MYEERAH (Myecruh, Mayar, Maera, Mieray, Mea ire, Walk-in-the-Water ; le nom évoque un insecte qui se déplace à la surface de l’eau), chef wyandot de la région de la rivière de Detroit ; circa 1805–1816.
En 1805, Myeerah signa le traité du fort Industry, par lequel un certain nombre de tribus indiennes, dont les Wyandots, cédaient aux États-Unis une partie de ce qui est maintenant le nord de l’Ohio. Pendant les années suivantes, il joua un rôle de premier plan dans les négociations des Indiens avec les États-Unis relatives aux terres. À l’époque de la guerre de 1812, il était devenu le chef reconnu et le principal porte-parole des Wyandots qui vivaient sur les bords de la rivière de Detroit, dans les environs de Brownstown (près de Trenton, Michigan). Il essaya de suivre une politique favorable aux Wyandots, plutôt que de prendre simplement les intérêts des Britanniques ou des Américains. Plus d’une fois, il rappela que les Britanniques avaient abandonné les Indiens dans le passé, mais il provoqua aussi la consternation chez les Wyandots en jetant sa médaille américaine lors d’une visite à Washington au cours de l’hiver de 1808–1809.
À la veille de la guerre de 1812, Myeerah fit jouer son influence dans le sens de la neutralité. Mais, par suite des fortes pressions exercées parles Britanniques et le chef wyandot Roundhead [Stayeghtha], il se rallia aux Britanniques et se rendit aux environs du fort Malden (Amherstburg, Ontario) où d’autres Indiens étaient rassemblés. Il se battit à Maguaga (Wyandotte, Michigan), près de chez lui, en août 1812, participa à la prise de Detroit le même mois, et fut présent à la bataille de Frenchtown (Monroe, Michigan), en janvier 1813.
Toutefois, Myeerah ne confondit pas les intérêts des Indiens avec la cause britannique au même point que le firent Roundhead et Tecumseh. Lorsque, à la fin de l’été de 1813, le général américain William Henry Harrison se prépara à marcher sur la région de la rivière de Detroit, Myeerah informa secrètement les Américains qu’il romprait avec les Britanniques. Il leur proposa d’abord de venir à leur aide, une fois qu’ils auraient atteint Sandwich (maintenant partie de Windsor, Ontario), puis il décida plutôt de s’abstenir de toute action pour éviter la possibilité que la milice américaine, qui haïssait les Indiens, ne les attaquât, lui et ses partisans, malgré leur intention d’abandonner la cause britannique. Aussi, se retira-t-il simplement du terrain au moment où les Américains avancèrent, en avisa Harrison, et permit à ce général de diriger ses mouvements. Le 14 octobre, après la bataille de Moraviantown (Thamesville, Ontario), il signa un armistice avec les Américains. Quand, en juillet 1814, un traité officiel fut conclu entre les Américains et les Wyandots, Myeerah n’était pas présent, étant trop malade pour pouvoir faire le voyage ; mais il fut salué par un chef wyandot, au cours du conseil, comme le « principal chef » de la bande de Brownstown. En septembre 1815, il signa le traité de Spring Wells, près de Detroit : ce document proclamait la paix conclue entre les États-Unis, les Sauteux, les Outaouais et les Potéouatamis, en plus de confirmer les accords antérieurs avec les tribus de la vallée de l’Ohio. Une lettre du 4 juin 1816 mentionnait le point de vue de Myeerah sur une mesure que le gouvernement américain était désireux de mettre de l’avant. Myeerah mourut vraisemblablement vers 1817 dans la région de la rivière de Detroit.
Un Américain de la région de Detroit qui avait connu Myeerah dans ses dernières années le décrivit plus tard ainsi : c’était « un bel homme, imposant, de près de six pieds, bien proportionné et droit comme une flèche. Ses manières étaient douces et agréables. »
[James Foster], The capitulation, or a history of the expedition conducted by William Hull, brigadier-general of the North-western Army, by an Ohio volunteer (Chillicothe, Ohio, 1812) ; nouv. éd. sous le titre de War on the Detroit [...], M. M. Quaife, édit. (Chicago, 1940), 211.— Indian affairs : laws and treaties, C. J. Kappler, compil. ([2e éd.], 2 vol., Washington, 1904), 2 : 78, 117–119.— Letter book of the Indian agency at Fort Wayne, 1809–1815, Gayle Thombrough, édit. (Indianapolis, Ind., 1961), 35.— Messages and letters of William Henry Harrison, Logan Esarey, édit. (2 vol., Indianapolis, 1922), 2 : 537, 573.— Mich. Pioneer Coll., 13 (1888) : 320s. ; 40 (1929) : 60s., 75s., 461.— Norton, Journal (Klinck et Talman), 285.— « Policy and practice of the United States and Great Britain in their treatment of Indians », North American Rev. (Boston), 24 (janv.-avril 1827) : 422–424.— [John] Richardson, Richardson’s War of 1812 ; with notes and a life of the author, A. C. Casselman, édit. (Toronto, 1902 ; réimpr., 1974), 39, 70.— L. U. Hill, John Johnston and the Indians in the land of the Three Miamis [...] (Piqua, Ohio, 1957), 81 s.— B. J. Lossing, The pictorial field-book of the War of 1812 [...] (New York, 1868), 279.— H. R. Schoolcraft, Historical and statistical information respecting the history, condition and prospects of the Indian tribes of the United States [...] (6 vol., Philadelphie, 1851–1857 ; réimpr., New York, 1969), 2 : 226.
Reginald Horsman, « MYEERAH (Myecruh, Mayar, Maera, Mieray, Mea ire) (Walk-in-the-Water) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/myeerah_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |