McRAE, JOHN C., policier et chef de police, né le 4 mars 1859 dans le comté de Carleton, Haut-Canada, fils d’Alexander McRae, fermier, et d’Ann Conley ; il épousa une dénommée Frizzell, et ils eurent deux fils et deux filles qui lui survécurent ; décédé le 19 juillet 1921 à Winnipeg.
À l’âge de 20 ans, le presbytérien écossais John C. McRae (on ignore quand et pourquoi il ajouta l’initiale entre son prénom et son nom) quitta l’Ontario pour une concession statutaire à Minnedosa. Il ne resta que quelques mois dans cette localité du sud-ouest du Manitoba et s’installa à Winnipeg, où il entra dans la police municipale en 1881. Promu sergent cinq ans plus tard, il devint le troisième constable en chef de Winnipeg en 1887.
Dans une large mesure, ce fut à l’arrestation de quelques criminels notoires que McRae dut son ascension rapide et sa renommée d’officier de police. En 1885, il avait pourchassé le présumé meurtrier Bulldog Kelly jusqu’aux États-Unis avant de lui mettre la main au collet et de le ramener au Manitoba. Deux ans plus tard, en tentant d’incarcérer l’un des plus célèbres voleurs de bétail de la province, Joseph Fant, il fut blessé par balle à l’aine. La poursuite de ce fugitif et le long procès subi par Fant après son arrestation accrurent la réputation de bravoure de McRae. Sa cote grimpa encore lorsque, en 1889, il captura, seul, Martin Burke, un des meurtriers de Patrick Henry Cronin, ce médecin de Chicago dont l’assassinat est resté célèbre grâce à un livre de Henry M. Hunt, The crime of the century. McRae était un personnage imposant, qui ne se faisait pas facilement des amis, mais il jouissait de la considération de la police et de la population en général.
Reconnu à juste titre pour son intégrité, McRae fut néanmoins très critiqué pour son rôle dans le rétablissement d’un quartier réservé à la prostitution à Winnipeg en 1909. À l’issue d’une campagne menée à la fin de 1903 par le révérend Frederic Beal Du Val, la municipalité avait cessé de tolérer l’existence d’un tel quartier. En 1904, la police y avait fait des descentes et l’avait fermé. Cependant, la prostitution continuait d’augmenter et McRae, faute d’effectifs, arrivait d’autant moins à la réprimer qu’elle se répandait dans toute la ville. En 1909, la Winnipeg Police Commission décida de laisser la réglementation des maisons closes à sa discrétion, en acceptant tacitement qu’il rétablirait le quartier réservé dans l’espoir de circonscrire le problème. L’année suivante, dans une série d’articles parus dans des journaux torontois, le révérend John George Shearer, éminent ministre presbytérien et secrétaire national du Moral and Social Reform Council of Canada, déclara que Winnipeg était la capitale nationale du vice et laissa entendre que les autorités policières de la ville étaient corrompues. Une commission d’enquête sur ces accusations, formée à la fin de 1910, disculpa McRae mais conclut que, s’il y avait plus de 50 maisons de prostitution à Winnipeg, c’était parce que le chef de police en acceptait la présence.
McRae démissionna en 1911. Avec une pension annuelle de 2 485 $, dit le Winnipeg Telegram, il était « un homme relativement pauvre ». Peu instruit, il avait travaillé dur pour se perfectionner et pour améliorer le service qu’il avait dirigé durant 24 ans – soit plus longtemps que tout autre chef de police de Winnipeg. L’effectif avait sensiblement augmenté pendant cette période : composé de 13 hommes au moment de l’entrée en fonction de McRae, il en comptait plus de 108 à son départ à la retraite. McRae avait supervisé la construction d’un nouveau quartier général en 1908 et de deux postes en 1911. On lui reconnaît le mérite d’avoir mis en place un régime de retraite, diverses techniques d’enquête, une patrouille de motocyclistes et le premier système nord-américain d’appels d’urgence (composé de 158 téléphones de secours policier).
Deux ans après avoir pris sa retraite, John C. McRae reçut la médaille de Police du roi ; il était l’un des premiers au Canada à recevoir cette décoration décernée pour courage, compétences et mérite exceptionnels. Il reprit du service pour un moment en 1915 à titre de commissaire spécial de la police provinciale pendant l’enquête et les poursuites associées au scandale de la construction de l’édifice du Parlement du Manitoba, dans lequel étaient impliqués, entre autres, le premier ministre de la province, sir Rodmond Palen Roblin*, et le ministre de l’Éducation, George Robson Coldwell. Déjà malade, il mourut chez lui à Winnipeg en 1921, à l’âge de 62 ans. Sa succession valait un peu moins de 64 000 $.
John C. McRae a publié un article intitulé « I remember » dans le Winnipeg Telegram du 25 déc. 1911.
AM, AMLJH, P 1359, dossier A0044 ; ATG 25, dossier 13840.— BAC, RG 6, D1, 359, dossier 114-2-k1-1, part. 2.— Manitoba Free Press, 24 févr., 18 mars 1886, 10–11 janv., 1er févr., 12 nov. 1887, 17 juin 1889, 10 juin 1911, 2 janv. 1913, 19–20, 22 juill. 1921.— Winnipeg Telegram, 10 juin 1911, 20 sept. 1915.— Winnipeg Tribune, 19 juill. 1921.— A. F. J. Artibise, Winnipeg : a social history of urban growth, 1874–1914 (Montréal et Londres, 1975).— Canadian annual rev., 1915.— B. E. Chaffey, « Regina vs. Fant, a tale of fifty years ago », Manitoba Bar News (Winnipeg), 9 (1936–1937) : 327–329, 331s.— Joy Cooper, « Red lights of Winnipeg », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Papers (Winnipeg), 3e sér., no 27 (1970–1971) : 61–74.— Gateway city : documents on the city of Winnipeg, 1873–1913, éd. et introd. par A. F. J. Artibise (Winnipeg, 1979), 207–223.— H. M. Hunt, The crime of the century, or, the assassination of Dr. Patrick Henry Cronin : a complete and authentic history of the greatest of modern conspiracies ([Chicago, 1889]).— Robert Hutchison, A century of service : a history of the Winnipeg police force, 1874–1974 (Winnipeg, 1974).— The Queen c. Cloutier (1898), Manitoba Reports (Winnipeg), 12 (1897–1899) : 183–189.— H. A. Robson, Judge Robson on segregation or toleration of vice [...] the report of the Social Vice Commission, Winnipeg, January 11th, 1911 (Toronto, [1911 ?]).— Jack Templeman, From force to service : a pictorial history of the Winnipeg Police Department : 125th anniversary (Winnipeg, 1998).
Dale Brawn, « McRAE, JOHN C. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcrae_john_c_15F.html.
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