Titre original :  Cornelius O'Keefe, ca. 1877, image courtesy of O'Keefe Ranch.

Provenance : Lien

O’KEEFE, CORNELIUS, éleveur, maître de poste, juge de paix et homme d’affaires, né le 26 juillet 1838 près de l’emplacement actuel de Fallowfield, Ontario, septième enfant de Michael O’Keefe et d’Esther Demers ; décédé le 27 mai 1919 près de Vernon, Colombie-Britannique.

Le père de Cornelius O’Keefe était un fermier originaire du comté de Cork (république d’Irlande) et sa mère, une Canadienne française. Cornelius grandit dans la ferme familiale, dans le canton haut-canadien de Nepean, et fréquenta l’école dans cette région. En 1862, après avoir appris que l’on avait découvert de l’or en Colombie-Britannique, il s’y rendit par l’isthme de Panama. La même année, après une vaine tentative pour trouver de l’or dans la région de Cariboo, il travailla à la construction de la route du Cariboo, de Clinton à Bridge Creek, sous la surveillance de Gustavus Blinn Wright*. Par la suite, il participa à la construction de la 115 Mile House à Lac La Hache.

En 1866, O’Keefe fit la connaissance d’un Terre-Neuvien d’origine, Thomas Wood, aux environs de Kamloops, où celui-ci avait fait hiverner un troupeau de bétail. Les deux hommes s’associèrent et conduisirent d’abord les bêtes dans la région aurifère de Big Bend, sur le Columbia, puis se rendirent par voie terrestre dans la vallée de la Willamette, dans l’Oregon, où ils achetèrent un troupeau d’environ 180 têtes. Ils rencontrèrent ensuite un Anglais, Thomas Greenhow, qui s’associa à eux et avec qui ils rentrèrent en Colombie-Britannique en passant par le territoire de Washington et la vallée de l’Okanagan. Arrivés à l’extrémité du lac Okanagan en juin 1867, les trois hommes préemptèrent chacun 160 acres de terres basses au bord de l’eau.

Dès 1871, Wood avait déménagé son ranch, mais O’Keefe et Greenhow, toujours associés, ouvrirent un petit magasin général à l’intention des autochtones et des quelques colons du nord de l’Okanagan. En 1872, le premier bureau de poste de la vallée fut installé dans leur magasin ; O’Keefe serait maître de poste jusqu’en 1912. Situé au bout de la route de chariots qui se rendait dans l’Okanagan, le bureau de poste devint aussi le terminus de la British Columbia Stage Line.

Quelque temps après son arrivée, O’Keefe avait noué une liaison avec une Okanagane nommée Rosie, de la bande Head of the Lake. Le couple aurait un garçon et une fille. Tout en améliorant la situation personnelle d’O’Keefe, cette relation créa une alliance entre lui et les Okanagans. Il mit cette alliance à rude épreuve en 1873 en demandant un droit de préemption sur des terres revendiquées par les Okanagans mais situées hors des réserves délimitées en 1865. Ces terres seraient concédées aux Okanagans après de longues négociations.

Dans les années 1870, il y eut un rétrécissement des débouchés qui s’offraient aux éleveurs établis à l’intérieur de la Colombie-Britannique. O’Keefe et Greenhow en profitèrent pour augmenter leurs troupeaux et achetèrent d’autres terres avec les recettes de leur magasin, du bureau de poste et d’un moulin à farine construit récemment. En 1876, O’Keefe avait 960 acres de terres basses de choix avec un bon accès au bord de l’eau.

O’Keefe retourna dans le canton de Nepean en 1877 et épousa Mary Ann McKenna à Fallowfield le 20 novembre. Ils auraient cinq fils et quatre filles en l’espace de 16 ans. Pendant cette période, la situation financière d’O’Keefe s’améliora énormément. La construction du chemin de fer canadien du Pacifique, au début des années 1880, mit fin à la récession qui avait suivi la ruée vers l’or. Les éleveurs qui, tel O’Keefe, vivaient près de la voie ferrée, pouvaient vendre facilement du bœuf et d’autres denrées. Une fois le chemin de fer terminé, les ranchs de l’intérieur de la province eurent accès à de nouveaux marchés : la côte de la Colombie-Britannique, ainsi que le sud de l’Alberta, où l’on voulait du bétail pour établir des troupeaux.

Vers 1895, le ranch d’O’Keefe avait une superficie d’environ 12 000 acres ; on y trouvait du bétail, des moutons et de grands champs de blé. Cependant, le succès remporté par la culture fruitière dans la vallée de l’Okanagan poussait de plus en plus les propriétaires de grands ranchs à vendre leurs terres pour le peuplement. Ce facteur, conjugué à la chute du marché du bœuf à la fin des années 1890 et à l’usure des pâturages, entraîna la disparition des vastes fermes d’élevage de l’Okanagan. O’Keefe fut parmi les derniers à vendre. Après avoir subdivisé et vendu quelque 3 000 acres, il transféra la plus grande partie du reste de sa propriété en 1907 à la Land and Agricultural Company of Canada.

En 1899, au moment du décès de Mary Ann McKenna, Cornelius O’Keefe avait 63 ans et huit enfants. Il retourna à Fallowfield où, le 8 janvier 1900, il épousa Elizabeth Theresa Tierney. Trois garçons et trois filles naîtraient de ce mariage ; quand son dernier enfant viendrait au monde, Cornelius aurait 76 ans. À compter de 1907, il investit dans des lots de ville à Vernon et construisit des théâtres dans cette localité et à Kamloops. Juge de paix, il fut également président du Vernon Jockey Club et membre du conseil d’administration de la British Columbia Cattle Association et de l’Okanagan and Spallumcheen Agricultural Society. Militant du Parti conservateur, il fut élu en 1911 président honoraire de la Vernon Conservative Association. Jusqu’à sa mort, il habita dans la jolie maison de son ranch, qui resta entre les mains de sa famille jusqu’en 1977 et est maintenant un lieu historique.

Ken Mather

AN, RG 10, 3663, dossier 9801 ; RG 31, C1, 1851, Nepean Township, [Ontario].— BCARS, GR 1999, 1876, vol. 1 ; 1879, vol. 1 (mfm).— Greater Vernon Museum and Arch. (Vernon, C.-B.), Photograph files.— Historic O’Keefe Ranch Arch. (Vernon), O’Keefe papers (mfm aux BCARS, Add. mss 1890).— St Patrick’s Roman Catholic Church (Fallowfield, Ontario), RBMS, 20 nov. 1877, 8 janv. 1900 (mfm aux AN).— Inland Sentinel (Kamloops, C.-B.), 12 déc. 1889.— Version News, 18 juin, 8 oct. 1891, 12 avril 1894, 21 août 1896, 12 mai 1904, 2 févr. 1911, 29 mai 1919.— Peter Carstens, The queens people : a study of hegemony, coercion, and accommodation among the Okanagan of Canada (Toronto, 1991).— Stan McLean, The history of the O’Keefe Ranch (Edmonton, 1984).— M. A. Ormsby, « A study of the Okanagan valley of British Columbia » (mémoire de m.a., Univ. of B.C., Vancouver, 1931).

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Ken Mather, « O’KEEFE, CORNELIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/o_keefe_cornelius_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    28 novembre 2024