne mémoire et en plus l’art de la conversation [...] était une communicatrice reconnue sur l’histoire de sa province natale ». Son premier article sur la vie à Charlottetown, inspiré de ses souvenirs du milieu des années 1840, parut en octobre 1900 dans le Prince Edward Island Magazine, publication assez nouvelle dans laquelle écrivaient peu de femmes, ce qui explique peut-être pourquoi ses neuf articles sur « Charlottetown fifty years ago » étaient simplement signés E.L.M. Dans un style simple mais descriptif, qui contrastait avec le style conventionnel et fleuri alors en vogue, elle y traçait un portrait vivant et révélateur de la ville, offrant ainsi l’un des premiers documents d’histoire sociale. Les anecdotes que l’auteure y raconte touchaient toutes les classes et mettaient souvent en scène des enfants et des femmes, deux groupes négligés dans la plupart des anciens récits historiques. Peut-être parce qu’elle avait été enfant dans les années 1840, Elizabeth Lee Macdonald décrivait les repaires et les jeux des enfants, en transmettant ce sentiment d’émerveillement que les petits éprouvent devant les personnages ou les événements inhabituels. Elle rappelait la vie quotidienne des femmes, au marché par exemple, ou la difficulté de se déplacer dans les rues boueuses en robe longue et piètres chaussures de caoutchouc. Elle soulignait également la contribution d’autres femmes, dont la femme du lieutenant-gouverneur sir Charles Augustus FitzRoy*, lady Mary FitzRoy, qui avait fondé un cercle de couture interconfessionnel et organisé des ventes au profit des pauvres. Avec mesure, elle décrivait les changements qu’avait connus la ville, se disant fière de certains et affligée par d’autres. Dans un numéro paru en 1900, elle fit remarquer que le Charlottetown de 1845, où vivaient beaucoup d’officiers britanniques à la retraite et d’autres gens riches et prestigieux, « semblait plus important [à cette époque] ». Critiquant la destruction d’un magnifique espace boisé, elle se demandait : « La main de l’homme a-telle amélioré l’œuvre de Dieu ? » Elle souligna cependant nombre d’améliorations apportées aux écoles de la ville.

On se demande combien d’autres choses Elizabeth Lee Macdonald aurait appris à son public si elle n’était morte subitement de diabète le 12 juillet 1901. Le rédacteur en chef du Prince Edward Island Magazine, Archibald Irwin, souligna alors que beaucoup de lecteurs lui avaient fait part du plaisir qu’ils avaient eu à « se rappeler du temps dont parlait E.L.M. ». Lui-même profondément attristé par cette disparition, il ajoutait : « Son intérêt pour la revue fut sincère [...] et son aide, si généreuse, fut précieuse. »

Evelyn J. MacLeod

Les neuf articles d’Elizabeth Lee Owen Macdonald signés E.L.M. ont été publiés sous la rubrique « Charlottetown fifty years ago », dans les tomes 2 et 3 du Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), d’octobre 1900 à juin 1901.

PARO, Acc. 3373 (mfm).— Charlottetown Herald, 30 mars 1887, 13–14 août 1889, 17 juill. 1901.— Daily Examiner (Charlottetown), 13, 15 juill. 1901.— Daily Patriot  (Charlottetown), 14, 16, 26 août 1889, 13, 15, 18 juill. 1901.— Examiner (Charlottetown), 30 nov. I 863.— A. A. Macdonald, « Ships and weather, by a father of confederation », George Leard, édit. Guardian of the Gulf (Charlottetown), 28–30 janv. 1952.— Morning Guardian, 13 juill. 1901.— C. W. J. Eliot et Reginald Porter, « The changing face of Fanning Bank », Island Magazine (Charlottetown), n° 29 (printemps-été 1991) : 29–33.— [Archibald Irwin], « Death of « E.L.M. », Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), 3 (1900–1901) : 197 ; « Our prominent men – XII : Hon. A. A. Macdonald », Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook (Charlottetown), 6 (1904–1905) : 25–30.— A. A. Macdonald, A souvenir of my beloved wife Elizabeth L. Macdonald (Charlottetown, 1901 ; exemplaire aux PARO, Acc. 2305, n° 19).— Maple Leaf (Oakland, Calif.), 3 (1909), n° 12 : 3 (mfm à la Univ. of P.E.I. Library, Charlottetown, P.E.I. Coll.).— St Peter’s (Anglican) Cathedral, Annual report (Charlottetown), 1891–1902 (exemplaires aux PARO, Acc. 2594A).

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Evelyn J. MacLeod, « OWEN, ELIZABETH LEE (Macdonald) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/owen_elizabeth_lee_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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