MELLISH, HUMPHREY PICKARD WOLFGANG, professeur, avocat et juge, né le 13 mai 1862 sur le lot 50, Île-du-Prince-Édouard, dernier enfant de James Lewis Mellish et de Margaret Sophia Murray ; le 25 octobre 1898, il épousa à Springfield, comté de Kings, Nouveau-Brunswick, Margaret Mabel Wilmot White, cousine d’Albert Scott White, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 19 juin 1937 à Halifax.

James Lewis et Margaret Sophia Mellish étaient des fermiers peu fortunés de l’Île-du-Prince-Édouard. Néanmoins, l’une de leurs filles, Mary*, devint une éducatrice influente à l’école de jeunes filles affiliée au Mount Allison College de Sackville, au Nouveau-Brunswick, et leur fils Humphrey Pickard Wolfgang fit ses études au Prince of Wales College de Charlottetown avant de fréquenter le Dalhousie College de Halifax. Il obtint une licence ès arts en 1882, puis étudia un certain temps à la University of London, où il fut admis au programme de spécialisation en 1883. Après son retour en Nouvelle-Écosse, il enseigna les mathématiques à la Pictou Academy de 1885 à 1888. En 1890, il reçut une licence de l’école de droit de la Dalhousie University, fondée depuis peu et dirigée par le doyen Richard Chapman Weldon*. Orateur de talent, Mellish prononça des discours d’adieu à ses deux cérémonies de remise des diplômes, en arts et en droit. En 1898, il épousa Margaret Mabel Wilmot White de Belleisle Creek, au Nouveau-Brunswick. De 1898 à 1902, il fut lieutenant en second dans le 66th Battalion of Infantry (Princess Louise Fusiliers).

Mellish avait effectué ses stages à Pictou sous la supervision de John Urquhart Ross, ainsi qu’à Halifax auprès du futur juge de la Cour suprême du Canada Edmund Leslie Newcombe, du cabinet Meagher, Drysdale, and Newcombe. Admis au barreau de la province en 1890, Mellish travailla dans différents cabinets d’avocats de Halifax. Il fut associé, entre autres, à Arthur Drysdale, qui deviendrait juge de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, et à Hector McInnes, qui avait été son prédécesseur à la Pictou Academy. Nommé conseiller du roi en 1904, Mellish occupa des postes élevés au sein du milieu juridique, dont celui de président de la Nova Scotia Barristers’ Society en 1912–1913. Il défendait des causes variées et mettait souvent ses talents d’orateur à profit en plaidant pour des entreprises clientes, dont la Dominion Coal Company Limited [V. Henry Melville Whitney*]. Il représenta les propriétaires du Mont blanc, navire ravitailleur en munitions, pendant l’enquête sur les causes de l’explosion de Halifax survenue le 6 décembre 1917. Son travail dans cette affaire serait cependant jugé plutôt médiocre par l’avocat et auteur Donald A. Kerr.

D’allégeance libérale, Mellish n’avait aucune intention de briguer un siège. Le 11 février 1918, le gouvernement d’union de sir Robert Laird Borden le nomma à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. Deux ans plus tard, le 13 octobre 1920, il fut désigné président d’une commission royale d’enquête sur le Provincial Highway Board. Malgré la preuve de politiques partisanes dans la gestion de l’organisme, la commission innocenta le gouvernement de George Henry Murray*. Mellish fut aussi juge local adjoint et juge local d’un tribunal maritime, respectivement en 1920 et 1921.

Les contemporains de Mellish le décrivaient comme un juge clément. Par exemple, après son décès, l’avocat James Edward Rutledge affirmerait que « celui qui avait peu de chances de gagner sa cause n’avait pas à s’inquiéter lorsque le juge Mellish siégeait au tribunal. C’était un homme juste. » La cause de Peter Petrovich Verigin, entendue en 1933, corrobore cette description. Verigin, deuxième chef des doukhobors au Canada [V. Peter Vasil’evich Verigin*], était emprisonné à Halifax et risquait d’être déporté vers l’Union soviétique parce que le gouvernement de Richard Bedford Bennett* craignait qu’il dirige secrètement les Fils de la liberté et soit un dangereux bolchevik. Les avocats de Verigin obtinrent de Mellish une ordonnance d’habeas corpus pour que leur client soit libéré.

Malgré l’opinion des contemporains de Mellish, les historiens ont été très critiques envers lui à cause des décisions contre le mouvement syndical. Dans les années 1920 et 1930, la lutte des classes perturbait les industries du charbon et de l’acier de la province [V. William Davis*]. Ces tensions débordèrent jusqu’à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, où plusieurs juges avaient des liens avec des entreprises, comme Robert Edward Harris, ancien président de la Nova Scotia Steel and Coal Company Limited, et Daniel Duncan McKenzie, qui avait été solicitor pour la même compagnie. Le 4 mars 1924, le député James Shaver Woodsworth* déclara à la Chambre des communes qu’on lui avait dit que « l’influence des entreprises sur les juges était si grande que les travailleurs consid[éraient] le tribunal comme une section d’entreprise ».

Mellish était particulièrement disposé à venir en aide à ses anciens clients. Le 25 juillet 1917, une catastrophe majeure survenue dans une mine de la Dominion Coal à New Waterford avait fait 65 morts. Mellish avait aidé à préparer la défense de la compagnie, accusée d’homicide involontaire, avant de devenir juge. Malgré cette relation passée, il présida le procès de 1918, dans lequel Hector McInnes, son ancien partenaire, plaidait pour la Dominion Coal, et ordonna un verdict de non-culpabilité. En 1922, Mellish aida de nouveau la compagnie, alors affiliée à la British Empire Steel Corporation Limited (Besco), en rejetant les arguments du syndicat en faveur d’une suspension de la décision unilatérale de réduire les salaires dans les mines de charbon du Cap-Breton jusqu’à ce qu’une commission fédérale puisse faire enquête.

La manière dont Mellish mena, en 1923, le procès pour sédition du dirigeant syndical James Bryson McLachlan, défenseur de mineurs et de métallurgistes qui se battaient pour obtenir des conditions de vie et des salaires décents, est tristement célèbre. La Besco avait fait en sorte que soit publiée dans le Morning Chronicle de Halifax (le 6 juillet) une lettre personnelle de McLachlan, dans laquelle il avait exhorté des membres du syndicat à lutter contre le gouvernement du premier ministre Ernest Howard Armstrong*. Le procès de McLachlan eut lieu à Halifax plutôt qu’à Sydney pour que le jury soit plus enclin à le condamner et le procureur général de la province, Walter Joseph Aloysius O’Hearn, dirigeait la poursuite. En décembre, McLachlan fut reconnu coupable de trois chefs d’accusation de sédition. Dans les directives qu’il adressa au jury, le juge fit bien comprendre qu’il n’était pas désintéressé. L’historien Barry Cahill décrirait la façon dont la cause fut traitée comme une « flagrante erreur judiciaire » ; il remettrait en question l’impartialité de Mellish parce que c’était son ancien cabinet d’avocats qui représentait la Besco et que McInnes siégeait au conseil d’administration de la compagnie.

Après avoir été victime d’attaques d’apoplexie pendant plusieurs années, Humphrey Pickard Wolfgang Mellish annonça qu’il prenait sa retraite en avril 1937. Il succomba à une hémorragie cérébrale le 19 juin, le jour même du décès de McInnes. Le Halifax Chronicle porta Mellish aux nues pour avoir mené « l’une des carrières juridiques les plus brillantes et utiles de l’histoire de la province », mais sa partialité en tant que juge dans les conflits de travail survenus en Nouvelle-Écosse entre les deux guerres assombrirait sa réputation de juriste habile.

R. Blake Brown

Mount Allison Univ. Arch. (Sackville, N.-B.), 5501 (R. C. Archibald papers), 6/4.— NSA, MG 100, vol. 188, no 24 (R. H. Graham, « Honourable Humphrey Mellish »).— PARO, St John’s Anglican Church (Milton, Î.-P.-É.), Reg. of baptisms.— « Halifax shocked at loss of two distinguished citizens », Halifax Mail, 19 juin 1937 : 5.— R. B. Brown et S. S. Jones, « A collective biography of the Supreme Court judiciary of Nova Scotia, 1900–2000 », dans The Supreme Court of Nova Scotia, 1754–2004 : from imperial bastion to provincial oracle, Philip Girard et al., édit. (Toronto, 2004), 204–242.— Barry Cahill, « Howe (1835), Dixon (1920) and McLachlan (1923) : comparative perspectives on the legal history of sedition », Univ. of New Brunswick Law Journal (Fredericton), 45 (1996) : 281–307.— Harry Flemming, A century plus : McInnes Cooper and Robertson ([Halifax, 1989]).— Philip Girard, « The Supreme Court of Nova Scotia : confederation to the twenty-first century », dans The Supreme Court of Nova Scotia […], 140–203.— D. A. Kerr, « Another calamity : the litigation », dans Ground zero : a reassessment of the 1917 explosion in Halifax Harbour, Alan Ruffman et C. D. Howell, édit. (Halifax, 1994), 365–375.

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R. Blake Brown, « MELLISH, HUMPHREY PICKARD WOLFGANG », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mellish_humphrey_pickard_wolfgang_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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