MOTZ, JOHN (baptisé Johannes), tailleur, journaliste, homme politique et fonctionnaire, né le 5 juin 1830 à Diedorf (près de Wanfried, Allemagne), fils de Johannes Motz, greffier de Diedorf, et de Margaretha Schroeter ; le 17 février 1868, il épousa à Berlin (Kitchener, Ontario), Helena Vogt, et ils eurent trois filles, dont une adoptée, et deux fils ; décédé à cet endroit le 29 octobre 1911.

En 1846, la sœur de John Motz, Regina, et son mari, Friedrich Noll, immigrèrent dans le Haut-Canada. Sachant que son frère aîné hériterait la propriété familiale de Saxe-Cobourg-Gotha, Motz décida de les rejoindre. Arrivé à Québec en juin 1848, à l’âge de 18 ans, il continua sa route jusqu’à Berlin, où les Noll s’étaient fixés. Il travailla d’abord comme garçon de ferme et coupeur de bardeaux. En 1850, il commença son apprentissage chez un tailleur, Christian Nahrgang ; par la suite, il exerça ce métier à son compte à Petersburg et à St Jacobs.

Attiré par l’Ouest, Motz alla travailler en 1857 à Rock Island, dans l’Illinois, et à Davenport, dans l’Iowa. Cependant, il retourna à Berlin dès l’année suivante et s’inscrivit à la grammar school, où il apprit à maîtriser l’anglais.

Motz avait l’intention de devenir instituteur, mais l’amitié et les liens d’affaires qu’il noua avec Friedrich Rittinger, chef typographe du Deutsche Canadier et du Telegraph de Berlin, modifièrent ses projets. En 1859, les deux hommes fondèrent ce qui allait devenir le principal organe germanophone de l’Ontario, le Berliner Journal. Motz était journaliste, rédacteur en chef et directeur administratif ; Rittinger, imprimeur, et directeur technique. En 1867, 60 % de tous les Allemands du Canada vivaient dans le comté de Waterloo. Très proche de cette communauté germano-canadienne, Motz en rapportait fidèlement les nouvelles et les activités ; de plus, il exposait des opinions qui reflétaient celles de ses abonnés. Aussi son journal réussit-il là où bien d’autres, y compris des journaux non allemands, échouèrent. En 1896, l’entreprise de Rittinger et Motz avait des biens valant environ 100 000 $. Tout au long de sa carrière de journaliste, Motz œuvra à la German Canadian Press Association (il en devint président en 1872) et à la Canadian Press Association. Par ailleurs, il appartenait au conseil d’administration de plusieurs entreprises, dont, au début des années 1880, l’Economical Mutual Fire Insurance Company.

En tant que rédacteur en chef du Berliner Journal, Motz suivait et encourageait le développement du comté de Waterloo. Ses activités politiques témoignent aussi de son engagement envers son milieu. Élu pour la première fois au conseil municipal de Berlin en 1870, il en fut ensuite vice-président ; en 1880–1881, il fut maire. De 1890 à sa mort, il occupa le poste de shérif du comté de Waterloo. Sur la scène nationale, il milita de nombreuses années au Parti réformiste, notamment à titre de vice-président et président de la Reform Association of North Waterloo. À la fin des années 1890 et au début des années 1900, il échangea des lettres cordiales avec le premier ministre du pays, sir Wilfrid Laurier ; elles portaient souvent sur des questions de favoritisme.

L’intérêt que Motz accordait aux affaires publiques dépassait largement les milieux politiques. Il appartenait à un cercle voué à la conservation de la langue, des coutumes et des chansons allemandes, le Concordia Club, et à l’Horticultural Society. À titre de membre du conseil de l’école secondaire et du conseil des écoles séparées, en 1881, de même que par l’entremise de son journal, il promut le bilinguisme allemand-anglais dans les écoles de Waterloo. Dans les années 1860 et 1870, il s’était vivement opposé aux administrateurs scolaires du comté qui tentaient d’abolir l’enseignement en allemand. En 1889, il fut nommé président du conseil d’administration de la Berlin Free Library. De plus, il participa à l’organisation de la section locale de la Children’s Aid Society. Il s’occupait des questions spirituelles avec autant d’énergie. Membre de la paroisse St Mary, il appartenait à la Catholic Mutual Benefit Association. Il fonda la St Boniface Sick Society et en fut président jusqu’en 1911.

Motz quitta la direction du Berliner Journal en 1899, et l’affaire fut reprise par les fils des fondateurs, William John Motz et John Adam Rittinger. Journaliste durant 40 ans, cet homme dévoué au bien public avait exercé de nombreuses autres activités dans son milieu et avait été un homme d’affaires pratique. Grâce à lui, les Canadiens germanophones de Waterloo avaient eu un porte-parole dont la voix s’était fait entendre dans la région même et à Ottawa. À sa mort, le Telegraph noterait qu’il « était on ne peut plus respecté et estimé par ses concitoyens ».

Père et mari dévoué, John Motz s’éteignit en 1911, à l’âge de 81 ans. Il est entré au Waterloo County Hall of Fame en 1975.

Lynn E. Richardson

On trouvera une étude plus approfondie de John Motz et du journal qu’il a fondé dans notre mémoire intitulé « A facile pen : John Motz and the Berliner Journal, 1859–1911 » (mémoire de m.a., Univ. of Waterloo, Ontario, 1991).  [l. e. r.]

AO, RG 80-27-2, 76 : 47 ; RG 22-214, n5608.— Kitchener-Waterloo Record, Library (Kitchener, Ontario), Hist. files.— Univ. of Waterloo Library, Doris Lewis Rare Book Room, Paul Motz coll., Motz family papers, particulièrement « Chronicle from the local area of the Diedorf municipality, district of Muehlhaufen, administrative district of Erfurt, realm of Prussia (Prussian Kingdom), drafted by the regional mayor, Johannes Motz, in the year 1844 », Sonja Kroisenbrunner, trad.— Berliner Journal (Berlin, par la suite Kitchener), 29 déc. 1859–1918 (rebaptisé l’Ontario Journal le 10 janv. 1917).— Daily Telegraph (Berlin), 31 oct. 1911.— Kitchener-Waterloo Record, 31 déc. 1947–1991, particulièrement l’article d’Ernie Ronnenberg, « John Motz : pioneer country newspaperman, public servant », 8 juill. 1975.— News-Record (Berlin), 31 oct.–1er nov. 1911.— W. H. Breithaupt, « President’s address : some German settlers of Waterloo County », Waterloo Hist. Soc., Annual report (Berlin), 1 (1913) : 11–15.— Dorothy Grigg et B. M. Dunham, « The Kitchener Public Library », Waterloo Hist. Soc., Annual report (Toronto), 16 (1928) : 71.— H. K. Kalbfleisch, The history of the pioneer German language press of Ontario, 1835–1918 (Toronto, 1968).— K. H. Lamb, « The sheriffs of Waterloo », Waterloo Hist. Soc., [Annual report] (Kitchener), 72 (1984) : 119–127.— Gottlieb Leibbrandt, Little paradise : the saga of the German Canadians of Waterloo County, Ontario, 1800–1975 (Kitchener, 1980).— The mercantile agency reference book [...] (Montréal), sept. 1896.— A. O. Potter, Let’s reminisce (Kitchener, 1954).— Recollections of 125 years, [Wendy Collishaw et Barry Preston, édit.] (Kitchener, 1979).— W. V. Uttley, A history of Kitchener, Ontario (Kitchener, 1937 ; réimpr., [Waterloo, 1975]).

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Lynn E. Richardson, « MOTZ, JOHN (baptisé Johannes) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/motz_john_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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