METCALFE, THOMAS LLEWELLYN, avocat et juge, né le 21 février 1870 à St Thomas, Ontario, fils de Thomas Halton Metcalfe, entrepreneur de construction, et d’Elizabeth Hutton ; décédé célibataire le 2 avril 1922 à Winnipeg.

À l’instar de bon nombre des avocats et juges canadiens de la période antérieure à la Première Guerre mondiale, Thomas Llewellyn Metcalfe était issu d’une culture rurale et bourgeoise de la fin de l’époque victorienne. Quand il avait six ou sept ans, sa famille quitta l’Ontario pour le Manitoba et s’établit dans le district d’Oakland, au nord de Portage-la-Prairie. Presque toute sa vie, il habiterait près de chez sa mère et son père, qui mourraient respectivement en 1914 et en 1921. Ses trois frères connurent aussi la réussite : George en tant qu’homme d’affaires à Winnipeg, W. E., comme médecin à Portage-la-Prairie, et Charles, comme homme d’affaires dans cette localité.

À l’âge de 16 ans, après des études à Portage-la-Prairie, Metcalfe posa sa candidature à la Société légale de Manitoba pour un stage de droit. Sans pousser plus avant sa scolarité, il acquerrait, selon une nécrologie, « une culture et une érudition d’une ampleur tout à fait inattendue ». Le 6 février 1889, il devint stagiaire chez le plus éminent avocat de Winnipeg, James Albert Manning Aikins. Pour des raisons inconnues, il poursuivit ses cinq années réglementaires de stage successivement chez six autres avocats, surtout à Portage-la-Prairie, quoique le dernier ait été à Boissevain. Après avoir réussi deux examens, Metcalfe versa une cotisation de 100 $ pour son admission au Barreau du Manitoba, le 13 janvier 1894. Au préalable, son père avait dû déposer 400 $ à la Société légale de Manitoba pour garantir le versement de ses droits et son obéissance au règlement de la société. Metcalfe plaida des affaires civiles avec le futur criminaliste Robert Andrew Bonnar et, dès 1904, était associé à Eliphalet Edwards Sharpe. Il travaillait pour des investisseurs fonciers et donnait régulièrement des conférences sur l’immobilier à la Manitoba Law School.

Metcalfe avait grandi dans la foi presbytérienne et, toute sa vie, il pratiqua des sports en amateur. Ces motifs pourraient expliquer pourquoi il avait besoin de règles strictes et exigeait que la collectivité les respecte. Il appartint à des clubs de crosse, de chasse au canard, de canot et de golf, et soutint des équipes locales de hockey. Par ailleurs, il était un pilier du Parti libéral et servait d’intermédiaire pour des demandes de faveurs. Grâce à ses relations, il fit partie de plusieurs commissions. Nommé en 1902 à la commission royale de révision et de refonte des statuts du Canada, il y resta jusqu’en 1907. Deux ans plus tard, il entra à la commission royale sur les pêches du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta. En 1919–1920, il présiderait le conseil d’arbitrage du Winnipeg Electric Railway.

Nommé directement à la Cour du banc du roi du Manitoba le 22 mai 1909 à l’âge de 39 ans (il était l’un des plus jeunes juges d’un tribunal supérieur de toute l’histoire du pays), Metcalfe était un formaliste. « Si les lois étaient injustes, disait-il, M. le juge répéterait [que] corriger une telle injustice serait la prérogative et le devoir du Parlement [...et non pas] de l’appareil judiciaire. » On ne s’étonna donc pas que, en novembre et décembre 1919, au procès de Robert Boyd Russell, un des leaders de la grève générale de Winnipeg [V. Milke Sokolowiski*], il ait appliqué rigoureusement toute la procédure.

Les procès de plusieurs meneurs des pires crises ouvrières du Canada se déroulèrent sous la présidence de Metcalfe. Ceux de 1919–1920 mirent en lumière ses idées sur la société et le droit, à commencer par ses opinions crûment égalitaires sur les femmes. « Lorsque, affirma-t-il, des femmes assument des obligations spéciales et s’attribuent des privilèges égaux à ceux des hommes [...elles] risquent tout autant les mauvais traitements que les hommes en cas d’émeute, ne peuvent revendiquer aucune protection spéciale et n’ont droit à aucune sympathie ; et, si elles résistent aux représentants de la loi, elles sont sujettes à être abattues. » Dans l’affaire Russell, en faisant ses recommandations aux jurés – des agriculteurs emmenés à Winnipeg dans le cadre d’une stratégie réclamée par le procureur de la couronne Alfred Joseph Andrews*, qui était employé par le fédéral –, Metcalfe souligna qu’« une intention d’inciter le peuple à prendre le pouvoir et de le pousser à semer le désordre est une intention séditieuse », citant une « autorité éminente » sans la nommer. Le jury s’empressa de déclarer Russell coupable. Le 3 octobre 1921, Metcalfe accéda à la Cour d’appel, peut-être en partie parce qu’il s’était montré un fidèle serviteur de la loi et de l’ordre politique.

Thomas Llewellyn Metcafle s’éteignit en 1922 à l’âge de 52 ans, donc à un âge bien plus précoce que sa mère, décédée à 78 ans, ou son père, mort à 82 ans. On attribua officiellement son décès à de la haute pression et à de l’artériosclérose, mais le Manitoba Free Press, peu suspect de sympathie envers les grévistes, affirma que c’était les procès liés à la grève qui l’avaient conduit à l’hôpital. Selon sa propre correspondance, il souffrait peut-être de maladie chronique depuis 1904. Même s’il avait mené une belle carrière au barreau durant 15 ans et touchait un traitement de juge depuis 13 ans, il laissait 46 313 $ de dettes et seulement 48 194 $ d’actif ; au moins sur papier, il mourut presque insolvable. Joseph Thorarinn Thorson, premier doyen de la Manitoba Law School et futur juge, s’en souvenait comme d’un « renégat » qui « buvait trop » et avait une morale « pas si remarquable », mais il concédait que c’était « une personne charmante » et « un très bon avocat ».

J. Guth et Dale Brawn

AM, AMLJH, P 1298 ; C 2374, côté B ; C 2376, côté A ; C 2377–2378, côté B ; P 5609 ; 5612–5613 ; P 5616–5617.— BAC, MG 27, II, D15, 67, 107, 129, 146, 167.— Manitoba Free Press, 24 déc. 1919, 12 mars, 14 avril 1920, 2–3 avril 1922.— Manitoba Weekly Free Press, 17 août 1893.— Winnipeg Free Press, 3 avril 1979.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).

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J. Guth et Dale Brawn, « METCALFE, THOMAS LLEWELLYN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/metcalfe_thomas_llewellyn_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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