OSLER, BRITTON BATH, avocat et fonctionnaire, né le 19 juin 1839 près de Bond Head, Haut-Canada, fils du révérend Featherstone Lake Osler* et d’Ellen Free Pickton ; en 1863, il épousa Caroline Smith (décédée en 1895), puis le 18 juillet 1897 à Hamilton, Ontario, Elizabeth Mary Ramsay ; il n’eut pas d’enfants ; décédé le 5 février 1901 à Atlantic City, New Jersey, et inhumé à Toronto.

Issu d’une famille où les talents ne manquaient pas, Britton Bath Osler devint l’avocat le plus respecté de son temps. Il fréquenta les grammar schools de Barrie et de Bond Head, de même que l’école privée du révérend Arthur Hill à Bradford. En 1857, sa famille s’installa à Dundas, où il fut un moment teneur de livres. Inscrit à la University of Toronto en 1858, il obtint une licence en droit en 1862. La même année, il fut reçu au barreau et ouvrit un cabinet à Dundas. Son succès était tel que, le 9 mai 1874, on le nomma greffier de la paix et procureur de la couronne dans Wentworth. Il atteignait ainsi une position prestigieuse pour un praticien de 34 ans, mais il s’en montra digne : c’était un procureur acharné.

En fait, aucun prisonnier, disait-on, n’avait bien des chances d’être acquitté lorsqu’il avait affaire à Osler. Il était rare que les membres du jury ne se laissent pas convaincre par ce procureur à l’air redoutable qui se penchait sur leur banc, « comme [s’il avait été] le treizième juré », et leur tenait avec assurance des propos pleins de logique. Une explosion de gaz survenue en février 1874 (dont il avait sauvé sa femme) lui avait laissé d’importantes cicatrices mais n’avait pas entamé sa grande capacité de travail. Il s’établit à Hamilton en 1876 et fut bientôt reconnu comme « l’une des étoiles montantes du Canada ». En reconnaissance de ses services, il reçut en 1876 le titre de conseiller provincial de la reine, et quatre ans plus tard, celui de conseiller fédéral de la reine.

En 1880, Osler quitta la fonction de procureur de la couronne. Deux ans après, il entra, à Toronto, au cabinet de D’Alton McCarthy*, qui allait porter par la suite le nom de McCarthy, Osler, Hoskin, and Creelman. Élevé au conseil de la Law Society of Upper Canada au cours de la session de Pâques 1880, il participa en 1885 à la fondation de la York County Law Association et en devint, la même année, le premier président. Tout au long des années 1880, il représenta des sociétés ferroviaires, le Grand Tronc en particulier, devant les tribunaux. Ses plaidoiries regorgeaient de détails techniques et médicaux qui confondaient souvent ses adversaires. Sa connaissance du génie devint telle que la Société canadienne des ingénieurs civils l’admit à titre de membre associé. En raison du grand nombre d’affaires qu’il plaidait, ses honoraires atteignaient des sommes énormes – 26 110 $ en 1885 – et il était l’un des hommes les plus riches au Canada. Il fut président de la Hamilton and Dundas Street Railway Company et membre du conseil d’administration de la Trusts Corporation of Ontario. Il aimait voyager, mais sa femme souffrait d’arthrite chronique, ce qui rendait les voyages et la vie familiale difficiles.

Osler acquit une renommée nationale en 1885, en prêtant son concours à l’accusation, à la demande du gouvernement fédéral pour le procès de Louis Riel*. Pour lui, Riel était le traître principal de la rébellion du Nord-Ouest, et il contribua largement à sa condamnation. Puis, en février 1888, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* retint ses services, et ceux de Christopher Robinson, un de ses collègues au procès de Riel, pour le représenter à l’arbitrage d’un différend qui l’opposait à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Celle-ci alléguait que le gouvernement lui devait de 5 à 6 millions de dollars pour les réparations qu’elle avait faites au tronçon construit par Andrew Onderdonk. Osler inspecta la ligne en mars, fit des croquis et prit des notes. Après avoir habilement contre-interrogé, entre autres, le président de la compagnie, William Cornelius Van Horne*, il demanda aux arbitres de conclure que, vu l’aide qu’elle avait déjà reçue du gouvernement, la compagnie ne pouvait étayer « aucune accusation de pingrerie ». Ils lui donnèrent en grande partie raison : en 1891, ils n’accordèrent que 579 255 $ au chemin de fer.

Le cabinet de Macdonald se reposait de plus en plus sur les talents juridiques d’Osler. C’est à lui qu’il fit appel lorsque, en 1891, le département et le ministre des Travaux publics, sir Hector-Louis Langevin, furent accusés de tripotage de contrats. Selon le Globe de Toronto, le « gouvernement et le parti » avaient besoin du « meilleur talent juridique » qu’ils pouvaient trouver. Osler parvint à discréditer le principal accusateur, Owen Eugene Murphy, en dévoilant les contradictions de son témoignage et, à un moment donné, en le faisant même s’évanouir dans le box des témoins.

Bien qu’Osler ait souvent représenté le gouvernement devant les tribunaux dans les années 1890, il se signala surtout par le rôle qu’il joua pour l’accusation dans plusieurs procès spectaculaires pour meurtre. En 1890 par exemple, avec l’aide du détective en chef de la province John Wilson Murray, il mit au jour le complot que l’Anglais Reginald Birchall* avait tramé pour escroquer et tuer sa victime. Impressionnante, la récapitulation de sa plaidoirie fut reproduite partout au Canada et en Angleterre, et Birchall fut trouvé coupable et pendu. Osler participa aussi, en 1895–1896, aux procès de Harry et Dallas Hyams, qui firent grand bruit. Cette fois, il s’agissait d’une fraude d’assurances et d’un meurtre horrible. Son frère William* et Arthur Jukes Johnson, médecins réputés, l’aidèrent à éclaircir les « aspects scientifiques » de l’affaire.

Malgré son travail pour le gouvernement et sa notoriété, Osler ne fit pas de politique active, contrairement à son associé McCarthy. Il se présenta sous la bannière libérale dans la circonscription de Welland aux élections fédérales de 1882, mais sa campagne manqua de conviction et il perdit. Plus tard, il s’afficha comme indépendant. On dit que sir Charles Tupper* lui offrit le poste de ministre de la Justice à la veille des élections de 1896, mais il n’entra pas au cabinet, parce que, expliqua-t-il à John Stephen Willison*, l’opinion le tenait encore pour un libéral. Pendant la campagne électorale, il prononça d’ailleurs, dans Haldimand, une allocution au cours de laquelle il critiqua la Politique nationale des conservateurs et leur projet d’intervention contre la loi sur les écoles du Manitoba [V. Thomas Greenway]. Par la suite, il limita ses apparitions publiques au tribunal.

Britton Bath Osler mourut en 1901 ; il était malade depuis l’année précédente. Comme avocat, sa compétence tenait à sa connaissance approfondie du droit, à ses notions de génie et de médecine, et à son énergie, mais surtout à ce qu’il manifestait de présence et de force de caractère dans la salle d’audience.

Patrick Brode

AO, F 1032, MU 2301 ; RG 80–5, n° 1897–015916.— Globe, 28 janv., 21 août, 23, 30 sept. 1890, 25 juin, 8 juill. 1891, 10 juin 1896, 6 févr. 1901.— Donald Jones, « B. B. Osler earned fame as top criminal lawyer », Toronto Star, 6 août 1983 : H10.— Toronto Daily Mail, 9 juin 1882.— Toronto Daily Star, 5–6 févr. 1901.— True Banner (Dundas, Ontario), 19 févr. 1874.— Annuaire, Toronto, 1882–1883.— A. [C. Boyd] Wilkinson, Lions in the way : a discursive history of the Oslers (Toronto, 1956).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles ; More candid chronicles : further leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1928).— Curtis Cole, « McCarthy, Osler, Hoskin, and Creelman, 1882 to 1902 : establishing a reputation, building a practice », Essays in Canadian law (Flaherty et al.), 4 : 149–166.— Heather Gilbert, Awakening continent : the life of Lord Mount Stephen (2 vol., Aberdeen, Écosse, [1965–1977]), 1 : 188–190, 244–250.— J. [D.] Honsberger, « B. B. Osler, q.c., the first president », Law Soc. of Upper Canada, Gazette (Toronto), 20 (1986) 146–156.— J. E. Middleton, The municipality of Toronto : a history (3 vol., Toronto et New York, 1923), 2 : 822.— O. D. Skelton, Life and letters of Sir Wilfrid Laurier (2 vol., Toronto, 1921), 1 : 481.— Wallace, Macmillan dict.— Willison, Reminiscences.

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Patrick Brode, « OSLER, BRITTON BATH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/osler_britton_bath_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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