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MILLS, sir THOMAS, officier et fonctionnaire, décédé à Londres le 28 février 1793.
Thomas Mills entra dans l’armée, en qualité d’enseigne dans le 15e d’infanterie, le 26 avril 1759, et il fut promu lieutenant dans le 47e d’infanterie, le 11 mai 1760. On n’a pas réussi à établir la date de son arrivée en Amérique du Nord, mais il servit à Québec, pendant le Régime militaire, sous les ordres de Murray, à titre d’adjudant-major et ensuite de major. Bien que d’origine inconnue, il appartenait de toute évidence à une bonne famille ; il jouit de l’amitié de Haldimand et de la protection de l’influent lord Mansfield. (William Smith prétendit, par la suite, que Mills était le fils illégitime de Mansfield.) Après avoir passé quelques années en Angleterre, il revint à Québec en juin 1766, muni des nominations aux postes de receveur général et de membre du Conseil de Québec, et pourvu du grade de major de brigade.
Le financement des colonies était une question fort débattue dans les années 1760. Les instructions de Murray, à titre de gouverneur civil, en 1763, lui interdisaient de lever des taxes sans le consentement d’une assemblée, et, en conséquence, il paraît avoir cessé de percevoir les droits de douane maintenus depuis la fin du Régime français. Les légistes de la couronne, cependant, émirent l’avis que ces droits pouvaient légalement être perçus par une personne dûment autorisée, ce qui amena la nomination de Mills au poste de receveur général, par commission royale du 10 juillet 1765.
Dès son entrée en fonction, Mills fit montre d’une vanité voisine de l’arrogance et d’une absence presque complète d’intégrité. L’administrateur de la colonie, Paulus Æmilius Irving, le trouva tout à fait impropre à cette fonction. Selon Irving, il comprenait peu la question qu’il devait régler et il revendiquait des prérogatives complètement irréalistes. Le receveur général était responsable au bureau de la Trésorerie de la perception et de la dépense de fonds publics. Selon Mills, il n’était pas, dès lors, obligé de soumettre ses comptes au Conseil de Québec, ni requis d’avoir l’autorisation du gouverneur pour effectuer des paiements. En fait, le gouverneur et le conseil devaient simplement décider des choses à faire, et le receveur général attribuerait les contrats. Ces conceptions étaient inapplicables, vu la responsabilité personnelle du gouverneur d’administrer la colonie de manière à éviter le gaspillage. Face à l’opposition déterminée d’Irving, Mills battit vite en retraite.
Sur le plan politique, Mills fut l’un des premiers conseillers à abandonner le vulnérable gouverneur Murray, après l’arrivée de Guy Carleton*, en qualité de lieutenant-gouverneur, en septembre 1766. Murray avait la certitude que ce « corrompu de Mills » avait secrètement travaillé avec ses ennemis en vue d’obtenir son rappel. Mills se rangea du côté de Carleton, qui, au début, avait la faveur des ennemis de Murray. Quand Carleton, au mois d’octobre, décida de donner son appui à George Allsopp* et aux autres commerçants de fourrures qui sollicitaient le libre accès aux postes du roi, Mills alla dans son sens, en dépit du fait qu’il avait lui-même pris publiquement une position diamétralement opposée, en soutenant les prétentions à un monopole proposé par l’un des fermiers de ces postes, son ami intime, Thomas Dunn*.
Mills retourna à Londres en août 1767 ; pendant dix ans, ses fonctions furent remplies par intérim parce qu’il n’avait pas le pouvoir de se donner un adjoint. Carleton nomma d’abord Hector Theophilus Cramahé, et ensuite, en juillet 1770, Thomas Dunn. L’influence dont Mills jouissait à Londres suffit à lui obtenir le titre de chevalier en 1772 et une nouvelle commission de receveur général en 1777, avec droit, cette fois, de se nommer un adjoint. Il fit choix de William Grant* (1744–1805) et ce dernier fut contraint de se retirer en juillet 1784, à la suite de la découverte de ses malversations ; Haldimand le remplaça, un an plus tard, par Henry Caldwell*. Le let septembre 1787, Mills choisit George Davison comme successeur de Caldwell, mais, éprouvant des ennuis d’argent, il revint assumer lui-même ses fonctions deux mois plus tard.
Mills, de nouveau, fit figure de personnage éminent sur le plan social, grâce à ses vins de choix, à ses beaux fusils de chasse et à sa jument brune, Coquet, qu’il faisait courir sur les plaines d’Abraham. Mais, quand il se trouva dans l’incapacité de faire certains paiements, en 1789, le Conseil législatif examina ses comptes et découvrit qu’il avait utilisé plus de £3 000 des fonds publics pour acquitter ses dettes. Malgré ses tentatives pour mystifier le gouverneur Dorchester [Carleton], au moyen de chiffres laissant croire que la couronne lui devait de l’argent, il fut suspendu par le gouverneur, le 25 août, et se rembarqua pour l’Angleterre plus tard la même année. Il mourut insolvable à Londres. en 1793, l’année même où une vérification des comptes par le gouvernement révélait que ses adjoints et lui devaient à la couronne plus de £18 500.
Mills avait une remarquable capacité de s’en faire accroire. Il se donnait même le mérite d’avoir fait adopter l’Acte de Québec. Devant la déplorable ignorance de lord North, écrivait-il à Haldimand en juin 1774, son action personnelle dans les couloirs de la chambre des Communes avait remporté la victoire en faveur « du roi et du pays » et avait rendu « justice aux conquis ». Il ne trouva pas exagéré de dire : « la religion, les lois françaises et le conseil, ils me doivent tout cela ».
APC, MG 23, A4, 64 ; GII, 1, sér. 1, 2 ; MG 55/14, 2.— BL, Add.
F. Murray Greenwood, « MILLS, sir THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mills_thomas_4F.html.
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Auteur de l'article: | F. Murray Greenwood |
Titre de l'article: | MILLS, sir THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |