ONISTA’POKA (White Calf, aussi connu sous les noms de Father of Many Children (Manisto’kos) et de Running Crane (Siki’muka), chef de guerre des Gens-du-Sang, né vers 1838, probablement dans ce qui est maintenant le sud de l’Alberta ; il eut deux femmes et plusieurs enfants ; décédé le 19 août 1897 dans la réserve des Gens-du-Sang (Alberta).

Né chez les Buffalo Followers, bande de la tribu des Gens-du-Sang, White Calf accomplit plusieurs exploits guerriers et, à l’arrivée dans l’Ouest de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1874, il était déjà reconnu comme chef de guerre et avait formé sa propre bande, celle des Marrows. En 1877, il compta parmi les signataires du traité n° 7 [V. Isapo-muxika*], avec 107 partisans. Avant que les Gens-du-Sang ne s’établissent dans leur réserve en 1880, Red Crow [Mékaisto] était le principal chef politique de la tribu, et Natose-Onistors (Medicine Calf), le principal chef de guerre. En 1881 toutefois, ce dernier fut destitué et remplacé par White Calf, qui devint ainsi le plus grand adversaire politique de Red Crow. Un an plus tard, avec plus de 200 Indiens gens-du-sang, White Calf attaqua le camp des Cris des Plaines de Piapot [Payipwat*] dans les monts Cypress (Saskatchewan) et, avant que la Police à cheval du Nord-Ouest ne puisse intervenir, un Cri avait été tué et scalpé.

White Calf entra en conflit avec les autorités gouvernementales à plusieurs reprises au cours des années 1880 et, de l’avis de nombreux agents des Affaires indiennes, ce « grand parleur, petit faiseur », était « le roi des rouspéteurs », comme le disait l’un d’entre eux, William Pocklington. Au sommet de sa popularité, il tenta en 1883 de se faire nommer parmi les chefs principaux de la tribu, ce qui en aurait fait l’égal de Red Crow. L’agent des Affaires indiennes Cecil Edward Denny fit toutefois en sorte que l’on choisisse plutôt son beau-frère Calf Tail. En 1884, White Calf, Red Crow et d’autres chefs parmi les Gens-du-Sang s’opposèrent vigoureusement à ce que l’on remplace le bœuf par du bacon dans les rations qu’allouait le gouvernement. Plus tard, White Calf protesta contre la délimitation des frontières de la réserve et contre le traité de paix avec les Gros-Ventres et les Assiniboines.

En mars 1885, comme la Police à cheval du Nord-Ouest refusait de libérer son fils Never Ties His Shoes (aussi connu sous le nom d’Oral Talker), arrêté pour vol de chevaux, White Calf menaça de « lâcher » les jeunes hommes de sa bande. Red Crow intervint pour rétablir le calme, et Never Ties His Shoes fut acquitté peu de temps après. Lorsque la rébellion du Nord-Ouest éclata plus tard le même mois [V. Louis Riel*], les autorités gouvernementales dirent craindre que White Calf ne se joigne aux insurgés. Comme la plupart des Gens-du-Sang toutefois, White Calf exécrait les Cris rebelles [V. Mistahimaska* ; Pĩtikwahanapiwĩyin*] encore plus qu’il ne détestait les Blancs. Il assura l’interprète Jerry Potts que sa bande n’aurait rien à voir avec les Cris. Après la rébellion, le gouverneur général lord Lansdowne [Petty-Fitzmaurice*] se rendit dans la réserve des Gens-du-Sang, à l’automne de 1885, et White Calf tint des propos positifs, ce qui n’empêcha toutefois pas qu’une grave confrontation avec Pocklington ne survienne. Cet été-là, après la mort de Father of Many Children, chef de la bande des Buffalo Followers, White Calf avait pris son nom et tenté de réorganiser ceux-ci en les intégrant à sa propre bande, celle des Marrows. Pocklington rejeta cette manœuvre en novembre, car il craignait l’autorité de White Calf et croyait que lui donner plus d’importance « serait la pire chose qui puisse se produire car, étant très doué pour les discours, il se servirait de son influence pour donner de mauvaises idées aux jeunes hommes de la réserve ». Bien entendu, White Calf se brouilla de nouveau avec Pocklington : il les traita, lui « et tous les Blancs du pays, de chiens, de menteurs, de voleurs et de Dieu sait quoi encore ».

Chef factieux mais toujours dynamique et influent dans la réserve, White Calf y resta jusqu’au début de l’année 1891, puis partit avec sa bande aux États-Unis rejoindre les Piegans du Sud. Quelques mois plus tard, cependant, en apprenant la mutation de Pocklington, il décida de revenir chez les Gens-du-Sang. Il eut des difficultés avec les nouveaux agents des Affaires indiennes, d’abord avec Acheson Gosford Irvine puis, à compter de novembre 1892, avec James Wilson, et il continua à s’opposer à Red Crow. Il demeura néanmoins dans la réserve, appuyant la religion autochtone et les pratiques guerrières traditionnelles, jusqu’à sa mort en 1897.

À une époque où son peuple souffrait de la famine et de la maladie, White Calf entreprit d’améliorer son sort, mais dans ses démarches il se heurta aux fonctionnaires trop zélés des Affaires indiennes. Comme chef de guerre, il favorisa l’affrontement plutôt que la diplomatie, et le dossier de ses rencontres avec les représentants de l’État regorge de menaces et de manifestations.

Hugh A. Dempsey

AN, RG 10, CII, 1552–1553, 1558.— [C. E. Denny], The riders of the plains : a reminiscence of the early and exciting days in the north west (Calgary, 1905).— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— H. A. Dempsey, Red Crow, warrior chief (Saskatoon, 1980).

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Hugh A. Dempsey, « ONISTA’POKA (White Calf, Father of Many Children (Manisto’kos), Running Crane (Siki’muka)) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/onista_poka_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024